[Festivals] Bénévolat, là, las

La saison des festivals a déjà commencé, on a déjà eu par exemple We Love Green début juin, le Hellfest arrive la semaine prochaine. Vous allez être des centaines de milliers à aller de scènes en scènes lors des festivals de l'été. Et on connaît la chanson : sans bénévoles, pas de festivals. Pour que la foule savoure, il lui faut du pain et des jeux du cirque, comme l’expliquait le poète de la Rome antique, Juvénal. Il faut du divertissement au peuple. Celui-ci a un coût. Il faut que le peuple oublie ses tourments l’espace d’un weekend, comme en festival, où la médiocre bière à la tireuse automatique hors de prix coule à flots.

Il faut tellement de ce temps de répits du quotidien que depuis le Covid, les festivals, en une espèce de rattrapage, sont passés en formule à 3 jours, voire 4 jours pour les plus gros comme le Hellfest ou Rock en Seine. Avec une abondance des têtes d’affiches millionnaires et d’une centaine de groupes de remplissage, les tarifs des billets à la journée ou pour toute la durée du festival ont explosé, plus 15% en moyenne entre 2019 et 2022 selon le Centre National de la Musique, mais pas le pouvoir d’achat des Français. Car les cachets des stars ont augmenté aussi énormément : comptez 2 millions d’euros pour les seuls Iron Maiden au Hellfest l’an dernier et même 3 millions pour Metallica l’année précédente.

Crédit photo : Eric de Perpignan

En 2017, Sting aux Déferlantes, selon nos sources, c’était 700 000€ en prix négocié, car derrière, il faut bien payer les cachets des « petits groupes », enfin cachets… Comprenons-nous, il s’agit pour les groupes de l’après-midi de cachets minimums d’intermittence à environ 100€ par musicien, quand certains festivals osaient même offrir des chèques cadeaux Ikea, histoire vraie… Du pain et des jeux contre des meubles en kit, pour une économie de la culture en carton. Et pour faire fonctionner les festivals, si les équipes dites techniques sont rémunérées, il n'en est pas de même aux bars, aux cateringS, aux vestiaires, aux runs artistes et à toutes autres fonctions invisibles. Aussi aberrant que cela puisse paraître, bien souvent les équipes de photographes officiels sont aussi bénévoles !

Crédit photo : Lilgoth Live Picture

L’an dernier, en travaillant aux relations presse d’un gros festival, j’avais six bénévoles à ma disposition qui parcouraient des tonnes de kilomètres par jour pour aller chercher les artistes depuis les scènes vers l’espace presse ou les loges : contre deux repas par jour, quelques tickets boisson et une place dans un camping dédié à côté de l’espace VIP. Pour du pain et des jeux, pour que la foule savoure, ce sont des milliers de personnes qui assurent le show, sans être payées, ni même considérées. Il y a et aura toujours des jeunes partants pour l’aventure du bénévolat en festival, le ruissellement, ce n’est pas pour maintenant (enlevez 1 000 000 d'euros aux têtes d'affiches et vous pouvez payer 1 000€ à 1 000 bénévoles par exemple, hein. L'argent est là), mais on doit tous en passer par là, paraît-il.

Crédit photo : Olga Robinson

Après tout, Sting aussi a joué au chapeau dans des bars londoniens quand il avait 20 ans, mais ce n’était pas non plus la même économie de l’opulence des stars et de Live Nation. Pensez-y cet été : à qui profitent les jeux du cirque ? A vous ? Aux artistes ou aux gros producteurs de spectacles qui les jettent sur scène comme des gladiateurs des temps modernes en parcourant tous les festivals de France et d’ailleurs tout l’été ?

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