Tout doucement, mais sûrement, on voit l’ascension d’Inquisition dans notre pays et dans le monde entier, le groupe passant de l’underground à une reconnaissance non négligeable de la part du milieu black metal. Bien sûr, leur notoriété s’est faite au travers de leurs concerts qui prennent une autre dimension par la présence de seulement deux mecs sur scène, mais aussi par des disques de mieux en mieux produits. Une signature chez Season of Mist permet au groupe de se retrouver sur de nombreux festivals ainsi que sur des premières parties en ouverture de groupe d’envergure sur notre territoire.
Pour commencer ce nouvel album, « Intro: The Force Before Darkness » est inquiétante. Une voix lente démarre et on a l’impression qu’elle est traitée au ralenti, ponctuée de trois coups de batterie de temps en temps.
Mais quand ça commence, ça déboule à vive allure. La voix de Dagon, toujours proche de celle d’Abbath, déroule sa litanie pendant que ses riffs malmènent la cavalcade sur « From Chaos They Came ». Incubus n’en fait jamais trop, est toujours audible et reste au diapason, ses rythmiques structurent et consolident le morceau, c'est diablement efficace.
Sur l’album, on a aussi notre dose de titres plus épais, et encore plus lourds. Ici, on parle de mythologie sumérienne (lire ici l’interview de Dagon) avec des riffs tournant dans les oreilles, des ritournelles hypnotisantes avec « Wings Of Anu », où la voix glaireuse charrie du gravier gluant. Sans oublier « A Black Aeon Shall Cleanse », au rythme lent suivi de nombreux changement de riffs. On subit aussi la frappe spartiate sans concession sur « Through The Divine Spirit Of Satan A Glorious Universe Is Known », qui se transforme et s’accélère avec toujours cette manière de faire résonner de jolies mélodies sous des riffs bucherons, et un passage acoustique très agréable sur la fin.
Même à deux, les musiciens arrivent à varier les ambiances et les tempos. Seule la voix reste un peu trop souvent sur le même registre (« Vortex From The Celestial Flying Throne Of Storms »). Il en est de même sur « Mystical Blood » où le guitariste laisse trainer les notes.
A n’en pas douter « The Flames Of Infinite Blackness Before Creation » est un morceau prenant, peut-être le meilleur, doté d’une entame grandiloquente où les mots sont à peine audibles, avec un phrasé très lent.
Quand au titre éponyme, il est très ou trop proche d’Immortal (il en sera de même sur le break vocal qui reste dans le ton des Norvégiens sur « A Magnificent Crypt Of Stars »), bien que l’on reçoive en pleine tronche un mur de son dès l’entame majestueuse du morceau. L’Américano-colombien est une usine à riffs à lui tout seul, jouant sur les dissonances toujours à propos. « Bloodshed Across The Empyrean Altar Beyond The Celestial Zenith » est un titre instrumental avec seulement un gros son de voix déformée en fond sonore.
Avec « Power From The Center Of The Cosmic Black Spiral » on se délecte des riffs en écho qui se répondent et des grognement de Dagon martelés par des coups de boutoir d’Incubus.
Telles les pauvres brebis égarées que l’on entend sur « Outro: The Invocation Of The Absolute, The All, The Satan » on ne sort pas indemne d’une oeuvre complète et travaillée jusqu’aux dernières secondes.
Lionel / Born 666
Photographies : © Lionel / Born 666 Hellfest 2016
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