Une soirée, deux ambiances, c'est ce que l'on a pu vivre lors de cette soirée de l'entre deux tours des élections présidentielles. Le week end suivant le choix fut compliqué pour tous, alors pour oublier tout ceci le temps d'une courte soirée, on a eu le droit d'une part à l'humour et la satire avec Le Réparateur et Ultra Vomit et de l'autre la rage et l'engagement avec Tagada Jones et No One Is Innocent.
Le Reparateur
C'est a 18h45 pétante que les portes du Transbordeur s'ouvrent pour cette soirée sur fond de vingtième anniversaire pour Médiatone. Pas le temps de flâner dans les allées nous menant à la salle toujours aussi chaleureuse, c'est seulement 1/2 heure plus tard qu'entre en scène le duo de Le Réparateur. Thibaud à la guitare et au chant et Aksel à la batterie et aux chœurs, mais vu le remue ménage qu'ils ont fait, on a du mal à croire qu'ils n'étaient que deux sur scène.
Les deux régionaux de l'étape ont pioché dans la totalité de leurs six opus afin de contenter le public lyonnais remplissant petit à petit cette fosse et cette tribune. Seuls quatre titres de leur dernier album sorti le 1er avril dernier sont joués. Il s'agit de "Heureux et Gros", "Pharmacie de Garde", "Pas d'avis" et "Pas la même merde". Ça commence vraiment fort, les premiers morceaux sont joués sans aucun répits entre les trois. Dans le même style qu'Ultra Vomit mais un petit peu plus teinté de punk rock, Thibaud nous livre de bons riffs bien saturés tandis qu'Aksel assène des coups puissants sur sa grosse caisse et ses toms, le tout à un rythme hyper soutenu.
C'est avant "Aller aux putes" que Thibaud présente le combo avec humour pendant qu'il accorde sa guitare en toute décontraction. Pour cette "chanson d'amour" les riffs sont hyper rapide, Aksel pousse un énorme hurlement pendant ses blast alors que son compère se tape une bonne petite binouze avant d’enchaîner par le morceau suivant. Thibaud est à fond les ballons sur "Les gens riches ne meurent jamais". Entre ses solos, jump et autres aller/retour de gauche à droite de la scène, on en a pour son argent.
"Heureux et Gros" lance pleinement les hostilités de la soirée, deux-trois pogos commencent à animer la fosse. "Pour tous les amoureux de la langue française", le refrain de "Charlotte Gainsbourg" ("ferme ta g***le Charlotte Gainsbourg") est entonné sur un rythme toujours aussi soutenu par une grande partie de la salle qui commence à bien se remplir. Avec des paroles pleines de finesse, "Complètement homo", "Amoureux de ta femme", "Dans la rue" et "Pas la même merde" sont joués avec le même humour et le même son rapide et saturé entraînant la fosse dans de bons frottages délicats d'épaules.
Le début de "Les gens beaux" marque le moment où Aksel peut enfin se boire un coup, le seul qu'il s'est permis de la soirée. "Encore trois chansons et on va sniffer de la coke en loge" lance en riquanant Thibaud. La fin du set est tout simplement énorme, la vitesse des blast et des riffs est à son paroxisme et ça se ressent dans la fosse: ça picote un peu. Les deux gones partent sous les applaudissements de l'intégralité de la salle. Ça promet pour la suite.
Line up:
Thibaud Ader: Guitare, Chant
Aksel Boursier: Batterie
Tracklist:
1 - Mes potes jouent au poker
2 - La Belle Vie
3 - Je fume
4 -Aller aux putes
5 - George Harisson
6 - Les gens riches ne meurent jamais
7 - Heureux et gros
8 - Pharmacie de garde
9 - Pas d'avis
10 - Charlotte Gainsbourg
11 - Complètement homo
12 - Amoureux de ta femme
13 - Dans la rue
14 - Pas la même merde
15 - Les gens beaux
16 - T'es malade
17 - Tout Ce Que Je Croise
Ultra Vomit
Dans la continuité du duo satirique lyonnais, Ultra Vomit va sans nul doute surfer sur cette vague de l'humour mais surtout sur celle du metal. Et ça commence dès l'installation du matos et des balances. Manard et Matthieu viennent accorder leurs instruments pendant que Flockos et Fetus en font de même mais dissimulés sous un sweat capuche floqué roadie. L'écran sur lequel sera projeté tout au long du concert les titres des chansons que va jouer le quatuor affiche "Mesdames et messieurs, veuillez patienter, le groupe procède à l'accordage de ses instruments", ça commence fort.
"Entooned" introduit le set, sur la bande sonore des looney toons version Entombed, chacun des membres du groupe est présenté sur l'écran sous la forme cartoon fidèle à l'artwork de leur dernier album Panzer Surprise sortant le jour même dans les bacs. C'est sur la bande son de Fort Boyard que l'ensemble du groupe débarque sur scène et se met en place pour lancer "Darry Cowl Chamber". Dès les premières notes l'ensemble du pit réagit donnant raison à Fetus: "Je veux voir du sang dans la fosse! Let's go!".
Les anciens titres d'Objectif Thune sont de sortie ce soir. De "Les bonnes manières" à "Quand j'étais petit", en passant par "Mechanical Chiwawa", "Je ne t'es jamais autant aimé", "Mountain of Maths", "Pauv'Connard", "Boulangerie pâtisserie" et "Je collectionne des canards (vivants)". Le public chante à tue tête ces titres faisant désormais la renommé humoristique d'Ultra Vomit. Les mouvements sont violents dans la fosse, la soirée est bel et bien lancée.
Un petit moment d'hypnose est lancé par Fetus tout de suite après "Mountain of Maths". Après ce petit moment de détente, un membre du public avec un masque de panda est invité à monter sur scène, placé juste au dessus du canon à fumé l'heure de sa légère mais drôle humiliation est arrivée avec la reprise en cœur du refrain de "Pauv' Connard" à son encontre. Andréas, s'étant cantonné à vendre le marchandising du groupe, rejoins ses camarades en stage diving revêtus d'un masque de canard pour, évidement le tube d'Ultra Vomit: "Je collectionne des canards (vivants)".
Les titres de Panzer Surprise! ne sont pas en reste. Sachant que Tagada Jones allait leur emboîter le pas, ils n'ont pas pu s'empêcher de faire "Un Chien Géant" lançant le jeu des parodies metal qu'est ce dernier album. "Calojira" où "Face à la mer" de Calogero rencontre en choc frontal "Vacuity" de Gojira. "Takoyaki" faisant l'apologie de ce met culinaire japonais à la sauce Maximum The Hormone et Baby Metal. "Kammthaar" sur lequel l'ensemble du groupe arrive en tenue militaire allemande et la voix de Fetus et les chœurs de Flockos et Matthieu revisitent Rammstein. Et enfin "Evier Metal" où les paroles traitant de la necessité d'avoir à proximité immédiate un évier le soir d'une cuite sont posées sur du riff à la Iron Maiden.
La version grincore de "La Ch'nille" a apporté la première chenille du Transbordeur qui, rapidement il faut le dire, a viré en pogos. Délivrant un petit clin d'oeil à Mélanchon et son hologramme, Fetus balance "Nous sommes actuellement à Lyon, et maintenant... Nous sommes au Québec" avant de lancer "Super Sexe" enchaîne directement par "Hyper Sexe". Il y a eu aussi la minute Manard. Laissant sa place à la batterie à Flockos, qui nous à tous estomaqué par son talent, Manard entonna son hymne à la Heineken sur la rythmique de Ken le Survivant.
La page humoristique metal se tourne à présent. Avant de quitter la scène, le groupe nous gratifie d'un petit selfie. On pourra retrouver plus tard Flockos, Manard et Matthieu au abords de leur table de vente pour discuter avec eux de tout et de rien autour d'une bonne Kekein bien fraîche.
Line up:
Fetus: Chant, Guitare
Manard: Batterie, Choeurs
Flockos: Guitare, Chant
Matthieu Bausson: Basse, Choeur
Tracklist:
1 – Entooned
2 – Fort Boyard theme
3 – Darry Cowl Chamber
4 – Les Bonnes manières
5 – Un chien géant
6 – E-TRON (digital caca)
7 – Mechanical Chiwawa
8 – Je ne t'es jamais autant aimé
9 – Mountain Of Maths
10 – Pauv' connard
11 – Calojira
12 – Takoyaki
13 – Super sexe
14 – Hyper sexe
15 – Boulangerie patisserie
16 – La Ch'nille
17 – Keken
18 - Anthracte
19 – I like to vomit
20 – Je collectionne des canards (vivants)
21 – Kammthaar
22 – Quand j'étais petit
23 – Evier metal
Tagada Jones
Les choses "sérieuses" commencent. Pour cette ultime date de la tournée Du Bruit dans l'Hexagone, tout le staff de Médiatone investie les planches du Transbordeur pour remercier l'ensemble des artistes mais aussi le public les ayant soutenus depuis maintenant un vingtaine d'années. Emmenés par l'inusable Niko, Tagada Jones est venus défendre son dernier album La Peste et le Choléra sorti début mars, de bon ton en cette période d'entre deux tours.
Les gros samples bien lourds et les jeux de lumières sont de sorti, et c'est avec en toile de fond la pochette de leur ultime opus que les quatre bretons font leur entrée sur scène. C'est avec la première piste de ce dernier que commence dans un chaos le plus total dans la fosse ce set. Waner ne perd pas de temps et commence d'emblée son jeu de scène si caractéristique pour un bassiste, il enchaîne les aller retour, les jumps et surtout les tours sur lui-même brutaux.
Touchés par l'actualité macabre de ces dernier temps, Tagada joue non sans émotion mais toujours avec leur rage habituelle "Vendredi 13" et "Je suis démocratie". Un écho retentissant aux attentats du Bataclan pour la première et de Charlie Hebdo pour la seconde. Plongé dans une salle aux couleurs rouge sang grâce aux jeux de lumières menés d'une main d'orchestre, l'atmosphère se fait lourde en totale adéquation avec le contenu de ces deux énormes chansons. Le public ne s'y est pas trompé et a gentillement "foutu le dawa" selon les dires de Niko.
A l'instar d'Ultra Vomit, mais dans un registre totalement différent, Tagada pioche peu dans son dernier album, en plus des trois pistes précédemment citées, seul "La Peste et le Choléra", "Pertes et Fracas" et "Mort aux cons" ont été jouées. Surfant sur des valeurs sures, mais ne manquant pas d'impact toutefois, comme "Zéro de conduite", "Instinct sauvage", "Karim & Juliette", "Tout va bien", "Descente aux enfers" ou encore "Le feu aux poudres", Niko et toute sa clique ne manquent pas de contenter un public fidèle désireux de donner tout ce qu'il a dans la fosse.
S'excusant d'être malade juste avant d'entonner "Descente aux enfers", Niko assure pourtant de façon plus que correcte le show malgré une voix qui de temps en temps sature un petit peu. Profitant de cette dernière date de tournée en compagnie des No One Is Innocent, les quatre compères s'engagent autant dans les paroles que dans les actes. Wener en tête de liste qui enchaîne les sauts du haut de la batterie de Job et les face to face avec Niko et Steph. Du coup, la fosse se met au diapason avec le groupe, les pogos, jumps, slam, stage diving et envolées de bières et de chaussures se suivent et se ressemblent.
"Mort aux cons" clôture ce set d'un peu plus d'une heure et pour l'occasion, Kemar les rejoins sur scène pour l'entonner avec force. Niko nous invite à "lever les poings en l'air contre le FN" et s'en suit un gros gros bordel dans la fosse. Pas que dans la fosse d'ailleurs, les No One arrivent en force Bertrand prends même le relais de Wener à la basse afin que ce dernier puisse aller faire un petit tour en stage diving parmi ses nombreux fans des premiers rangs.
Cette fin chaotique termine de la plus belle des manières ce concert des Tagada Jones. Ils ont su tous nous contenter, nous laissant dégoulinant de sueur et les épaules légèrement endolories. De bonne augure pour la suite à venir. L'engagement et l'intensité ne sont pas prêt de retomber.
Line up:
Niko: Chant, Guitare
Steph: Guitare
Waner: Basse
Job: Batterie
Tracklist:
1 – Envers et contre tous
2 – Zéro de conduite
3 – La peste et le choléra
4 – Yec'hed mad
5 – Instinct sauvage
6 – Karim & Juliette
7 – Tout va bien
8 – Perte et fracas
9 – Descente aux enfers
10 – Le feu aux poudres
11 – Les nerfs à vif
12 – Vendetta
13 – Vendredi 13
14 – Je suis démocratie
15 – Mort aux cons (avec Kemar)
No One Is Innocent
La salle du Transbordeur est désormais chauffée à blanc. Les un petit peu plus de quatre heures de sets précédents ont fait montés progressivement la pression. La dernière toile de fond de la soirée est fièrement affichée': la pochette de Propaganda, le dernier opus du combo francilien qui fête aujourd'hui ses deux ans d'age. A contrario des deux groupes précédents, la batterie de Gael n'est pas surélevée, lui permettant de faire front avec ses quatre compagnons d'armes. A 23h pétante la totalité du groupe arrive en trombe sur scène et en guise d'introduction un cinglant "On s'appelle No One Is Innocent et on fait du rock'n'roll!" est lâché par Kemar.
C'est "Djihad Propaganda" qui commence le set. La meute est lâchée, les pogos et surtout les nombreux jump de la totalité de la fosse martèlent cette troisième piste de Propaganda. Le son est outrageusement fort mais put*** qu'est ce que c'est bon de se faire saigner les tympans avec les No One. La moitié de la setlist est pioché dans ce dernier album, de "Djihad Propaganda" à "Charlie" en passant par "Silencio", "Kids Are On The Run" et "20 ans". Mais les standards du groupe ne sont pas en reste. No One n'a pas hésité a dépoussiérer "Chile" et ne s'est pas fait prier pour jouer son désormais mythique "La peau".
La philosophie NOII nous explose littéralement à la tronche. De l'engagement dans les propos en premier lieu. La reprise à l'unisson avec le public de "la jeunesse emmer** le Front National", nul sans nous rappeler les paroles de "Porcherie" des Bérus et la critique acerbe de la famille Le Pen en introduction de "La peau" en sont les principales preuves. Mais No One c'est surtout de l'engagement physique de la part des cinq protagonistes.Le saut de Kemar du haut de la grosse caisse de Gael lors de "Nomenklatura", ses énormes jump sur "La peau" et "Johnny Rotten" mais surtout son stage diving à la surprise générale lors de "20 ans" marquèrent le set.
La communion avec le public est totale. Kemar ne laisse à aucun moment retomber le soufflé. Tout au long de leur prestation, il met à contribution son auditoire martelant des demandes de mains et poings en l'air ainsi que des reprises en cœur de son chant notamment avec "Dep In Vegas" , "Nomenklatura" et "Chile". Le poing d'orgue de cette communion est l'énorme envahissement de la scène avant la chanson de clôture.
Mais Kemar n'est pas le seul à avoir donné de sa personne. Les nombreux solos de Popy avec son éternel bonnet vissé sur la tête et ceux non moins talentueux de Shanka se cantonnant à son côté droit de la scène ont fait mouche. La ligne de basse énorme de Bertrand en introduction de "Silencio" n'est pas en reste tout comme les énormes roulés de blast à la caisse claire de Gael en outro cette fois de "Johnny Rotten".
Après le final de Tagada Jones, c'est au tour de Niko cette fois de rejoindre les No One pour cet ultime assaut. En hommage au dessinateurs de Charlie Hebdo abattus lâchement le 7 janvier 2015, c'est "Charlie" qui clôture dans l'émotion ce concert. L'équipe de Médiatone ainsi que l'ensemble du groupe de Tagada envahissent la scène avant que les canons à confettis sonnent le glas.
Cette tournée nationale Du bruit dans l'Hexagone se termine donc ici au Transbordeur de Villeurbanne. Mediatone peut être fier d'avoir eu une fois de plus ces deux mastodontes du rock/metal français que sont No One et Tagada. Cet anniversaire est réussit, en attendant le clou du spectacle avec THE birthday party le 8 juin prochain avec en tête d'affiche Mass Hysteria.
Line up:
Kemar: Chant
Shanka: Guitare
Popy: Guitare
Bertrand: Basse
Gael: Batterie
Tracklist:
1 – Djihad Propaganda
2 – Dep In Vegas
3 – Nomenklatura
4 – Silencio
5 – Kids Are On The Run
6 – La peau
7 – Johnny Rotten
8 – 20 ans
9 – Chile
10 – Charlie (avec Niko)
Crédit photos:
Un immense merci à jeremy Girard pour ces super clichés. Allez visiter son site et sa page facebook, vous ne serez pas déçu.