L’empire s’effondre à nouveau
Quatre ans après avoir sorti To the Metal, Gamma Ray revient avec son 11e album, Empire of the Undead. Malheureusement, l’attente était loin d’en valoir la chandelle. Kai Hansen et ses acolytes sortent un album sans imagination ni patate, avec une forte odeur de réchauffé. Quelques bonnes idées surnagent, mais on est vraiment loin des disques qui ont fait la gloire du groupe par le passé. Décryptage d’un ratage.
Gamma Ray n’arrive pas à passer les années 2000. Triste constat qu’on peut faire depuis No World Order! (2001), qui accusait une sérieuse baisse de régime après le flamboyant Powerplant. Ensuite le groupe a touché le fond avec un Majestic insipide et un Land of the Free II honteux, avant de remonter la pente avec un To the Metal imparfait mais plus solide. On était en droit de s’attendre à ce que que le groupe continue sur sa lancée avec Empire of the Undead, qui semblait bien lancé avec les deux titres présentés sur l’EP Master of Confusion.
Malheureusement, il n’en est rien et les Allemands se fourvoient dans un album rempli de chansons plates et d’idées mal exploitées. En vulgarisant le propos, on pourrait résumer Empire of the Undead par son premier titre, "Avalon" : long, pataud, avec de bons passages, mais en aucun cas original. On navigue en effet entre l’ordinaire ("Hellbent", "Born to Fly") et le mauvais ("Time for Deliverance", "Demonseed"). Heureusement, deux compos fort agréables arrivent à surnager : "Pale Rider", mid-tempo badass agréable pour les fans d’Accept et "I Will Return", au tempo supersonique qui donne une furieuse envie d’headbanguer. Dommage qu’on doive attendre la fin du disque pour en profiter.
Cette baisse drastique de niveau s’explique principalement par le manque d’imagination du groupe dans ses chansons. Exit, la folie qui animait les trois premiers albums du groupe ou le souffle épique qui tirait les trois suivants vers le haut. Ici, le groupe enchaîne les riffs insipides ("Demonseed") et les lignes de chant atrocement plates ("Born to Fly"). On notera que le groupe prend aussi un malin plaisir à placer des breaks qui cassent l’ambiance de certains morceaux, notamment sur "Seven".
Autre conséquence du manque d’imagination : le recyclage. Si Gamma Ray avait fait rire par le passé en multipliant les pompages aussi indignes que grotesques, cette fois-ci, Kai Hansen s’est plus concentré sur son répertoire personnel. On retrouve donc un riff emprunté à "Rebellion in Dreamland" dans "Avalon", le riff principal de "Hellbent" qui rappelle étrangement "Ride the Sky", les montées du refrain de "Time for Deliverance" qui font penser à "No Need to Cry", ou encore "Seven" qui emprunte la rythmique du riff à "Master of Confusion". Oui, cette fameuse chanson qu’on retrouve trois pistes avant, qui empruntait déjà son riff principal à "Send me a Sign".
Comme si cela ne suffisait pas, l’interprétation n’est pas parfaite non plus. Evidemment, les musiciens de Gamma Ray sont loin d’être des manches, mais on peut regretter un son un peu brouillon dans certains riffs, ce qui pourrait faire croire que le groupe ait laissé des enregistrements de répétitions sur le produit final, comme cela avait été le cas sur To the Metal. On remarque également que Kai Hansen a de plus en plus de mal à monter dans les aigus sur l’ensemble du disque, ce qui ne présage pas du meilleur pour les prochains concerts. En revanche, on peut applaudir le nouveau batteur, Michael Ehré, qui arrive à briller, notamment sur "I Will Return" avec sa frappe frénétique.
Avec Empire of the Undead, Gamma Ray est retombé dans le mauvais. Sans imagination, ni piquant, hormis à de rares moments, et avec une forte odeur de réchauffé ; les Allemands déçoivent d’autant plus que de bonnes idées auraient pu être mieux exploitées. Dommage pour cette fois, on espère que le prochain remontera la pente.