Il fait chaud et lourd à Paris ce 16 Juillet. Les transports en commun sont bondés, les liaisons et les couloirs entre lignes du Métro sont longs.
Je cours pour aller à mon rendez-vous alors que j’ai de l’avance. Arrivé devant le Black Dog alors que je dois m’entretenir avec Mia dans une heure, on me propose de passer en premier. Outch ! Merci Charles, mais c’est en sueur que je commence l’interview, la chemise collante, grande classe…
Lionel / Born 666 : Mais que ce passe-t-il ? C’est la première fois que l’on ne vous voit pas sur la couverture de votre album ?
Mia Coldheart : (Rire) je crois que tu en a assez vu de nos têtes (rire), …
Lionel : … pas moi… (Rire)
Mia Coldheart : Je crois qu’on le faisait à chaque album et je sais que de nombreux groupes le font mais on voulait faire quelque chose de différent… mais à l’intérieur du livret on y est (rire)…
Lionel : Ouf !! Qui est l’artiste qui l’a réalisé ?
Mia Coldheart : Erik Rovanpera, c’est un grand artiste, il a travaillé avec de nombreux groupes (http://erikrovanpera.tumblr.com/). On suivait ce qu’il faisait depuis de nombreuses années et puis on s’est décidé, on lui a demandé et je trouve qu’il a fait un bon boulot.
Lionel : Avez-vous changé vos méthodes de composition pour In the Red ?
Mia Coldheart : Je pense qu’on a atteint un nouveau seuil dans la composition. Avant on faisait chacune dans nos coins. Pour certains titres, on les composait individuellement dans nos propres « home studio », puis on le présentait au reste du groupe. Bon certains titres étaient composés ensemble mais pour cet album on a pris 6 mois l’année dernière afin de se concentrer dans un studio. C’était un vrai travail : du lundi au vendredi et ce plusieurs heures par jour ! On essayait de rester vivantes et en forme… on avançait sur des titres, puis on les retravaillait, changeait certaines choses. Si le rythme était bon on voyait si le feeling correspondait et on ne quittait pas les lieux tant que le morceau ne soit pas parfait. Ensuite le groupe était satisfait du travail obtenu.
Lionel : Toutes les membres de Crucified Barabra étaient impliquées dans le processus de création ?
Mia Coldheart : Oui ! Parfois j’étais en train de dormir sur une caisse de merchandising alors que les autres discutaient sur le son de la batterie. Et puis au bout d’un moment tu devenais dingue et tu te disais « bon allez faut que je me bouge… » (Rire)
Lionel : Je trouve que l’ambiance sur In The Red est plus sombre que vos précédents albums.
Mia Coldheart : Il sonne plus sombre ? Je ne sais pas, comme je te le disais on a un peu changé mais on n’avait pas de but précis, et on écrivait les titres les uns a près les autres. On écrit d’abord la musique puis les paroles. On commence par une idée de riff pour écrire un titre et on laisse le morceau aller de lui-même sans forcer les choses. Ce qui est marrant c’est que lorsqu’on travaillait jour après jour sur l’album on avait l’impression que chaque titre se ressemblaient. Mais à la fin on voyait bien que les morceaux étaient différents.
Lionel : Dans Crucified Barbara aucune de vous n’a d’enfant j’espère, car lorsque je lis des titres comme « I sell my kids for Rock ‘n Roll », « To Kill a man »… ?
Mia Coldheart : (Rire), Non pas encore…
Lionel : Donc si un jour l’une d’entre vous a des enfants c’est la fin du groupe ?
Mia Coldheart : Non je ne le pense pas et puis si l’une d’entre nous a des enfants elle ne les vendra pas (rire). Non pour être sérieux il y a une signification derrière le titre de ce morceau, c’est ironique et puis si cela arrive un jour on devra partir sur la route avec un autre tourbus spécialement conçu pour les enfants… (Rire)
Lionel : Est-ce qu’on peut considérer « The Ghost inside » comme un morceau Stoner pour Crucified Barbara par son intro et son break ?
Mia Coldheart : (heum)… Oui on travaillait sur des idées comme ça et on est arrivé à ce riff et on s’est dit « bon est-ce qu’on peut faire cela dans Crucified Barbara ? » ensuite on s’est dit « oui mais bon on aime ça et pourquoi pas ? ». Et puis on est assez ouvertes d’esprit au sein du groupe. Ça nous faisait plaisir de jouer un tel morceau, et puis chaque titre à son atmosphère spécifique, tu sais. Et puis personnellement je n’aime pas écouter un album où tous les titres se ressemblent.
Lionel : Je suis triste, il n’y a pas de ballade comme « Count me in » ? (rire)
Mia Coldheart : Oui je sais… tu dois seulement garder l’esprit Rock ‘n roll (rire). On n’a pas de ballade mais on pourra le refaire un jour à nouveau.
Lionel : Quand tu étais jeune quels groupes de Metal aimais-tu écouter ?
Mia Coldheart : J’ai commencé à jouer de la guitare à l’époque du Grunge. L’esprit de l’époque était de faire des trucs assez crades sans vouloir sortir des choses avec un son bien propre. J’avais un ami qui m’a familiarisé avec le jeu de guitare des groupes de Metal. Il m’a montré comment faire certains plans de guitare. Ensuite il me disait « tu devrais écouter tel groupe puis celui-là… ». C’était assez varié comme Megadeth, Dream Theater, Obituary,… Je n’étais pas encrée dans un style particulier comme seulement du Death Metal, du Thrash, car j’aimais beaucoup de groupes bien différents.
Lionel : Peut-être aussi d’autres groupes qui n’étaient pas dans la sphère Metal ?
Mia Coldheart : (Rire) Oui bien sûr avant que je ne découvre ces groupes. J’adorais Ace of Base. Tu les connais ? (rire). Ce qui est drôle avec ce groupe qui jouait dans le Pop, le disco c’est qu’ils avaient leur style particulier bien sûr mes les paroles étaient tellement tristes. Il y avait une étrange mélancolie qui régnait au sein de ce groupe. Et c’est maintenant sue je me suis rendu compte qu’ils avaient un vrai côté sombre dans leur musique. (Rire) et j’aime encore ça… je veux avoir l’esprit ouvert, je déteste les gens renfermés. J’écoute de tout, comme la musique acoustique…
Lionel : Vous allez bientôt partir en tournée ?
Mia Coldheart : Oui on va commencer par des festivals en Août… et mi-septembre on va commencer notre tournée européenne.
Lionel : Vous êtes souvent sur les routes et l’on vous voit souvent en France, laquelle de nos régions préfères-tu maintenant ?
Mia Coldheart : (Rire) Tu sais parfois je ne sais même pas où je suis quand on est en tournée. Et tu sais je regrette de ne pas savoir parler français alors que l’on vient souvent chez vous. J’aime jouer dans des endroits reculés de France, dans des petites villes, …
Lionel : D’ailleurs c’est quoi la pire des choses quand on est sur les routes ?
Mia Coldheart : Que tu picoles un peu trop… (Rire). Non, tu passes ton temps à attendre et j’essaye de me trouver du temps pour lire, écrire, car tu as moins l’occasion de regarder la TV ou de consulter ton ordinateur mais j’essaye de prendre du temps pour peindre.
Lionel : Pour le prochain album ?
Mia Coldheart : Non pour moi et j’ai même une machine à tatouer pour mes fans… et je pourrais en faire pas mal…
Lionel : Je pense qu’année après année, album après album, le fait que vous avez toujours été sur les routes, vous avez marqué votre empreinte. Les fans ou les gens du Business devaient se dire au début : « Ok c’est un groupe de nanas et d’ici 3 ans on en parlera plus ». Maintenant l’année prochaine vous allez fêter vos 10 ans de carrière. Tu en penses quoi de tout cela, d’avoir réussi dans un monde assez machiste qui est celui du Metal ?
Mia Coldheart : (Rire) Oui c’est vrai mais on n’a jamais voulu prouvé quelque chose. Quand j’ai entendu des gens parler de nous à nos débuts à cet égard, je n’avais pas envie d’arrêter. Je suis une musicienne avant tout. Personne n’aurait abandonné. Ce n’est pas parce que nous sommes des filles que le groupe ne fonctionne pas. Je crois que nous sommes le seul groupe de Stockholm, voir de Suède qui sommes encore là après 15 ans d’existence. Car les 10 ans dont tu parles font référence à notre premier album. Donc tu vois ce dont on parlait avant quand on a abordé le titre « I sell my kids for Rock ‘n’ Roll » parle de ça ! Ce que les gens pensent de toi parce que tu es une nana et ce que tu devrais faire parce que tu es une femme. Et que je sais que si tu es une femme tu dois te battre encore plus que si tu étais un homme pour jouer dans un groupe de Rock. Et on a même entendu des gens travaillant dans le business dire exactement ce que tu viens de dire. « Les nanas ne vont pas durer longtemps, ça ne sert à rien de travailler avec elles. » Bon et puis maintenant après 10 ans de métier ils disent « Non ! On ne va pas travailler avec elles parce qu’elles sont trop vielles ! » Parfois cela me dégoute.
Lionel : C’est vrai que ce ne sont pas des questions que l’on pose aux groupes dans lesquels jouent des mecs quand à savoir ce qu’ils vont faire une fois qu’ils auront des enfants…
Mia Coldheart : (Rire) si maintenant tu devrais tenter de leur poser ce genre de question.
Lionel : Tu as raison. Alors, l’année prochaine vous aller faire quelque chose de spécial pour célébrer les 10 ans de votre premier album ?
Mia Coldheart : On est en train de réfléchir à cela …
Lionel : Et une question que je pose souvent aux musiciens : qu’aurais-tu fais si la guitare électrique n’existait pas ?
Mia Coldheart : Je jouerais de la guitare acoustique…
Lionel : Ah Non, celle-là on me l’a déjà faite ! (rire)
Mia Coldheart : Non franchement je pense que j’aurais été un artiste peintre ou une agricultrice travaillant à la ferme.
Lionel : Pas encore une date arrêtée pour Paris ?
Mia Coldheart : Non pas encore mais le planning est en train de s’affiner et ce sera bientôt officialisé… il faut encore un peu attendre.
Photos : Lionel / Born 666 / © 2014
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