Les photos promos (et le nom) le confirment. Les musiciens de Fen sont inspirés par la région dans laquelle ils vivent en Angleterre, celle des Fens. Leurs regards perdus au milieu de la forêt cherchant une réponse aux mystères autours des marais et des zones humides de leur terre natale.
Ici, l’auditeur sera bercé dans un Black Metal Atmosphérique relativement calme si ce n’est pendant certains titres comme le premier ou pendant des breaks qui nous montrent le potentiel d’attaque en blast du groupe. L’album est long, plus d’une heure et c’est souvent ce que l’on retrouve lorsqu’on écoute ce genre de musique.
Ils jouent dans un registre proche de celui d'un Agalloch, ils avaient d'ailleurs ouvert pour les américains et Velnias sur certaines dates en 2012 (et remettent ça cette année). Après un deuxième album que l’on voulait rapidement oublier, il nous tardait de retrouver les musiciens tout droit sortis de leur marrais les pieds encore humides.
Alors pour tester ce nouvel album en ce début d’année froid et blanc, j’ai décidé de me lancer dans un jogging dans une forêt enneigée sur les traces des animaux cherchant un bout d’herbe qui pointerait son nez au travers d’un tapis immaculé. Ça tombe bien, l’album dure plus d’une heure. C’est exactement le temps qu’il me faut pour faire mon tour. Allez hop, basket, bas de jogging, T-shirt, et polaire. En route pour une réflexion musicale et peser le côté atmosphérique du groupe pas à pas laissant mes traces dans un brouillard épais…
Les titres sont longs entre 7 et 11 minutes sauf l’instrumental « Reflections » qui elle ne dure que 1 :49. Et pourtant le disque commence sur les chapeaux de roue, point d’atmosphère au début de « Consequence », la batterie se défoule, ça part dans tout les sens, violence, blast, hurlement, voix écorchée, gueulement BM à tout va. Mais rapidement 2, 3 arpèges s’invitent dans la valse pour atténuer le propos afin d’apaiser l’ambiance. Le rythme ralentit pour s’apaiser. Il en est de même avec « Wolf Sun », mais qui est vite rattrapé par des chœurs et des voix claires avec un excellent riff au milieu du morceau qui fait chavirer le tympan de gauche à droite.
Légèreté et douceur nous prennent par la « main » pour un long voyage avec « Hands of Dust ». C’est du Fen, du grand art. Contemplatif, calme et introspectif où la voix égrène des mots qui sortent difficilement. Ce titre est minéral, me faisant aussi penser à de grands morceaux de Russian Circles ou de The Evpatoria Report mais en plus Païen dans le sens proche de la nature. La voix s’écorche, éraillée comme un caillou dans une rivière. Mais Fen sait faire monter l’intensité dans les morceaux. Soudain il décolle, s’envole vers des moments plus violents, plus terre à terre.
Venom avait inventé le « Black Metal », Fen invente de son côté le « Black Sound » tout en finesse et en doigté. Calme, apaisant on en est totalement téléporté dans cette ambiance lourde et possédée avec un bon mid-tempo.
L’intro Floydienne de « Spectre » est planante à souhait mais les voix claires manquent de conviction et surtout de justesse. Les guitares réglées comme du Gilmour font vibrer la corde sensible d’un Floyd survolant le château de Chantilly.
On conclut par une belle approche musicale qui n’est pas sans nous faire penser aux parisiens d’Utopium qui nous avait concocté un très bel album No Memory Man en 2006 mais avec une couleur plus sombre, plus profonde totalement noirci par la glace.
Il y a un 8ème titre bonus avec « Epilogue » qui vous permet de refermer délicatement la porte musicale d’un moment relaxent où les musiciens vous proposent un résumé de leur savoir-faire.
Mes traces dans la neige auront suivi celles du marcheur dans la poussière…
Lionel / Born 666