La bande à Laura est de retour dans la capitale et passe à nouveau par la Maroquinerie 3 ans après leur dernier passage, puisque la fois précédente c’était au Glazart en 2012.
Preuve en tous les cas que Kylesa aime la France !
RLHT
La formation française de Regarde les Hommes Tomber monte sur scène dans un noir total. Rien de tel pour s’immerger dans leur musique profonde, teintée de post-Rock Black des plus intéressants actuellement.
Après un concert en plein soleil au Motocultor c’est assez surprenant de les voir (entrapercevoir) sur scène seulement éclairés par une lumière au sol qui n’éclaire que les pédales d’effets du guitariste. Concentrés comme à l’accoutumée sur leur musique, les nantais nous font planer dans les méandres de leur musique si particulière. Le seul reproche c’est que l’on entend pas du tout U.W., on n’entend rien, mais cela ne semble pas déranger les musiciens. Peut-être qu’ils entendent la voix sur les retours, mais pas nous. R.R. a installé sa batterie comme il le pouvait sur le côté de la scène à cause des 2 batteries de Kylesa qui sont déjà installées sur scène. C’est dommage qu’il n’en profite pas comme les deux batteurs de Sierra et de Jagged Vision qui s’en serviront ensuite.
SIERRA
Les norvégiens de Sierra apportent une autre couleur à la musique présentée ce soir. Quoique si l’on mélange les 3 premières parties on pourrait très bien arriver à celle de Kylesa. Eux ce qu’ils aiment c’est le côté hardcore avec un chanteur expressif, qui fait bien le boulot, saute, bouge, se dresse sur les retours et harangue le public. Ils savent mettre l’ambiance dans une salle et font bouger les premiers rangs, c’est déjà ça de pris.
JAGGED VISION
Jagged Vision, c’est un très joli retour en arrière ; ambiance 70’s, pat d4ef et bien planant à écouter. Solos stratosphériques et interventions de la basse à la stoner des plus plaisants. Le trio a une force d’impact assez hallucinante. Le batteur en abat avec les maigres toms qu’il a devant lui et pourtant il sait donner le tempo nécessaire pour nous envoyer dans des constellations assez éloignées. Le bassiste, dreadlocks de mise, vit au rythme du groove qu’il dégage de ses 4 cordes se déplaçant sur scène suivi par son câble entremêlé. Le chanteur guitariste connait les ficelles de cette musique stoner/psyché/vintage et sait prendre la pose adéquate. Les deux cordistes se retrouvent devant la scène pour nous envoyer des solos bien déjantés.
KYLESA
Quand Kylesa monte sur scène c’est un peu compliqué. D’abord, les deux batteurs se cachent derrière leur kit pendant l’intro de Phillip Cope à la guitare et au chant qui commence à jouer avec un instrument de son cru (?). Un boitier commandé par une antenne qui crée des ondes sonores complètements psychédéliques pendant que le bassiste arrive et que Laura branche son jack face à un éclairage stroboscopique. Sensation garantie, ça tourbillonne dans nos yeux, assez renversant et en total adéquation avec la musique proposée par le gang de Savannah. Laura est un pois sauteur, elle saute dans son coin, surveille les accords sur son manche. Chase Rudeseal à la basse a les yeux dans le vide face à cette lumière d’interrogatoire psychédélique. Quand aux deux batteurs, ils s’amusent bien. Complémentaires et complices, ils paraissent prendre un grand plaisir à rivaliser de rythmiques les plus tribales.
Le mot Kylesa vient du mot indien concept bouddhiste de « kilesa mara » qui signifie états illusoires de l'esprit…et on comprend mieux, là en live l’étymologie du nom : en écoutant la voix de Laura qui chante comme sur une litanie (« Quicksand » en est un bon représentant) d’un chant sacré hindouiste incantatoire venue des Indes. C’est flagrant et c’est dans ces instants magiques que vos pieds commencent à décoller du sol. Bon on peut s’élever de différentes manières, soit par un bon pogo (dont se chargeront certains dans la salle tout au long du concert donnant un côté bien hardcore au set de ce soir), ou bien par des substances illicites, mais là ce soir la musique est parfaitement à l’image du groupe : mysticisme et ouverture de l'esprit.
« Scapegoat » nous décroche un bon uppercut afin de rentrer dans l’arène aux fauves. Ça moshe sévère dans le pit, sueur, ça tourne, ça saute « In Your Face » !! Tandis qu’ « Unspoken » du dernier album est totalement enivrant avec ses mélodies à la guitare exécutées par une Laura des plus concentrée. Visiblement heureuse d’être de retour à Paris, elle le dira souvent au cours de la soirée en nous complimentant. Assurément le plus beau morceau du dernier album Ultraviolet qui sera très bien représenté ce soir avec « Quicksand », « Long Gone » bien lourd et traînant où le chant à la manière des « mantras » de Laura nous projettera loin vers un pays épicé avec le démarrage des deux batteries dans un duel shamanique, ou encore « We're Taking This » qui prennent une autre hauteur sur scène.
On comprend mieux le son si particulier de Kylesa quand on voit le nombre de pédales d’effets placés devant les musiciens. Ce son qui ronronne, qui tourne dans les têtes. « Running Red » a toujours ce pouvoir de remettre les choses en place. Carré, droit au but, brutal sans concession. Après cela les musiciens s’accordent un break avant des rappels.
« Don’t Look Back » d'abord, et « Said and Done » qui verra Laura se jeter dans la foule pour un crowdsurfing avec sa guitare dans un premier temps avant de pouvoir la reposer sur scène avant de plonger à nouveau au dessus des têtes pour un dernier tour.
Un concert fort, entier, sans concession. Un public qui était vraiment bien réveillé pour un Lundi qui n’aura pas arrêté de mettre le feu dans des pogos infatigables. Laura avait raison dans son interview, c’était un très bon Lundi !
Lionel / Born 666
Photo : Lionel / Born 666 / © 2013
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