Certaines formations connaissent une explosion immédiate et d’autres un peu plus tardive. Mais, nombreuses sont celles qui ne la connaisse jamais. Malgré des œuvres hautement qualitatives et de nombreuses premières parties de groupes prestigieux comme MASTODON, MISERY INDEX ou PELICAN, AMERICAN HERITAGE n’a jamais pu s’extirper du relatif anonymat de l’underground, la faute sans doute à de moult remaniements de personnel que le combo a pu subir au cours de sa carrière, finissant par se stabiliser autour de Mike Duff (batterie), de Scott Schellhamer (guitare) et de Adam Norden (chant/guitare). Mais le coup de grâce sera porté à AMERICAN HERITAGE avec le départ de ce dernier, à l’issu de l’enregistrement de Prolapse, de nouveau produit par Sandford Parker (MINSK, NACHTMYSTIUM), dont l’artwork très évocateur colle parfaitement avec le titre de l’opus, qui représente donc, le chant de cygne du combo.
AMERICAN HERITAGE s’est forgé une réputation en pratiquant une musique basé sur une mixture mélangeant « hardcore », « noise » et « suldge » et, pour cette dernière offrande, le groupe n’a pas changé son fusil d’épaule. Prolapse s’ouvre avec Eastward cast the entrails qui est introduit par un riff crépitant et lourd au son « baveux », plantant immédiatement un décor malsain et violent. AMERICAN HERITAGE n’est pas là pour enfiler des perles et le fera savoir tout au long de ce disque rageur et hargneux, vomissant sa haine à la face du monde. Ce qui ressort de Prolapse est une grosse puissance dévastatrice, une sorte de « machine à baffe » qui fera voler quelques dents, il suffit d’écouter Anxious bedwetter, Obliviocrity et Mask of lies pour sentir votre dentier se déchausser.
Hormis le morceau d’ouverture d’obédience mid-tempo et le plus aérien mais pesant et « mastodonien » Constant and consuming fear of death and dying, le reste de Prolapse se concentre plus dans une veine « hardcore/punk » alambiqué, doté de gros accords massifs (Mask of lies, Blackbird ou Obliviocrity), soutenu par une rythmique généralement « up-tempo ». AMERICAN HERITAGE en veut à la terre entière et cela s’entend, un sentiment d’urgence émanant également des compostions, appuie encore plus cette impression.
Afin de clôturer cet opus (et sa carrière) en beauté, les américains se sont fendus de trois reprises tonitruantes. Hürtin crüe de DESCENDENTS et Thristy and miserable de BLACK FLAG sont plutôt prévisible mais complètement empreinte de la personnalité de AMERICAN HERITAGE, la palme revient à Bulletproof cupid de GIRLS AGAINST BOYS, plombante à souhait et puant le souffre à plein nez.
Cependant, si nous retirons ces trois covers, Prolapse ne contient plus que six titres, certes de très bonne qualité, mais cela reste très court. Pour un long format, ce disque s’apparentant plus, du coup, à un gros Ep. De plus, l’homogénéité de l’ensemble sera difficilement pénétrable par les moins initiés et, il est fort à parier que ce disque souffrira de la même injustice que ses prédécesseurs en termes de reconnaissance.
Prolapse est un véritable rouleau compresseur qui écrase tout sur son passage. A la fois violent, rageur, hargneux et malsain, cet enregistrement permet à AMERICAN HERITAGE de sortir par la grande porte, mais à l’écoute de ce disque, nous ne pourrons nous empêcher de penser que ce split est un véritable gâchis. Comme le dit l’adage : « Ce sont les meilleurs qui partent les premiers ». Dommage…