Solefald – World Metal. Kosmopolis Sud

Après quatre années de silence, Solefald est d’abord revenu en octobre 2014 avec son EP Norrønasongen. Kosmopolis Nord, pour passer aujourd’hui aux ambiances du sud, l’hémisphère sud, en nous proposant leur nouvel album Metal World. Kosmopolis Sud sur Indie Recordings.

Toujours avant-gardistes et décalés par rapport aux stéréotypes et clichés que l’on a l’habitude de rencontrer dans l’univers musical qu’il affectionne, le duo norvégien Solefald joue ce que ses membres décrivent comme « Radical designer Rock & Roll » et, d’une façon encore plus abstraite du « Red Music with Black Edges », terme technique afin de préciser une musique que l’on peut décrire de post-black metal dont ils ont pris les bases pour en arriver aujourd’hui à une musique qui leur est propre et difficilement classable tant la surprise est grande. C’est simple : à l’écoute de l’album, j’ai cru dans un premier temps que l’on s’était trompé dans la transmission de fichiers afin que je puisse en faire la chronique.
 
Alors quand la tâche est difficile, on invoque les farfelus comme Arcturus, Dodheimsgard, et Fleurety afin de faire bonne figure mais tout de même…

Car là, chers auditeurs et auditrices, vous n’êtes pas au bout de vos surprises car Solefald veut exploser tous les carcans métalliques avec, tout de même sur une base metal (par exemple le côté spartiate rammsteinien de « 2011, or a Knight of the Fail »), mais placée aussi sur des rythmes reggaes ou caribéens (on pense à « Bububu Bad Beuys » et son rythme afro/électro peut être influencé par l’enregistrement en partie de l’album en Tanzanie) mais aussi la présence de rythmes électro/dansefloor comme avec « Le Soleil » (à coup sûr il leur a tapé sur la tête avec un long passage parlé en français d’une voix possédée), et des riffs empruntés bien sûr au black metal, une utilisation incessante de claviers comme avec l’intro de « String the Bow of Sorrow » qui me rappelle l’ambiance que dégageait Agnete Kjølsrud sur le précédent opus, morceau puissant, décapant rapidement la première couche de gras. Et pour la forme une voix à la façon des groupes de rap que l’on entend sur « The Germanic Entity » qui passe par de nombreux genres musicaux assez déconcertant.

Solefald


Pour les paroles, oubliez Lucifer, les pentagrammes, le « 666 », les croix inversées, les forêts et son folklore ainsi que les églises qui brulent pour découvrir des thèmes aussi variés que le consumérisme, la mode et la vie moderne laissant découvrir un certain sens de l’humour de la part de Cornelius Jakhelln au chant, Petter Hallaråker à la guitare (ICS Vortex), Alexander Lebowski Bøe (In Vain en 2013) à la basse et Baard Kolstad (batterie) qui officie aussi dans Borknagar. Les refrains et les voix claires vous rappelleront à son bon souvenir. C’est vrai qu’ils ne sont pas à leur premier coup d’essai puisqu’en 2001 ils nous avaient sorti Pills Against the Ageless Ills, album concept retraçant l’histoire de deux frères, l’un pornographe et l’autre moine. Tout un programme !

Avec « Oslo Melancholy », ça sent la fin, la déprime avec cette guitare saturée sur laquelle s’égrènent des voix dépressives comme dans un film de David Lynch.

Il faut reconnaître que l’approche est beaucoup plus difficile avec World Metal. Kosmopolis Sud qu’avec le précédent album Norrøn Livskunst, et pourtant ce dernier était loin d’être évident pratiquement écrit en vieux norvégien.

Dans ces moments de solidarité et de générosité où les gens différents tentent une complicité en se rassemblant et se rapprochant les uns des autres, Solefald semble avoir réuni ce qui semblait impossible pour ce genre musical, un black metal ethnique. Ils sont irrécupérables mais tellement attachants. Mais surtout ne vous arrêtez pas à la première écoute, insistez, continuez !

Lionel / Born 666

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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