Alcest – Les Chants de l’Aurore

Ce vendredi 21 juin sort le septième opus du groupe français Alcest. Déjà cinq ans se sont écoulés depuis la sortie de son dernier album Spiritual Instinct.  Le groupe a depuis enchainé les tournées et accru sa réputation pour devenir une référence de la scène musicale shoegaze et metal en France. Il est l'heure de découvrir ce que Neige et Winterhalter nous ont proposé cette fois ci. Et soyez-en sûrs, nous avons beaucoup à dire sur ce nouvel album, intitulé Les Chants de l'Aurore.

Comme à son habitude, Alcest ne propose qu'une poignée de morceaux sur son album et limite cette fois la formule à sept titres, intenses et riches. L'album s'ouvre sur "Komorebi", pièce aérienne qui établit immédiatement une atmosphère planante grâce à ses nappes de synthé. Le nom évoque à nouveau une certaine connivence de Neige (chant, guitare) avec le Japon. En effet, l'artiste français n'en est pas à son premier coup, quand on se rappelle de son cinquième album, Kodama. Les premières notes de guitare, accompagnées d'un effet de résonance (delay) et d'instruments à cordes plus classiques, plongent l'auditeur dans une ambiance onirique.

Les chants d'enfants et les interjections de "hey" ajoutent une touche d'innocence, tandis que la double pédale, signature rythmique d'Alcest, ancre le morceau dans une dynamique black metal planante. La voix de Neige, avec son timbre caractéristique, nous ramène sur des terrains familiers, tout en apportant une nouvelle lumière à l'ensemble. "Komorebi" se révèle lumineux, mariant mélancolie et joie de manière subtile. Et ce sentiment de lumière est d'ailleurs une thématique que l'on retrouve clairement sur tout l'album, ce qui contraste un peu avec l'album précédent du duo, un peu plus sombre.

Dévoilé il y a déjà quelques semaines , "L'envol" marque véritablement le démarrage de l'album avec une rythmique de guitare typiquement "alcestienne", rappelant les fondamentaux du groupe. Les leads de guitare sont marquants, et la chanson alterne entre passages planants et sections acoustiques plus lentes. Ces couches sonores se mêlent harmonieusement, avec un pont qui conduit à un dernier refrain puissant et une partie screamée rappelant les influences black metal du groupe. Le morceau porte d'ailleurs bien son nom, offrant une ascension sonore avant de redescendre doucement.

"Améthyste" est sans aucun doute la chanson la plus progressive dans sa structure. Elle pioche en effet dans toutes les influences du groupes et offre de nombreuses parties aux atmosphères bien différentes. La chanson débute par une rythmique évoquant l'album précédent, avec des riffs aigus et successifs. Le morceau alterne alors brillamment entre une mélodie planante et des rythmes étouffés à la guitare par un effet de delay. On regrette d'ailleurs que cette partie ne soit qu'une sorte de transition. Le groupe aurait pu exploiter plus longtemps ce passage. La chanson se dirige alors vers une partie épique culminant avec un cri exultant de Neige. Mention spéciale aux transitions de Winterhalter, particulièrement remarquables en fin de morceau. L'auditeur appréciera de se concentrer d'ailleurs sur ces parties de batterie, tout en subtilité tout au long de l'album. La chanson, progressive dans sa structure, se termine sur une nappe de synthé et un chant doux, offrant une mélodie finale plaisante.

"Flamme Jumelle", qui fait figure de tube de l'album, se distingue par une structure plus simple et classique. Elle se caractérise par une mélodie de quelques notes et un effet de delay très distinctif. Le refrain poétique et les chœurs confèrent à la chanson une ambiance mélancolique mais joyeuse, soulignant encore une fois le talent d'Alcest pour mélanger ces émotions contrastées. C'est d'ailleurs la thématique de la chanson qui traite du sentiment de perte d'un être aimé, alors que l'espoir d'une vie dans l'au-delà apporte une touche d'optimisme.

"Réminiscence" est sans aucun doute l'ovni de l'album. La chanson, unique en son genre, offre un interlude mêlant cordes classiques et piano. La voix de Neige, en arrière-plan, soutient le morceau avec des notes étirées sur plusieurs temps, créant une atmosphère profondément émotive et introspective.

"L’enfant de la Lune" évoque les influences japonaises chères à Neige, rappelant encore l'album Kodama. Le morceau, malgré une rythmique à la double pédale, dégage une mélancolie joyeuse. Winterhalter brille une fois de plus par ses transitions et ses plans de batterie complexes. La voix de Neige, résonnant avec un riff de guitare original, contraste avec des passages planants et un son de synthé japonais surprenant. La partie finale, atmosphérique, est un véritable coup de cœur, avec une basse lourde et grasse. Elle peut clairement être répétée à souhait dans vos écouteurs tant elle est extrêmement efficace.

Dans le nouvel album et dans ce morceau en particulier, Alcest parvient une fois de plus à repousser les frontières d'un son unique. A la fin de la chanson, Neige n'exploite pas seulement le son pur de la guitare mais le retour strident produit par l'amplificateur lui-même. Cette approche audacieuse transcende le simple jeu instrumental pour embrasser une forme plus brute et expérimentale de la musique, où chaque élément sonore, même celui qui est généralement perçu comme un effet indésirable, est transformé en une composante artistique essentielle.

Contrastant avec les autres morceaux, « L’Adieu » conclut l’album avec une ballade très douce et mélancolique. Une guitare acoustique et quelques notes claires de guitare électriques atteignent nos oreilles, alors que Neige chantonne doucement quelques paroles. La chanson s’accompagne progressivement d’une nappe de synthé et termine sur un enchaînement de notes plus aiguës, ce qui est assez inattendu compte tenu de la couleur générale de l’album.

En résumé, le nouvel album d’Alcest est une exploration lumineuse et mélancolique, où chaque morceau révèle une facette unique du talent du groupe pour fusionner des éléments contrastés en une harmonie cohérente et envoûtante, ce qui ravira les fans. Alcest n'est "ni un groupe de black-metal, ni un groupe shoegaze", comme l'a d'ailleurs déclaré Neige, mais bien un groupe avec son genre propre et sa "patte".

Les Chants de l'Aurore pioche un peu dans toutes les influences du groupe. De ce fait il sera peut être un peu moins marquant, avec une moindre prise de risque. Il faudra voir avec le temps si les titres de l’album s’imposeront comme des références dans les setlists.  Dans tous les cas, certaines chansons sont vraiment à découvrir, et on y perçoit un son qui se rapproche de l'album plus shoegaze Shelter (2014). Par ce côté plus lumineux que les deux derniers albums, Alcest nous offre dans ce mélange d'émotions une touche d'optimisme et d'espérance qui fait plaisir à entendre en 2024. Et on a déjà hâte de découvrir ce nouvel opus en live. Le groupe passera notamment à l'Olympia le vendredi 6 décembre prochain.

Nos morceaux marquants  : « Komorebi », « Améthyste », « L’enfant de la Lune »

Les chants de l'aurore, disponible dès aujourd’hui chez Nuclear Blast. 

Tracklist Les Chants de l'Aurore :

01. Komorebi
02. L’Envol
03. Améthyste
04. Flamme Jumelle
05. Réminiscence
06. L’Enfant de la Lune (月の子)
07. L’Adieu

Alcest Les Chants de l'Aurore
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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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