Le syndrome de Peter Pan peut mener à une paralysie émotionnelle, une impuissance sociale et autres réjouissances mais peut aussi aboutir à un projet musical original. C'est le cas des charentais de Hollow Child, cinq garçons s'étant donné pour but depuis fin 2009 de distiller une musique à la rencontre du rock progressif et du trip hop et de l'associer à moult et moult vidéos afin de transmettre le plus d'émotions possibles. Oui, je sais : Et Peter Pan dans tout cela ? Mais j'y viens, le groupe décrivant lui-même son univers comme «la frustration de ne jamais s'inclure, ni dans le monde des enfants, ni dans celui des adultes nous laisse errer dans un prisme sonore qui nous pousse inéluctablement vers la folie. ». Et en effet, le combo délivre un rock schizophrénique et plaintif à vous donner des envies de meurtre ou pire... Le hic ? Lors de l'écoute on ne ressent pas vraiment ce complexe intérieur lié à l'enfance, et il en est de même avec les images qui ne sont pas bouleversantes bien que très réussies. Ennuyant pour les uns, captivant pour les autres, il n'en reste pas moins qu'un gros travail de composition a dû être réalisé en amont au vue des nombreuses couches qui s'assemblent et se délient sur chaque piste pour un rendu tout en relief. Je vous recommande néanmoins d'écouter ces cinq titres, un premier échantillon avant leur deuxième album (qui était plutôt passé inaperçu), sans faire autre chose afin d'en apprécier tout les motifs. Et cela commence dès maintenant avec «Season's Spirit » :
A l'écoute de ce maxi 5 titres, l'une des premières choses que l'on remarque c'est que chez Hollow Child la voix sert la mélodie, qui le lui rend bien, en laissant une grande place à l'instru. Impression d'ailleurs renforcée par une production qui met en valeur les instruments, plutôt que de se concentrer sur le chant, laissé à l'arrière mais qui conserve toute sa pureté. On saluera d'ailleurs une alliance guitare/clavier du plus belle effet. Puis, un brin de lyrisme, voire même de classique, vient nous surprendre sur «Season's Spirit », une piste franchissant la barre fatidique des sept minutes à la fois douce et angoissante, paradoxe qui en fait un morceau pouvant se révéler extrêmement touchant. Surtout comparé au plus aseptisé «Waiting », qui réussit quand même à étonner grâce à un petit air latino enjoué en milieu de morceau ; ainsi qu'au plus commercial «Jester of the Google Age». Mais là encore le tableau n'est pas totalement noir puisque ce dernier morceau comporte quelques riffs intéressants qui soulignent un rock enlevé, un refrain efficace, ainsi qu'une belle prestation de la batterie qui se fait plus discrète sur les autres pistes. Comme c'est notamment le cas sur "This Day", utilisant plus de sonorités éléctroniques, ainsi que sur «Child Laugh», qui avec un faux air de Radiohead et toujours cette douceur mélodique qui contraste avec le chant plus agressif en arrière fond nous étonne par ses moments de retour au calme après des rythmes torturés.
Car le groupe indé se démarque notamment par ses humeurs changeantes : un air festif se dégage de tous les morceaux à un moment ou un autre, alors qu'à d'autres instants ils nous plongent dans les limbes du rock lourd et triste. Mais à part cela, et une voix particulièrement plaintive, (qui devient carrément désagréable sur l'énervé "Nevrotic Bob"), rien à signaler : les Hollow Child font une musique à part, c'est certain, sans pour autant avoir une personnalité et un univers follement différent. Cependant, me concernant l'objectif de ces quelques titres est atteint : me voilà curieuse de voir si les gars laisseront librement gambader leurs délires schizophrènes tout au long de l'album, et surtout si ils colleront plus avec leur désirs, à savoir «une alchimie entre l'incompréhension, la haine, et cette éternelle incapacité à endosser notre rôle d'adulte. ». Au plaisir donc !
Tracklist :
Child laugh (7min24)
This Day (5min38)
Waiting (4min47)
Nevrotic Bob (5min22)
Season's Spirit (7min19)
Jester of the Google Age (4min11)
Note réelle : 6.5
Bonne écoute !