The Sword – Apocryphon


"Sword tes cryph'..."

La dernière fois qu'on avait vu The Sword croiser le fer, ils allaient très bien, merci... C'était en 2010 et le groupe venait de sortir son troisième album, Warp Riders, qui marquait encore un pas en avant vers les plus hautes sphères (même s'il n'avait alors pas enchanté notre chroniqueur SanguineSky...) pour ce combo de heavy-doom/stoner ricain influencé entre autres par le Black Sabbath d'Ozzy Osbourne. L'Epée avait alors simplifié un peu le propos par rapport au ‘doomy’ et tortueux Gods of the Earth, la lame s'était faite pour l’occasion plus foncièrement 'hard' et aiguisée dans le 'classic', voire le 'Southern' rock, ce au service d'un concept-album tournant autour d'un thème de science-fiction de leur cru, pour un résultat des plus affûtés ! Ils allaient par la suite affronter leur premier changement de personnel (le groupe n'existe "que" depuis 2003...), avec le départ du batteur Trivett Wingo, remplacé depuis en tant que membre permanent par Jimmy Vela. Mais le combo d'Austin avait malgré tout poursuivi son petit bonhomme de chemin et annoncé que ce nouvel album, Apocryphon (sorti chez Napalm Records fin octobre), serait comme un nouveau départ et surtout sans prise de tête aucune… Ce qui s'entend bien au final, cela ne fait pas l'ombre d'un doute, et rien ne saurait nous faire plus plaisir !

 

The Sword band pic 2012, review

Ceux qui les connaissent déjà savent que The Sword, ça a toujours été ce groupe avec des riffs bien ‘cool’ (cet album ne déroge d’ailleurs pas à la règle) et derrière le micro un des meilleurs imitateurs d’Ozzy du circuit!... Mais contrairement à la majorité de leurs congénères, on ne peut pas comparer simplement nos Ricains à un énième clone de Sabbath… Leurs goûts et leur style s’étendent bien au-delà, à tel point qu’on ne doit pas s’étonner de tomber parfois sur des gimmicks mélodiques bien ‘heavy’ traditionnel qui nous renverraient presque à la NWOBHM, voire à des résurgences d’un thrash en version ‘stonée’ et ralentie… Pas pour rien que la formation d’Austin a ainsi été remarquée par un certain Metallica dont vous devez avoir déjà entendu parler, qu’ils citent d’ailleurs comme une autre de leurs influences.


Ce qu’on aime aussi chez The Sword, c’est que les albums se suivent mais ne se ressemblent pas forcément pour autant… Ici, nos amis se sont éloignés encore un peu plus du maître-étalon Gods of the Earth (l’album de la percée en 2008), tout de ‘stoner/doom’ ronronnant et riffu, ainsi que des longs passages instrumentaux et très visuels comme on en retrouve également chez les compatriotes Karma to Burn, et qui apparaissaient encore ponctuellement sur Warp Riders. Si la parenté avec ce dernier opus reste sensible (avec une musique un peu plus compacte et « abordable » que naguère...), on peut penser que l’approche est aujourd’hui d’autant plus décontractée et nonchalante, moins conquérante, surtout si l’on se rappelle du lourdissime et épique Age of Winters (grandiose!) par lequel tout avait commencé… Leur jeu tout au long de ce Apocryphon serait donc davantage ‘stoner rock’ et relâché que sur son plus ‘heavy’ et nerveux prédécesseur. Ici, zéro prise de tête ou de bec, on a dit, et ça sent la 'jam' "sous influence" à pleines narines !

A ce titre, les deux premiers morceaux de cette galette, "Veil of Isis" et "Cloak of Feathers" (pas d’instru en ouverture cette fois!) sonneraient presque comme un bon vieux ‘garage band’ fumé récitant les leçons apprises chez le Sabbath période Master of Reality/Volume 4, dans une démarche sans trop de fioritures, pas si éloignée de celle d’un Sheavy par exemple. Les quatre Ricains savent toutefois aller plus loin encore dans le psychédélique avec cette ‘transe’ hallucinatoire et hallucinante qu’est "Execrator", morceau brûlant qui verrait une hippie des temps modernes se dandiner au rythme de sa défonce, sur fond de bruitages façon ‘bad trip à l’acide’ que n'aurait pas renié un Hawkwind en son temps ! Le pont de "Seven Sisters", lui, s’apparenterait plutôt à la retranscription sonore d'une séance de pipe à eau, doucement avachis sur un canapé…
Mais le groupe sait aussi émerger des vapeurs et faire parler la poudre, à l’image de ce "Hawks and Serpents" qui n’aurait pas dépareillé sur le précédent album, avec un titre pour le coup très ‘hard-rock’ mais également très sensuel et affichant un phrasé tout en revendication, évoquant un peu les 'dandy-agitateurs' des 60’s pour le coup… Peut-être pas un hasard puisque, de l’aveu même du chanteur et parolier J.D. Cronise, les sujets abordés sont cette fois plus terre-à-terre, ont davantage trait aux tracas de la vie de tous les jours (on se rappelle qu’auparavant leur écriture était davantage métaphorique, et qu’avant de verser dans la science-fiction le groupe avait également trempé dans la mythologie sur leur premier essai). D’ailleurs, dans l’approche et le phrasé, même un "Cloak of Feathers" dont nous vous parlions plus haut se rapprocherait finalement pas mal du rock outrancier et contestataire des pionniers sur les couplets, et tout autant d’un Led Zeppelin que d’un Sabbath dans son ensemble.

 

Quant au changement de batteur qu'a essuyé le groupe, il s'est fait sans heurts, et on ne peut que se remémorer les paroles d'Ozzy Osbourne pour évoquer le jeu de Bill Ward, disant de lui qu'il avait davantage les caractéristiques d'un "percussionniste" et que ça convenait à merveille au 'trip' de Sabbath à l'époque. Rien à rajouter, si ce n'est qu'on est peu ou prou dans le même esprit (écoutez notamment ces roulements qui coulent tout seuls!), même si Vela muscle aussi un peu sa frappe, notamment lors de la toute dernière ligne droite.

Si tout l'album s'écoute donc d'un seul bloc sans réel temps mort, le morceau de bravoure restera effectivement ce "Apocryphon" éponyme final que l'on vous laisse découvrir, avec son improbable intro à base de bruitages qu'on croirait tout droit sortis d'un vieux jeu de console Atari, suivie d’attaques de riffs des plus denses et rehaussés d’effets synthétiques (très proches des sons de synthés de Black Sab' en fin de carrière avec Osbourne, pour faire encore les mêmes comparaisons), qui viendront hanter durablement l’auditeur que vous êtes, abasourdi que vous serez alors...  Killer!!!!!!

Tout ça pour vous dire que si jusque-là vous avez toujours vécu par The Sword (si je puis me permettre cet anglicisme 'francisé'…), j'ai le plaisir de vous annoncer que vous allez pouvoir continuer car il n'est pas encore venu l'heure de leur dire « Bye-bye The Sword » ! (pas même avec la voix d'un Tom Araya...)  Et c'est aussi bien comme ça, car nous, voyez-vous, on en redemande !

LeBoucherSlave

8/10

The Sword promo band pic 2012

 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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