Rattenfänger
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Epistolae Obscurorum Vivorum
Chez Dark Essence Records
S'il vous vient à l'esprit de faire des cadeaux pour cette fête païenne transformée en un week-end de gavage forcé en famille que l'on appelle Noël, pensez à offrir un concentré de Death Metal old school Ukrainien, que vous pourrez vous procurer sur le site de Dark Essence Records. Ma dernière (très) bonne surprise en date venue du pays de Yushchenko, c'était Agruss avec son bijou Black/Death intitulé Morok. Cette fois-ci, c'est dans devant un Death Metal au son d'outre-tombe que je m'incline. L'Ukraine a de très bonnes choses à proposer, alors si vous en avez assez de tourner en rond avec vos vieux CD, ruez-vous sur Epistolae Obscurorum Vivorum comme si c'était votre dernier repas.
Rattenfänger est un superband Ukrainien du pauvre, mais toutefois avec des membres de Drudkh, Hate Forest, Old Silver Key, Blood of Kingu et Dark Ages. Il a donc déjà de quoi régaler plus d'un et il est vrai que l'album reflète les influences de ses membres dans un album puissant, captivant, au son d'autrefois.
Pour la petite histoire, le nom du groupe est inspiré d'une vieille légende allemande du joueur de flûte de Hamelin à qui le maire a demandé (moyennant récompense) de jouer les dératiseurs (rattenfänger) afin de libérer sa ville des rats qui l'infestaient et sauver ses habitants, épuisés par la faim et la maladie. Le joueur de flûte attira, par sa musique, les rats dans la rivière afin de les y noyer. Cependant le maire ne remplit pas sa promesse de récompense et le joueur de flûte, pour se venger, attira de la même manière les enfants de la ville dans une grotte qu'il referma derrière eux, avant de disparaître. Sachez aussi que tous les titres sont chantés en latin.
L'album débute sur une intro des plus glauques qu'il m'a été donné d'entendre et qui pose l'ambiance... ce sera sombre, malsain et d'un autre âge. Puis, on se fait directement piétiner par les blasts d'un « Grimorium Verum » avec un son et une voix gutturale au-delà de la mort. Le son est si grave, que la comparaison avec un Nader Sadek est inévitable. Il semblerait, après de nombreuses écoutes, que ce soit l'un des titres les plus accrocheurs, de ceux que le combo veut clairement laisser dans la postérité. Le titre agit comme un rouleau compresseur et invite à headbanguer au rythme des riffs très accrocheurs.
Des odes à la lenteur comme « Victa Lacet Virtus », avec sa lourdeur incroyable, surpassée même par celle de « Nunc Scio Tenebris Lux » qui donne dans un Doom/Death old-school, procurent à l'album une atmosphère insalubre et nous plongent dans un vieux Grave ou un Mortician.
Rattenfänger n'enterre pas tous les précurseurs du Death Metal précités, mais propose un album honnête et bien construit dans cette même veine old-school. En revanche, il se place volontairement dans un registre sombre, médiéval, maladif ... à en perdre cette patate dévastatrice dont il devrait être pourvu pour nous faire fracasser le crâne. Le titre « Clausae Potent » y parvient quelque peu par son groove incroyable et ses coups de batterie cadencés, mais il lui manque un ingrédient essentiel à tout bon Death Metal réussi : ce souffle de mort dévastateur. On s'en rend bien compte lorsque le titre ne puise pas la puissance nécessaire pour tout ravager sur sa dernière minute... décisive.
En revanche si vous voulez vous enterrer au fond d'un trou pour mieux apprécier la lourdeur, la crasse et le groove de Rattenfänger, je vous propose de me rejoindre dans celui que j'ai déjà creusé pour cette période de fêtes de fin d'année ... on en sortira tous les deux extrêmement cafardeux !
Katarz