Après une première démo sortie en 2011 sous le titre de Forsaken Man (disponible gratuitement ici), et Misery Wizard, excellent premier album sorti en 2012, les américains de Pilgrim viennent remettre une couche de leur doom pachydermique dans nos tympans avec leur deuxième album II : Void Worship sorti au mois d’avril dernier.
Le groupe initialement composé de Krolg Splinterfist aka Slayer Of Men à la batterie, de The Wizard à la guitare et au chant et de Count Elric The Soothsayer à la basse, a subi un changement de line-up du fait du départ de ce dernier. C’est donc The Wizard qui assume aussi le rôle de bassiste sur l’album, ce dernier ayant également composé l’intégralité des morceaux et écrit les textes il apparait donc comme la tête pensante du duo (qui devient trio sur scène avec l’aide du bassiste Bradoc), malgré le fait que la frappe de Krolg apporte beaucoup de caractère à la musique.
Amateurs de blast beats, de sweep picking, de pig squeals et autres fantaisies passez votre chemin, ou bien restez si vous vous sentez capable d’apprécier une musique lourde, lente, malsaine, du trve doom metal en somme.
L’album commence avec une courte piste d’intro où deux couches de guitares se superposent pour donner plus d’ampleur à la mélodie, qui ne va pas sans rappeler le son rétro des suédois de Ghost B.C. qui rencontrent un grand succès depuis quelques années. Deux coups de cymbale de Krolg marquent ensuite le début du premier morceau "Master’s Chamber". La mélodie est la même que celle de la piste d’intro, le son est plus lourd, les codes du doom traditionnel sont respectés, batterie puissante, basse et guitare produisent un son épais, la voix d’un Wizard qui tel un sorcier semble possédé par moult entités toutes plus démoniaques les unes que les autres, correspond parfaitement à l’esprit du doom, point de voix aigues kitsch, le ton est monotone, dépressif, mais la voix est puissante.
Après une bonne dizaine de minutes d’une lourdeur et d’une lenteur pachydermiques, le tempo s’accélère avec "The Paladin" (qui comme son nom l’indique n’est pas une référence à Aladin). Le métronome culmine ici à 120bpm, la mélodie entrainante, la voix de The Wizard et le son toujours aussi massif ne sont pas sans rappeler Pentagram et son illustre frontman, le génial Bobby Liebling. Le voyage dans l’univers fantastique de Pilgrim se poursuit avec l’instrumental "Arcane Sanctum", loin d’être une soupe d’arpèges, ce morceau mélange savamment des arpèges malsains avec un riff qui reste dans la tête en n’en ressort pas.
Il est enfin venu pour les possesseurs de la version 33t de l’album de retourner la galette pour en gouter auditivement l’autre surface, qui commence avec un autre instrumental : "In The Presence Of Evil", qui avec une succession de riffs qui s’entrecroisent de manière très harmonieuse reste dans l’esprit général de l’album. S’ensuit le long "Void Worship" où la patte Pilgrim est bien présente, avec ce riffing ci particulier pendant les parties de chant qui s’étoffe dès que The Wizard reprend son souffle, comme si sa guitare prenait le relais de sa voix quand il ne chante pas. "Dwarven March", dont l’intro rappelle "Nain’s Baptism" de Sleep est un court intermezzo qui nous prépare à savourer le dernier morceau de l’album : "Away From Here". Ultime incantation de dix minutes dont le tempo n’excède pas les 60bpm clôt l’album de la même façon qu’il a commencé : tout en lourdeur.
Il s’agit bel et bien de doom metal, mais le son du groupe ne ressemble à aucun autre dès que l’on excepte les caractéristiques générales du genre. L’album a pour qualité une certaine harmonie entre les morceaux qui font qu’une ambiance pesante est maintenue tout le long de l’album.
Pilgrim ne s’écarte pas de son genre et c’est tant mieux, malgré la lenteur de leur propos, on n’est jamais ennuyé, on découvre à chaque fois de nouvelles mélodies, de nouvelles harmonies.