Krux s'envole au firmament
Après l’annonce de la séparation de Candlemass (prévue pour 2012), le bassiste Leif Edling montre qu’il ne compte pas prendre sa retraite. Son projet parallèle, Krux, avec notamment Mats Levén (ex-Malmsteen, ex-Therion…) au chant, fait de nouveau parler de lui avec He Who Sleeps Amongst the Stars, sorti fin 2011 chez GMR. Cette fois-ci, le groupe s’éloigne un peu du doom habituel pour aller chasser sur les terres du prog des années 70, genre bien en vogue en ce moment. Une réussite made in Sweden.
Exit le crâne des deux premiers albums, place maintenant à un énigmatique visage sur une pochette un brin psychédélique. C’est là le premier contact que Krux offre à son auditeur pour son dernier album, He Who Sleeps Amongst The Stars. Un changement graphique qui va de paire avec un changement sonore. En effet, Leif Edling s’est permis de rendre sa musique plus progressive et d’y inclure ça et là des ambiances plus aériennes. Si l’aspect doom reste présent, il n’est plus seul désormais.
Pour son troisième album, Krux a décidé de varier les plaisirs. On a du pur heavy metal des familles avec “He Who Sleeps Amongst The Stars” et sa rythmique galopante que n’aurait pas renié Iron Maiden, du progressif sur “Prince Azaar and The Invisible Pagoda” et évidemment du bon gros doom sur les pachydermiques “The Hades Assembly” et “A Place Of Crows”.
L’aspect varié des sept titres de l’album ne l’empêche pas d’être cohérent. Une atmosphère sombre et macabre traverse tout le disque. L’auditeur est malgré tout attiré par cette noirceur cauchemardesque, séduit par les riffs de Fredrik Akesson (Opeth, ex-Arch Enemy) et Jorgen Sandström (ex-Grave, ex-Entombed). Cette lourdeur rythmique, soutenue par le boss Leif Edling et le bûcheron Peter Stjërvind (ex-Entombed), est plus implacable que jamais, et ne laisse pas de répit.
En plus des riffs macabres, Krux a eu la bonne idée d’habiller sa musique avec des claviers proches d’un melotron, qui donnent un aspect 70’s irrésistible au tout. Carl Westholm (Jupiter Society) ne se met que très rarement en avant. En revanche, il ne se tait jamais, et donne un cachet encore plus mystérieux aux morceaux avec ses nappes toujours inspirées. Krux a donc réussi à gérer l’aspect retro sans se laisser envahir et perdre son identité.
Et l’identité de Krux, c’est aussi Mats Levén. Chanteur qui a su transcender nombre de projets (Yngwie Malmsteen, Therion, Amaseffer) avec son timbre unique, il n’a rien perdu de sa superbe. Tantôt conteur, tantôt inquiétant, ses interprétations des paroles sont sans faille et se prêtent parfaitement à la musique séduisante et mystérieuse de l'album. Son apport mélodique est capital et permet de multiplier les points d’accroche des titres, avec des refrains à reprendre en chœur comme "Small Deadly Curses" ou "The Death Farm".
Sortie de manière très discrète, voire confidentielle, cette dernière offrande de Krux a pourtant tout pour séduire, avec une production de Nico Elgstrand qui permet de faire ressortir le côté organique de l’ensemble. Dans ce quasi all-star band, chacun se fait plaisir sans en faire des tonnes, et ne cesse de servir le propos donné par les compos. De fait, les solos de Frederik Akesson sont toujours justes et concis.
He Who Sleeps Amongst The Stars fait voyager. Sombre et attirant à la fois il saura séduire ceux qui oseront y goûter.