Ragnard Rock Festival - 1ère journée - 17 juillet 2015
Nous arrivons le jeudi 16 juillet, il est 17h. Le cadre est idyllique, on plante notre tente à l’ombre des arbres au bord de la rivière, on se dit que ce festival va être tout bonnement génial … parce que oui pour Thomas Orlanth et moi, passer trois jours au milieu de troupes de vikings et voir les groupes à l’affiche du festival... C’est un peu Noël en plein milieu du mois de juillet.
Jeudi soir... Le calme avant la tempête...
Mais c’est à croire que les dieux en voulaient autrement…
On a bien cru que le Ragnard Rock allait se transformer en Ragnarök.
Les Vikings craignaient Fimbulvetr, les trois hivers sans soleil, mais les festivaliers, les troupes, les groupes et l’orga ont craint les trois jours de chaleurs écrasantes. En effet, cette première journée se déroule sous des températures caniculaires. Les tireuses à bière sont en panne au village viking, ce qui repousse l’ouverture de 11h à 13h. Les bénévoles aux bars sont obligés de servir des bières en bouteille. Il fait tellement chaud que les bouteilles d’eau sont distribuées gratuitement à certains endroits. Mais cela n’empêche pas nos troupes de faire leur show : démonstration de Glima (lutte islandaise) et de combats de lice sous les yeux impressionnés des festivaliers.
Glima, avec deux membres des Ours d'Alfadir
Combat de mêlée viking
Côté scènes, les problèmes s’enchaînent également. Le générateur électrique de la grande scène "Odin" rend l’âme. Il n’y a qu’une scène d’opérationnelle jusqu’en début de soirée, mais cela n’empêche pas tous les groupes de jouer. Les membres de Din Brad et Ghaal himself aident même l’orga à refaire le running order, et les roumains joueront le dimanche au lieu du vendredi pendant que God Seed clôturera la première soirée à la place de Wardruna.
Les spectateurs attendent patiemment sous le soleil, avant d'enfin pouvoir entrer sur le site.
C’est donc à 15h passé que les concerts commencent sous les yeux impatients des festivaliers, avec Eclypse, un groupe de Pagan Metal venu de Nîmes. La formation propose une musique sans grande originalité, mais de bon aloi pour débuter un festival. La prestation ne nous a pas laissé un souvenir particulier, si ce n'est que la petite originalité du double chant a été balayée par le chant lyrique féminin pas très bien ajusté...
Avec une seule scène opérationnelle, le running order se déroule normalement, sur la Thor Stage du moins . A l'heure prévue, 16h30, c’est au tour d’Hysteria de monter sur scène. Leur death metal rhône-alpin est brutal et efficace, à l'image du soleil qui s'abat sur le public. Mais tant pis, on va pas râler non plus parce qu'il fait beau !!! Les riffs s'enchaînent et l'ambiance chauffe. Pas de doute, le Ragnard Rock s'annonce bien malgré les petits problèmes techniques.
Pas de Bran Barr à l'horizon, vu qu'Odin est toujours aux abonnés absents.
Les concerts continuent donc après une grosse pause vers 18h30 avec les Polonais de Merkfolk. Nous n'étions pas présents au début du concert. Au loin, on entend un folk metal entraînant, un growl puissant, on se dépêche pour arriver devant la scène et là surprise ! Ce growl qui te prend aux tripes sortait de Mery, la fluette chanteuse de Merkfolk avec sa chevelure orange et sa robe de poupée. Le public est réceptif, les pogos vont bon train, la chanteuse lance un wall of death au milieu du concert, c’est le premier concert de la journée qui met le public dans un état festif proche de la transe.
Un pari réussi pour les polonais de Merkfolk qui ont distillé leur énergie et leur bonne humeur tout au long du festival.
On enchaîne rapidement, toujours sur l'unique scène fonctionnelle, avec Bran Barr, dignes représentants du celtic metal français au nom gaulois. Leurs influences black metal et celtiques ont attiré grand nombre de festivaliers. Il faut dire que le groupe fait parti de la vieille garde d'honneur du pagan français. Malgré les évolutions du line-up, on sent que l'énergie est encore bien présente. Le mélange metal/violon/patate dans la gueule fonctionne à merveille en tout cas !
Le soir arrive, avec un peu de fraîcheur bienvenue, Evohe monte enfin sur scène alors qu’ils étaient programmés pour ouvrir les hostilités à 14h sur la scène d'Odin. Leur black metal froid et rythmé, qui sait se jouer de ralentissements bien sentis, passe très bien auprès d'un public grandissant.
21h, la chaleur n’est toujours pas entièrement tombée et elle va monter encore d’un cran avec l’arrivée d’Arkona sur scène. Masha ne porte pas sa peau de loup, signe que la chaleur reste écrasante, mais cela ne l’empêche pas de donner toute l’énergie de la louve qui sommeille en elle.
Ce que l’on peut retenir de ce premier jour c’est que les femmes ont mis le feu aux scènes du Ragnard Rock Fest. Après Mery de Merkfolk, c’est au tour de Masha de mettre le public en transe. Ce qui est toujours aussi impressionnant avec Arkona, c’est leur capacité à dominer la scène. Sergei à la guitare, nous envoûte avec sa rythmique saturée, la précision de Ruslan et de Vlad fait bouger le public en rythme comme possédé, Vladimir et ses instruments à vents folkloriques apportent un petit côté sorcellerie au tout. Mais l'attention reste focalisée sur Masha. Elle ne fait qu’un avec la scène, l’arpentant de long en large comme possédée par la musique. Le public suit le moindre de ses gestes et se soumet à tous ses désirs : taper dans les mains, tenter de chanter en russe, lancer un wall of death endiablé !
Après une telle prestation, on se dit qu’il sera difficile de faire mieux aujourd’hui. Mais la soirée ne fait que commencer...
La grande scène est enfin opérationnelle pour accueillir Wardruna. On parlait d’un public en transe devant Arkona, mais c’était sans compter sur l’ambiance sombre et envoutante créée par une magnifique garde viking fournie par les différentes troupes qui avaient démontré leur savoir durant l'après-midi. La scène est sombre et une bonne vingtaine de guerriers équipés sont placés dans le pit photo durant le début du concert.
De plus, l'atmosphère est encore exaltée par la voix d' Einar Selvik. Wardruna enchante et hypnotise le public grâce à leurs instruments nordiques anciens et la métrique poétique de leurs paroles en norvégien ou vieux norrois. Leur musique ne fait qu’un avec le cadre idyllique du festival. Les arbres, les montagnes et la rivière se mêlent aux sons incomparables de Wardruna. Le public écoute religieusement la musique et la bonne parole dispensée par la voix d'Einar. La température baisse d’un cran pour laisser place au frisson apporté par le folklore Nordique de Wardruna. Nous avons certainement assisté à l'un des événements marquant de ce nouveau festival. Evidemment, pour ceux qui préfèrent la violence des guitares, il va falloir patienter un peu encore.
La journée s’achève avec God Seed qui devait initialement jouer à 19h15. Mais les problèmes techniques font parfois bien les choses car on n’aurait pas rêvé mieux que de clôturer cette soirée avec le son noir de God Seed. Certes, les réglages nocturnes semblent interminables, et durent près de 40 minutes ! Mais une chose est sûre, l'attente en valait la peine car Gaahl sait envouter son public. Les superlatifs manquent pour décrire l'effet de l'enchaînement Arkona/Wardruna/God Seed.
Rien que pour cette soirée, le Ragnard Rock peut être qualifié d'une grande réussite !
La journée avait certes mal commencé, il est vrai qu'il y a eu pas mal de problèmes techniques et organisationnels avec beaucoup de bénévoles qui devaient se débrouiller tout seul avec des instructions parfois contradictoires, un village viking loin de l'eau courante, des retards et des changements de running order, mais le bilan de ce premier jour de festival est positif. En effet, les membres de l’organisation tablaient sur environ 1200 personnes et ils étaient loin de penser que ce premier jour serait sold out avec 5000 participants !Le village viking a attiré du monde, mêlant familles, habitants du petit village de 700 âmes de Simandre-sur-Suran et des alentours à la communauté métal, faisant ainsi une bonne pub à cette première édition.
La chaleur n’a pas découragé les festivaliers qui ont alterné concerts, petits tours au village viking et baignades (interdite officiellement mais néanmoins parfois pratiquées) dans la rivière. Les problèmes techniques qui semblaient insurmontables en début de journée (surtout pour Stéphane Carrara, membre de l’orga et « couteau suisse du festival » qui s’est arraché les cheveux en essayant de faire fonctionner le générateur en panne) ont vite été réglés. Tous ces problèmes qui n’ont pas empêché les groupes prévus de jouer (à part Din Brad, qui a été reporté à dimanche) et qui ont entraîné des changements plutôt bénéfiques dans le running order.
Bref, une bonne première journée, riche en émotions !
Texte: Eloise Morisse et Thomas Orlanth
Photos : © 2015 Thomas Orlanth - galeries complètes sur le site internet: www.thomasorlanth.com / Facebook . Toute reproduction interdite sans autorisation spécifique du photographe.