Cynic – Kindly Bent to Free Us

"Cynic le métal ?"
 

Dans la scène métal, certains groupes avec un statut pourtant légendaire gardent toujours une certaine confidentialité. Cynic fait partie de ceux-là. Après avoir sorti Focus, un album qui a révolutionné le métal extrême, le groupe n’a cessé de désorienter ses admirateurs avec de nombreuses expérimentations ou changements d’orientation musicale (et de nom), le dernier en date étant l’EP Carbon Based Anatomy, qui a divisé les fans et la critique. La formation est aujourd’hui de retour avec son troisième album, qui a suscité à la fois beaucoup d’espoir et d’interrogation. Bis repetita.

 

Comme on pouvait s’y attendre après les EPs Retraced et Carbon Based Anatomy, Cynic s’éloigne de plus en plus de ses origines métal avec cet opus. En effet, Kindly Bent to Free Us lorgne plus vers un rock progressif entre King Crimson et Porcupine Tree. Mais en dépit de ce nouveau changement de cap musical, la patte Cynic est toujours immédiatement reconnaissable, à la fois dans le son, les riffs ou même le chant, dès la première seconde de « True Hallucination Speak » jusqu’à la dernière de « Endlessly Bountiful ». C’est un album solide et homogène, des qualités auxquelles Cynic nous a habitués depuis le début de sa carrière.

Même si on sait que Paul Masvidal est toujours le maître à bord, Kindly Bent to Free Us est sans doute l’album le plus équitablement réparti aux niveaux des rôles joués par chaque musicien. C’est l’album d’un trio, avec un Sean Reinert doté d’un son de batterie mat et claquant, toujours à l’affût de rythmiques vitaminées. Mais le grand gagnant de l’album est sans conteste Sean Malone, qu’on a jamais aussi bien entendu sur un album de Cynic : il était temps ! Sa performance sur tout l’album met en valeur l’étendue de son talent, également affirmée avec les deux albums de Gordian Knot. Paradoxalement, la guitare est plutôt en retrait dans le mixage, avec un timbre tantôt baveux en distorsion, tantôt éthéré en son clair, alors qu’elle avait toujours été l’instrument roi dans Cynic.
C’est manifeste sur « Moon Heart Head » ou « Infinite Shapes » .
 

Cynic, 2014, Kindly Bent to Free Us, chronique, review, rehearsal,


Concernant le chant, nulle trace de growl, et les voix synthétiques font un retour discret, avec des apparitions sporadiques ça et là, notamment dans « The Lion’s Roar ». Néanmoins, les écoutes se multipliant, on constate avec déception que la voix de Masvidal suscite moins d’émoi qu’avant. L’usage plus poussé de chant naturel n’est pas à blâmer, puisque Pablo arrivait parfaitement à faire vibrer notre corde sensible dans son groupe aux accents pop Aeon Spoke, ou plus récemment avec Carbon Based Anatomy. En fait, le chant reflète bien le bilan qu’on pourrait tirer de Kindly Bent to Free Us : bien fait et honnête, mais en manque d’inspiration et de prise de risque.

Car il ne suffit pas de changer de cap musical pour se renouveler, il faut appliquer le renouvellement au travail de composition. Et on a du mal à le sentir sur cet album, pourtant le plus long de la carrière de la formation. Le tout a l’air moins travaillé et élaboré qu’à l’accoutumée. On y trouve de très beaux moments comme « Gitanjali » ou la chanson-titre, mais globalement, on a l’impression d’écouter un fantôme de la gloire passée de Cynic, avec ses rythmiques endiablées, ses solos ciselés et ses expérimentations extraterrestres si chères à Paul Masvidal, sauf que le charme s’est estompé. Kindly Bent to Free Us reste un beau voyage, mais il vous emmènera moins loin... Dommage pour un album attendu depuis presque six ans.

Chronique rédigée par Tfaaon
 

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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