J'attendais ce concert depuis la sortie de l'EP The Wayside à l'automne dernier tant il m'avait remué. L'occasion était trop belle de saisir Tyler Bryant & The Shakedown à La Boule Noire ce 15 mai dernier entre deux concerts en première partie d'AC/DC. Car oui, ces minots sont sur la tournée mondiale d'AC/DC...
Je vous invite à (re)lire ma chronique de The Wayside pour vous faire une idée de ce qui vous attend, le lien est sous l'article.
French Tobacco
C'est un français qui ouvre la soirée à 19h20 ce dimanche soir, Sacha de French Tobacco, tout seul avec sa guitare, sa stompbox valise et ses couilles. Sacha est un grand mec tout fin à la voix douce adepte du sifflement. Sa musique oscille entre Blues et Folk. La Boule Noire est à moitié remplie en ce début de soirée, et certains de ses fans ont fait le déplacement.
Sacha reprendra le "Folsom Prison Blues" de Johnny Cash en deuxième morceau, fallait oser, d'autant qu'il sifflera les refrains, c'est réussi, le public adhère. Pour le troisième titre, Sacha demande le soutien du public car il est bien plus nombreux que lui selon ses dires vérifiables, pour une chanson pop folk saupoudrée de "oh oh oh oh" et d'invites au voyage "I think I need to go", ça tombe bien la valise est déjà sur scène. On sent le mec sur le départ mais vu comme il attire le public, pas dit qu'il parte seul...
La suite est une chanson d'amour écrite à 3 heures du matin, la meilleure heure pour les hommes romantiques selon lui. Pour ce "3 in the morning", Sasha nous demande en plaisantant si l'on a des briquets et s'y met. La valise-box ne soutient que sur que temps quelques des mesures, mais c'est beau.
Sasha réaccorde sa guitare, se plait à dire en riant qu'il n'a toujours pas d'assistant pour le changement de guitare mais que ça viendra... Il nous demande de raconter des blagues pour patienter, car lui n'a pas le droit, vu son humour, sa manageuse le lui interdit, ce qui est déjà drôle.
Il enchaînera avec "Cry" titre au rythme soutenu sous forme de chevauchée qu'on peut entendre en radio et voir à la télé, si ce n'est pas le début de la gloire, ça. Un passage est juste chanté doucement, le public se tait complétement, puis retour de la valise et de la gratte, le public se met à bouger.
Retour à un Blues plus sombre, vocalisant, puis quasi western avec de l'écho doublement de voix sur la fin. Il est 20 heures, la salle est quasi pleine, Sacha prolonge le plaisir avec son "Shine" avant de nous laisser...
Tyler Bryant & The Shakedown
Le concert tant attendu s'annonce vraiment costaud, pas d'intro, non, c'est un gros riff Blues heavy qui ouvre le show sur lequel Tyler s'impose sur le devant de la scène, point levé. Tyler Bryant, chanteur-guitariste, graine de star au look de Ramones, cheveux mi-longs, futale serré pattes d'eph. A 25 ans, il s'est déjà imposé comme l'un des tous meilleurs guitaristes de l'écurie Fender. Il fait équipe avec les 3 Shakedown aux guitare, basse, batterie, pour un combo classique mais impressionnant. Le début de ce concert rappeller franchement les débuts hard rock de Led Zeppelin. Le son est très puissant, les guitares grincent méchamment, Tyler est un phénomène qu'on dirait venu des 70's, j'ai rarement vu autant d'énergie sur scène, ça virevolte en tout sens, ça électrise. Le public de la Boule Noire est très réceptif, les mains se lèvent, ça bouge pas mal. On a affaire à 4 musiciens au top, et ça fait un sacré bien.
Le batteur nous invite à taper des mains, mais y avait franchement pas besoin, on y est déjà. La tête dans mon carnet, j'envie ma voisine qui se déhanche, ma prise de notes s'en ressent, je bouge ! Mais comment ne pas bouger son boule à ce concert !
Le second guitariste hurle, on est chauds pour le Blues suivant qui sent bon le Sud des Etats-Unis. Vraiment l'impression d'être à Nashville à une autre époque, la meilleure qui pis est. Putain que ce son est dense. Pour cette chanson, le guitariste rythmique slide un petit riff envoutant. Côté voix, on ressent la jeunesse de Tyler (Robet Plant a été jeune aussi, non ?) et le public le soutient par de longs "ooohhh ooohhh", pas besoin de demander, on est chauds. Dans les 70's, les Shakedown auraient été de sérieux prétendants au trône, mais ils ont encore mieux, soit les portes grandes ouvertes pour devenir des stars du Rock. En attendant, ils sont déjà adoubés par les plus grands car ils ont pu déjà faire les premières parties pour Aerosmith, Jeff Beck, ZZ Top et maintenant AC/DC... Ca vous pose les mecs... On leur souhaite franchement la même carrière !
C'est le premier concert du groupe à Paris, du coup, en pied de nez, Tyler porte un t-shirt "Paris, Texas", là d'où il vient, pour faire honneur à notre ville nous dit-il avant d'ajouter, tout heureux qu'il est d'être ici, qu'à Paris, Texas, il y a aussi une tour Eiffel mais elle porte un chapeau de cow-boy ! Après ce bref intermède, Tyler emmanche sa guitare spécial Blues sidé, l'autre guitarite s'affublera de maracas tandis que le bassiste chope des cymbalettes et que le batteur se calme pour un petit moment (enfin, calme, calme... C'est vite dit, il tape encore putain de fort !)
Caleb Crosby, le batteur, est un vrai fou furieux en marcel, mega costaudes ses frappes sur ses futs et cymbales. Quelle patate ! Il déborde d'énergie, le garçon ! Voyez quel showman il est dans cette vidéo prise au concert où il joue dans la foule. Pour une fois que ce n'est pas le chanteur ou un guitariste qui descend dans la fosse. Tyler l'accompagne tout de même un moment durant lequel le public s'agglutine en cercle autour d'eux :
Extrait capté à La Boule Noire - 15/05/2016
A la fin de ce gros show de fosse, Caleb largue son énorme tom dans le public et remonte sur scène en courant et sautant pour finir le morceau.
On ne sent plus d'où le son vient, il est en nous, trop sexy, on est pénétrés. Tyler nous annonce un album à venir pour la fin d'année, bien bonne cette nouvelle, et lance donc "Old Bones" qui en est tiré. Dans ce titre on invoque les plus grands bluesmen, c'est classique mais ça en jette ! Je suis comme un petit fou et me met à penser que je verrai le légendaire Neil Young à Toulouse en juin pour boucler la boucle, mais quel honneur de voir une si belle relève. Non, le Rock n'est pas mort ! Il nous fera toujours frémir, ce genre majeur.
De retour maintenant avec The Wayside pour "Stitch It Up". C'est le public déjà très fan qui annonce le nom du morceau dès les premières notes. Le groupe arrive tout juste en France mais on a déjà envie de l'y retenir ! Le public connait les paroles. A La Grosse Radio, une interview de Tyler Bryant arrive bientôt, on en saura plus sur ces 4 petits gars qui ne paient pas de mine mais dont l'envol est déjà programmé. Sans arrêt prévu. Tyler finit ce morceau en jouant sur les cordres sur la tête de sa guitare, virtuose et original, le garçon.
On poursuit avec "Give it up", morceau Hard Rock où la voix du chanteur assez aigüe suit bien. Vient ensuite un solo qui démarre le morceau suivant avant d'arroser sévèrement avec "Loaded Dice & Buried Money", certainement le meilleur titre du dernier EP, tout est accrocheur dans ce morceau : riff, ton, rythmiques, tout ! Pas trop de notes dans les solos de Tyler, la marque des grands, pas besoin de trop en faire car ça fonctionne déjà à mort.
Tyler Bryant alterne entre trois guitares. Le plus souvent il joue sur sa Stratocaster blanche dont l'usure de la peinture nous montre bien son amour de sa guitare. Il se sert aussi d'une Telecaster plus rentre dedans. Et également donc sur une guitare Blues dont je vous parlais plus haut. Mais c'est bien avec sa Strato qu'il joue "Mojo Workin'" (présente sur l'EP), reprise hommage au "Got My Mojo Working" de Muddy Waters mais en version Hard, quand je vous disais que nous étions sous haut patronat à ce concert ! Il connait ses classiques et maîtrise tous les styles, le Tyler. Et bordel, cette reprise est costaud !
Tyler Bryant & The Shakedown - "Wash Me Holy" (Live from the Beast) - 11/12/2015
Un morceau plus bourrin encore poursuit ce set déchaîné. On continue avec The Wayside, le public demande son morceau favori et c'est "The devil's keep" qui arrive pour du Blues Heavy, Blues d'enfer lent et lourd. L'alternance des morceaux se fait bien, on ne tiendrait si le groupe restait tout du long sur sa fougue et sa puissance !
Le gars au legging à pattes d'éph aux motifs étranges va pouvoir quitter la scène comme un grand, certains ont pu le voir au Stade Vélodrome de Marseille (où d'habitude on tape niaisement dans une baballe pour la mettre entre des poteaux, on ne comprend toujours pas pourquoi...) avec AC/DC selon notre envoyé sur place (voir lien du live report sous cet article), le son du groupe avait été bridé, étrange pour un stade... Mais ici à la Boule Noire, on en prend plein les oreilles et ça fait un putain de bien, les Shakedown ont ravi nos coeurs de rockeurs en passant du Blues à l'Heavy, du Rock 70's au Hard Rock. Grand moment de maîtrise et de partage, c'est con à dire comme ça, mais bon... On en redemande ! Le public commence quelques pogotages en règle. Le groupe profite d'un (rare) moment de relache pour prendre un selfie avec le public (bon comme un con, je suis dans le noir derrière le chevelu au poing levé, mais on s'en fout) :
Tyler relance sa team dans un dernier Hard Rock low tempo - que je croyais oui ! -, ça monte en puissance, les roulements se multiplient, l'ensemble claque. Ces jeunes rockeurs avaient encore faim. Ca tombe bien, nous aussi. La musique continue pendant les "Thank you, Paris !" de Tyler et des derniers roulements de batteries à répétition finissent le show. Les 4 américains s'en vont mais c'est mal connaître le public de la Boule Noire qui fait montre de toute sa joie, de sa puissance vocale, de sa frappe du pied au sol pour rappeler Tyler et sa bande.
Le groupe, pas avare et surtout fidèle à la tradition, revient sur scène. Tyler balance au public des mediators flanqués du logo de l'EP The Wayside, une main sombre (je n'en ai pas reçu, comme un con que j'étais contre le mur du côté, mais on s'en fout encore...). Le leader nous rappelle sa joie d'être à Paris pour la première fois tandis que des "oh ohoh oooh !" de la foule l'enjoignent de poursuivre sa prestation guitare en main. Tyler y retourne donc avec sa guitare Blues pour un morceau tout en slide pour finir en beauté.
On aura assisté ce soir à un grand spectacle. On sort tous ravis et éclatés de la Boule Noire. A bientôt, Tyler !
Live report : Yann Landry
Vidéo : Nell Sow
Merci à Olivier, de Replica Records