2010 est décidément une année où le stoner se porte comme un charme ! Après les excellents opus des combo suédois de Grand Magus et Spiritual Beggars, c'est maintenant à une formation norvégienne que nous allons nous intéresser aujourd'hui. Son nom : Sahg. Son album ? « III », parut fin Août sur Indie Recordings. Comme le dit le célèbre dicton : jamais deux sans trois. Après deux opus de stoner grandioses, pourquoi pas un troisième cette-année ? Ce brûlot des norvégiens va-t-il se classer dans les incontournables de cette année ? Verdict …
Et bien ce n'est pas cet album qui ferait démentir ce dicton ! Tel un tourbillon, les ambiances vont se succéder au fil des composition pour apporter à l'auditeur moult variétés de plaisir, telle une soirée au coin d'un feu flamboyant en hiver. Que les morceaux nous rappellent Black Sabbath dans sa période plus doom, à la manière de « Mother's Revenge », ou au contraire lors de son tournant plus heavy avec la génération Dio, à l'instar du titre « Denier », qu'ils prennent un tournant rock comme « Mortify », une évocation au combo Audrey Horne (« Hollow Mountain ») ou soient plus rapides et enjoués, tel « Downward Spiral », le plaisir de l'écoute est toujours le même.
Notre formation à su travailler ses pièces comme de véritables pierres précieuses, étudiées très finement pour en garantir le résultat d'une longue gestation. Les refrains possèdent véritablement quelque chose de marquant, et si la formation use de morceaux pouvant évoquer les illustres britanniques (cités ci-dessus), nos scandinaves ne sont pas nés de la dernière pluie et ont su trouver ce qu'il faut pour se démarquer de leur influence. Les solos de guitare, démonstration évidente de la virtuosité des norvégiens, ne sont jamais placés en retrait, ni ne tirent en longueur. Ils sont présents, judicieusement placés pour contribuer à la mise en place d'un côté mélodique et technique (comme sur « Mortify »), nous gratifiant d'un talent respectable. Vous voulez du refrain ? Avec « Baptism of Fire », tube en puissance de la galette, vous serez servis. Lignes de chant facilement mémorisable sur un morceau de hard rock stoner un poil rock 'n' roll, très énergique, l'adhésion est directe, tant le morceau est plaisant. « Mortify » n'est pas en reste non plus, l'une des pierres angulaires de cet album, flirtant vers le rock, celui qui fait rêver. L'introduction à la guitare acoustique de « Mother's Revenge » apporte sa petite touche de fraicheur et de charme, sur ce morceau à l'allure de ballade énergique. Et malgré tant d'énergie, il se dégage de ce disque une palpable mélancolie, qui ne nous quitte pas une fois l'album lancé. Mais pas ce sentiment de profonde tristesse et de grande dépression, plutôt une certaine nostalgie (réminiscence de la grande époque du stoner ?).
Point important à souligner, l'impeccable production de ce brûlot. Chaque instrument est à sa place, chaque sonorité se distingue, même la basse qui se fait parfois discrète ces temps-ci, et les vocaux, eux, sont agréablement placés. Pas vraiment mis en avant, ni trop en retrait, ils sont surtout là pour accompagner la musique, la guider.
D'ailleurs, lorsque l'on parle du chant, Olav Iversen est ce que l'on peut appeler un homme qui a du talent. Son organe, il sait l'utiliser, la technique étant présente de bout en bout et ses envolées dans la stratosphère sont justes et utilisées avec précaution et au bon moment. Et ce timbre, légèrement rauque, un poil aigu, colle parfaitement à la musique et se révèle délectable, forgeant une identité à la formation.
Ce « III », Sahg a réussi à en faire un produit brillant et dont l'intensité se dénote à chaque accord. Beau, triste et enjoué à la fois, c'est ce que l'on peut appeler un stoner de grande classe. Il faut croire que la Scandinavie prend plaisir à nous livrer des talents dans cette branche musicale, car maintenant, la trinité se complète. L'écoute de ce nouvel album est conseillée, ne serait-ce que pour la sublime « Baptism of Fire ». Alors fermez les yeux et laissez-vous emporter.
Note finale : 9/10