Une prémonition désigne le sentiment de savoir ce qui va arriver dans le futur. Certaines personnes, victimes de ce phénomène, peuvent anticiper les situations… d’autres non.
Tout au long de Woods 5 Grey Skies & Electric Light, David Gold nous explique « I never had a taste for life » sur « Travelling Alone »; nous raconte « I woke up for years without you, to realize it was already over, for me » sur « Alternate Ending » et sur le plus que cinglant « Lightning & Snow » il chante « I only had one life to live, and life said no. ».
Quand on connait les circonstances de sa mort, on est refroidit en écoutant « Back on the highway, under the moon, my final moments, still wondering about you... » sur « Alternative Ending » avec lequel on termine l’album sur des notes de piano émouvantes à en pleurer.
David Gold, le fondateur du groupe canadien Woods of Ypres est décédé le jeudi 22 décembre 2011 dans un accident de voiture dans l'Ontario, il avait tout juste 31 ans. C’est vrai que lorsqu’on fait dans le Doom / Goth on ne va pas parler des petits oiseaux qui gazouillent au printemps où d’une folle nuit d’amour dans les bras de groupies lors de tournées marathons en Californie, mais tout de même…
Fort de 4 albums en 9 ans de carrière, le groupe a donc sorti son 5ème opus posthume (chez Earache Records) Woods 5: Grey Skies & Electric Light dans une ambiance bien triste et pesante.
Comme épitaphe on peut porter le titre « Silver » sur un piédestal où l’on se laisse emporter par l’émotion à fleur de peau jusqu’à un désespoir profond et irréversible. La voix est gonflée d’une profondeur de tristesse insurmontable. La ligne mélodique est poignante jouant sur un ton de voix grave mais avec parfois des montées lyriques appropriées.
On n’est pas ici sans penser au regretté Peter Steele (quel parallèle tout de même) tant les performances vocales sont parfois proches (« Lightning & Snow » ou le punchy « Career Suicide (Is Not Real Suicide) ») ou à un Paradise Lost avec des riffs comme ceux de « Keeper of the Ledger » où la voix de David flirte avec les growls.
Un reproche que l’on peut faire c’est la monotonie des rythmes qui restent tout de même tous dans le même esprit avec parfois des touches de violons (le long et complexe « Kiss My Ashes (Goodbye) », ou « Adora Vivos ») qui n’est pas sans nous évoquer un My Dying Bride.
L’album est mélancolique et poignant du début jusqu’à la fin. Bien sûr les circonstances font que l’on vit (l’on meurt ?) difficilement et profondément l’écoute de cet album testament. Le disque survivra à sa mort comme le dit le titre « Death Is Not An Exit » en nous lâchant un « Kiss My Ashes (Goodbye) » comme seul et unique adieu…
Lionel / Born 666