Revocation : la technique accessible
Cet été, un groupe de death/thrash technique qui monte a sorti un nouvel album qui a fait un certain bruit dans le monde du metal. A la lisière de l’extrême, Revocation, groupe américain, a ainsi sorti son album sans titre, en mélangeant habilement thrash metal, death metal et d’autres influences bien digérées. Si l’œuvre finale est imparfaite, elle a de quoi plaire de par bien des aspects, grâce à certaines compos bien ficelées et un travail instrumental poussé.
Revocation, actif sous ce nom depuis 2006, est sur un petit nuage depuis le succès critique qu’emporte son dernier album en date, Revocation, sorti au mois d’août. Le quatuor américain, fièrement mené par le guitariste chanteur Dave Davidson, navigue quelque dans la partie accessible du metal extrême, avec un aspect technique poussé qui peut repousser monsieur tout-le-monde, mais des éléments thrash qui mettent la puce à l’oreille au metalleux lambda.
En effet, Revocation saupoudre ses compos d’éléments accrocheurs, comme un riff massif accrocheur sur "Fracked", un refrain légèrement groovy sur "Archfriend" ou un break surprenant au banjo sur "Invidious". Ces éléments facilite l’entrée dans des compositions souvent bien écrites. On retiendra ainsi la riche "The Gift You Gave", qui peut sembler fourre-tout mais reste cohérente, "Fracked" et sa construction efficace ou encore "Entombed By Wealth" et son beau travail sur les guitares.
En effet, la paire Davidson/Gargiulo fait des merveilles. Les deux guitaristes se complètent parfaitement dans des parties rythmiques aux riffs souvent réussis mais pas toujours évidents pour l’auditeur ("The Hive", "AVisitation") mais bien exécutés. Les autres musiciens ne sont pas en reste, avec le batteur massif et véloce Phil Dubois-Coyne qui marche main dans la main avec Brett Banberger, bien que celui-ci se permette quelques fantaisies parfois, comme un lead sympathique dans "The Hive".
Les solos sont aussi intéressants, avec l’évocation de certains de leurs grands prédécesseurs, comme Michael Ammot époque Carcass ("Fracked") ou Chuck Schuldiner (Death) en fin de carrière ("The Gift You Gave", dont l'intro peut rappeler "Bite The Pain" sur "The Sound Of Perseverence"), sans jamais les copier. On remarquera que les solos sont aussi variés, avec des harmonies intéressantes ("Scattering The Flock"), des dissonances Slayeriennes bien senties ("Numbing Agents") et même de l’acoustique bien placée sur "Archfriend".
De plus, on dénote certains éléments originaux que le groupe distille dans son death/thrash technique, comme une influence metalcore dans le solo de "The Gift You Gave", un refrain hardcore à grands renforts de gang vocal dans Invidious et quelques influences heavy metal ça et là dans les solos.
Côté son, tout est clair, mais un peu clinique et froid. Si ce choix est assez courant dans le genre, il a tendance à aplanir l’ensemble et ainsi à retirer aux compos une énergie qui pourrait être retrouvée sur scène. A force de vouloir être trop propre, on peut finir par perdre de sa fougue. Cet aspect froid se retrouve aussi dans certaines compos qui manquent malheureusement de finition, comme l’instrumental "Spastic", sorte de fourre-tout d’idées qui fait longuet, ou le final un peu banal qu’est "AVisitation".
Malgré ces quelques ombres au tableau, Revocation réussit le pari de rendre le death technique moderne accessible en y incluant une bonne dose de thrash et quelques éléments extérieurs bienvenus. Reste maintenant à savoir si le groupe réussira à impressionner en live. Réponse le 19 septembre à l’Empreinte de Savigny-Le-Temple (91).