Il arrive parfois que des artistes se retrouvent momentanément en état de léthargie artistique. David Vincent et Pete Sandoval n'échappent pas à la règle. Après nous avoir servi un album plutôt médiocre pour du Morbid Angel l'année précédente, leur projet de longue date, nommé Terrorizer, semble aussi souffrir de ce triste constat. Avec la sortie de Hordes of Zombies chez Season of Mist, l'on aurait pu s'attendre à une belle perle de ce combo mythique, une volonté de se faire pardonner l'album Illud Divinum Insanus surtout que Terrorizer, pionnier de Death/Grind extrême dans la plus pure tradition, est une des formations du genre les plus réputées.
Néanmoins, à l'écoute des 16 morceaux de l'album (on vous rassure, certains étaient composés d'avance dans le cadre de la démo du même nom de 2009), il s'avère que les deux protagonistes ont totalement laissé de côté certains aspects fondamentaux du genre l'authenticité, la crasse ou l'underground que Terrorizer a toujours cultivé et qu'il semble avoir désormais négligé au profit d'une galette lissée et modernisée jusqu'à provoquer un ennui inéluctable.
Après une intro assez cliché laissant suggérer une invasion de zombies, l'album délivre pourtant d'emblée un son puissant, au service de la batterie et de la voix surpuissante et sombre de Anthony Rezhawk. Blasts poussés à l'extrême sur certains morceaux, pickings de guitare très intéressants, au détriment de soli nettement moins attrayants, d'une basse (un poil trop ?) omniprésente... c'est cependant le travail de composition qui est totalement délaissé. On a, en effet, le sentiment d'assister à la répétition inlassable de 16 titres identiques et sans originalité aucune ni inspiration. Malgré les changements de rythme, la galette devient vite lassante et redondante. Dépourvu d'envie, ce disque nous laisse vide de toute réaction. Impossible pour le coup de faire ressortir un morceau parmi d'autres, tant est si bien qu'à certains instants on ne sait plus quand un chanson se termine ou une autre débute. Ressortons à la rigueur l'enflammé morceau "Hordes of Zombie" ou l'efficace, pris à part, "Radiation Syndrome"... mais difficile de s'enthousiasmer, réécouter l'album devenant très vite un exercice bien peu agréable.
Vous l'aurez compris, on est loin de la qualité et de l'authenticité d'un World Downfall qui a fait l'Histoire du Grind. Si l'inspiration n'est pas au rendez-vous cette fois-ci, il reste à espérer que ce passage à vide artistique ne sera que momentané. D'autant plus que, malgré tout, ces morceaux devraient satisfaire les puristes en live, il n'y aura guère qu'en lâchant le headbang ou autres pogos qu'ils trouveront véritablement leur intérêt.
Katarz