Nidingr – Greatest of Deceivers

On pourrait croire que NIDINGR aime prendre son temps, en effet en 20 ans d'existence il n'y a eu que 2 démos et il s'agit du troisième album (les 2 autres datant respectivement de 2005 et 2010), pourtant il suffit d'insérer la galette pour s'en prendre plein la face, d'un coup d'un seul.

Le monstre créé par Teloch guitariste/bassiste d'une tripotée de groupes norvégiens dont Mayhem, Thorns, Orcustus ou encore 1349, ressurgit enfin pour nous abreuver de ses compositions si particulières. Il est accompagné pour cela de Blargh, guitariste de DHG, d'Oyvind Myrvoll à la batterie reprenant brillamment le flambeau alors tenu par Hellhammer et surtout de Capt Estralla Grasa qui, grâce à sa voix si particulière, entre le black hurlé, le punk cradingue à la discharge et le death old school donne une saveur bien spécifique à ce bain acide.

Il est assez difficile de décrire l'apocalypse tant elle peut revêtir des formes et diverses et variées. Ici point d'intros grandiloquentes, point de synthés infantilisant mais juste la vision d'un monde urbain en pleine décrépitude qui se repaît de symboles occultes. A chaque instant, les morceaux de chairs putrides sont balancés à grande vitesse sur des riffs non pas inspirés par la grande tradition du genre mais de façon sordide tout en nous imprégnant de mélodies abruptes. Ces riffs violents que l'on pourrait retrouver dans 1 Trelldom  mais tourné d'une façon moderne et hypnotique à la Dodheimsgard ou encore Thorns.

Pour se faire plus insidieuse, la violence est souvent entrecoupée de breaks rampants façon Red Harvest ou plus atmosphériques à la Ved Buens End. Ils installent un climat gelé toujours accompagné de cette voix si irréelle.

L'album s'avale d'une traite mais comme toute substance jouissive et perfide, elle s'apprivoise au fil des écoutes. Pour moi, le sommet de l'album se situe au 2 tiers avec le titre le plus long : "the worm is crowned". Le black se fait toujours possédé, assez groovy, accompagné d'une voix tirant bien vers le death, les riffs techno metal (au sens noble du terme) rendant imparable l'ensemble....mais quelle est l'issue ? un superbe final arcturussien sans synthé avec Garm d'Ulver au chant, il est vrai que les 3 derniers morceaux supportent alors moins bien la comparaison.

Au final, un black metal matiné de Death le tout se faisant brutal et mélodique qui entre d'autres temps et autres moeurs aurait pu faire penser à des Coroner ou Voivod de l'extrême.

Si par le passé le groupe appliquait déjà ces recettes, il les applique désormais en grand, puisque si l' album précédent ne faisait que 22 minutes, il nous offre ici le double de dépravation sonore. De plus, pour rendre la chose plus accaparante, Teloch a eu la bonne idée de signer une production bien organique et à l'ancienne ( oh ! miracle ! on entend la basse) en allant mettre en forme lui même l'objet de nos désastres aux studios crystal canyon d'Oslo (entre autre Ulver) et en le faisant mixer par Anders Moller plus tourné vers le hard rock/punk avec des groupes comme Turbonegro.

Pour laisser transparaître les lyrics dès le premier coup d'oeil, la cover se veut superbement occulte et moderne et les références de son créateur, Metastazis, ne sont plus à présenter : Watain, Morbid Angel...

Si la carrière du groupe a eu du mal à prendre son envol, la signature avec Indie Records ne peut faire que du mal aux masses inertes qui devront cette fois subir la propagation du monstre. Donc, écoute bien, si ton esprit est à la recherche d'un mal bien différent prêt à accepter une voix qui l'est tout autant, plonge dans les bras de NIDINGR. Ils affirment que dieu est le plus grand des imposteurs, ils font bien de s'y opposer car eux n'ont rien d'usurpateur....une des baffes de cette année 2012.

 

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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