Don't fuck with the truck
Monster Truck a déjà fait ses preuves avec un excellent premier album courant 2013 : Furiosity. La formation canadienne s'est ensuite faite connaître hors de ses terres, écumant les salles de concert en première partie de groupes de taille, à l'instar d’Alice In Chains ou encore Slash. Sans grande surprise, Sittin’ Heavy est dans la droite lignée de leur premier opus. Un son puissant, moderne, mais dégoulinant d'influences très 70's. Avis aux amateurs de riffs gras, de rock velu, de whisky, de vestes à patchs et de hockey, il semblerait que cet album soit taillé sur mesure pour vous.
Sittin' Heavy est un disque délicieusement ancré dans la pure tradition rock'n'roll, et ce, jusque sur la pochette. C'est vrai, quoi de mieux qu'une veste à patchs pour illustrer un bon album hard rock ? Si le recto est plutôt sobre arborant le nom du groupe et le titre de l'album, on retrouve au verso un patch pour chaque morceau.
« Why Are You Not Rocking ? » fait office de mise en bouche bien énervée. Véritable hymne au rock'n'roll, le morceau annonce d'emblée la couleur de ce nouvel opus. « Rock'n'roll might save your life, it might save your life tonight » s'époumone furieusement Jon Harvey sur le refrain, avant d'embrayer sur « Don't Tell Me How To Live », qui ne fait que confirmer l'esprit résolument rock de Sittin' Heavy. Le titre s'appuie sur le riff puissant et affirmé de Jeremy Widerman. Si sur scène Jeremy donne l'impression d'être happé par un torrent d'énergie, cela se ressent également sur album dans ses riffs de guitare, tout en puissance, ainsi que dans ses solos, vifs, aux envolées spectaculaires.
Sittin' Heavy recèle de riffs destructeurs assénés par Jeremy, comme sur « New Soul » qui est un parfait exemple de l'énergie de la formation, avec des choeurs efficaces et un Steve Kiely survolté à la batterie.
Jon ne perd rien de son talent sur ce nouvel album. Sa voix est toujours aussi rugueuse, amenant de belles mélodies bien pensées qui vous donneront à coup sûr quelques frissons. Quant à ses plans de basse, ils sont lourds, savamment exécutés et confèrent un groove du tonnerre à l'ensemble des morceaux.
On reste sur la même longueur d'onde avec « She's A Witch ». Le son du clavier joue à l'unisson avec la guitare. Si les lignes de clavier de Brandon Bliss se font toujours aussi discrètes, elles apportent indéniablement une teinte particulière au groupe, cet aspect « à l'ancienne » qui fait tout le son de Monster Truck.
Si le ton de Sittin' Heavy reste résolument hard rock, Monster Truck s'attèle à offrir un album nuancé, ouvert à différentes influences, différents styles. Des pointes bluesy apparaissent ainsi sur « Black Forest » et « To The Flame », deux titres à l'ambiance plutôt sombre, marquant un changement d'atmosphère complet au cœur de cet album brut de décoffrage. Là encore, la voix de Jon est mise en valeur et nous remue les tripes, parvenant à délivrer avec justesse les bonnes intentions.
Dans un esprit plus léger, « For The People » est un titre bourré d'ondes positives, appuyé par un riff et des choeurs quasi country. On ressent d'emblée une vive influence de rock sudiste, ancrée dans les veines du quatuor canadien depuis leurs premiers EPs. C'est au clavier de lancer en solo « Things Get Better », un morceau nuancé tantôt dansant, tantôt hargneux. Le refrain est typiquement fait pour être repris en live a cappella par un public tapant dans ses mains (En rythme. Une expérience souvent complexe.)
Le titre le plus rentre-dedans de l'album est « The Enforcer », que le groupe a voulu à l'image de son sport préféré : le hockey. On imagine aisément ce morceau et ses « hooo-ho-hoo-hooo-ho-hoo » scandés avant un match. D'ailleurs, le riff semble tout arracher sur son passage et les refrains nous donnent l'impression d'être lancés à toute allure sur des patins. Seul « Enjoy The Time » et ses accents mélancoliques détonne un peu, mais a le mérite de clore cet excellent album d'une façon inattendue.
Pour résumer, Sittin' Heavy te fera sensiblement le même effet qu'un bon coup de pied au cul. Si le groupe ne réinvente pas le genre, il a néanmoins le mérite de nous présenter un album de grande qualité, qu'il serait bien difficile de bouder.
Comme vient nous le confirmer cette dernière galette, en peu de temps, Monster Truck est parvenu à se créer une identité propre. Les Canadiens nous offrent une nouvelle fois un lot de compositions léchées, à la fois hargneuses et mélodiques, tout en conservant un savoir faire « maison », à l'ancienne.