Black Messiah – Heimweh

Il y a des groupes qui vivent une sorte de renaissance après quelques albums.

Les allemands de Black Messiah semblent en faire partie. En effet, un an et demi à peine après The Final Journey, voilà que le groupe sort un nouvel album quasi inattendu.

Il y a souvent deux raisons pour un regain de productivité: une pression du label, qui n'engendre généralement rien de bon, ou bien un de ces moments de grâce où tout coule de source et paraît évident à réaliser. Sans vouloir sauter directement à la conclusion, il y a sans doute un peu des deux...

Après un dernier album fort correct, un petit tour au Waken Open Air en 2013, il me semble que la muse souffle à l'oreille de ces musiciens germains...

L'introduction, très joliment nommée Symphonia Pagana ouvre la porte à la légende et à l'épique. On n'attends plus que la première scène, celle où un guerrier viking surgit de derrière un arbre et plante sa hache à travers la tête de son poursuivant tout en esquissant un rapide sourire, avant de reprendre sa marche dans la forêt enneigée.
 


In The Name of Ancient Gods mélange habillement ce qui est la marque de fabrique désormais de Black Messiah : un rythme syncopé, un chant growlé, une mélodie de guitare guillerette. Il ne manquerait plus que Zagan, le chanteur tourne la tête en rond pour que cela fasse penser à un autre grand groupe de vikings suédois...

Rien de bien original donc, même si tout ce qu'un fan de pagan metal pourrait aimer est bien au rendez-vous (avec même des paroles contenant des "raise your sword"), il manque un peu de puissance à mon goût.

Mais cela n'était qu'un tour de chauffe. Il est important que l'épaule qui manie la hache de bataille soit bien préparée avant de pouvoir donner des grands coups !

Le second morceau, Jötunheim monte un peu davantage en puissance et le chant revient à la langue germanique qui me semble toujours mieux convenir que l'anglais à ce genre de musique. Et le retour du violoncelle ajoute un peu de majesté à ce beau titre. Autrement dit, ça y est, Black Messiah est enfin arrivé et a repris pleine possession de ses moyens.

Qui dit violoncelle, dit également folk festif, un passage quasi obligé pour un groupe de ce style musical. Et j'avoue que Black Messiah s'en sort pas mal du tout avec Wildsau ("sanglier") qui dépasse le niveau d'une chanson à boire de base.
Certes, les textes ne sont pas d'un niveau poétique digne des meilleurs scaldes.
Certes, le récit humoristique des aventures d'un hommes qui perd tout contrôle sur lui lorsqu'il boit trop pourra passer au-dessus des oreilles des auditeurs ne maîtrisant pas l'allemand, mais les accélérations symbolisant les moments de rage berserk du héros de cette chanson tombent à point pour éviter que la humppa ne prenne le dessus, comme pourrait le faire (mieux) des groupes comme Finntroll ou Korpiklaani, parmi d'autres.

Cette intermède plein de joie et de légèreté cède rapidement la place au premier titre qui sort vraiment du lot: Edmund von Ostanglien, qui en plus de tous les ingrédients classiques, utilise également un chant épique clair comme pourrait le pratiquer des groupes de références comme Menhir par exemple.

Nidhögg aurait pu être une tentative d'adaptation du célèbre Call of Ktulu de Metallica tant la structure des deux premières minutes est proche. Souffle de vent, montée progressive d'une mélodie claire avec une ligne de trois notes graves donnant le rythme, puis mélodie jouée en version saturée. Ecoutez les deux titres et vous verrez que c'est tout de même ressemblant. Après évidement,  les deux titres se séparent ne serait-ce que par l'usage du chant. Le reste du morceau est plus habituel à Black Messiah, avec même un petit retour du violoncelle.
A vrai dire, l'ensemble est très agréable à écouter en tout cas, même si la fin me conforte encore une fois dans la nature de la source d'inspiration d'origine, car on entend une créature soulever une lourde plaque et respirer bruyamment pendant que le vent souffle à nouveau.
 


L'avant-dernier morceau est l'ovni de l'album. Il s'agit d'une longue et triste ballade qui pourrait figurer sur un album de chant médiéval allemand. Ne cherchez pas une distorsion, au contraire, ne vous étonnez pas d'entendre un chœur accompagner le chanteur. J'avoue que je me suis demandé s'il s'agissait d'une adaptation d'un chant populaire allemand, mais il semblerait que non.

Personnellement, j'aime beaucoup et c'est peut être le plus beau morceau de l'album, dont est d'ailleurs tiré son nom, mais il tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, tant il est différent du reste.
Il est vrai que le terme "Heimweh" (ce qui signifie "nostalgie du foyer") demande forcément une certaine mélancolie et que tout correspond à merveille, mais le résultat peut sembler déroutant.

Die Quelle der Weisheit ("la source de la sagesse") revient dans le son classique du groupe et conclut efficacement ce dernier opus.

Je n'ai pas abordé la production, car elle est également un peu surprenante, beaucoup de morceaux ont un son écrasé, un peu à la manière d'un album auto-produit. Peut-être est-ce dû à la version presse dont j'ai disposé, peut-être ont-ils voulu faire un album avec un son "à l'ancienne" (sous-entendue petit studio des années 90) ? Peut-être tout simplement, le son a un peu été bâclé ?

Alors que dire de Heimweh ? Tout d'abord, je dois reconnaître qu'il sonne bien tout de même. Je l'ai écouté maintes fois sans me lasser, ce qui est un bon signe de qualité. Reconnaissons à Black Messiah le talent de trouver les bonnes mélodies et les bons riffs !

Mais... Il y a des lacunes tant dans la production que dans le choix de l'organisation même des titres sur l'album.
Mais aussi... Décidemment, je l'ai écouté, ré-écouté et j'aime vraiment bien certains titres comme le très poétique mais néanmoins barbare Edmund von Ostanglien...

Bref, tout ça, c'est du bon pagan quand même qui mérite d'être écouté !

"Heimweh", sorti le 29/11/2013 chez AFM Records.

Tracklist:

1. Symphonia Pagana
2. In The Name Of Ancient Gods
3. Jötunheim
4. Wildsau
5. Edmund von Ostanglien
6. Nidhögg
7. Heimweh
8. Die Quelle der Weisheit
Durée totale: 51:53 min.

 

Thomas Orlanth

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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