Green Day – ¡Uno! ¡Dos! ¡Tré!

A la surprise générale, Green Day annonçait il y a quelques mois son grand retour avec non pas un, ni deux, mais trois albums. Les sorties de ces disques étaient décalées, et voilà, on y est enfin. Trois ans après la sortie de 21st Century Breakdown, la trilogie est au complet entre nos mains, puisque ¡Tré!  est à présent disponible. L’occasion donc de faire un bilan sur cette trilogie pas comme les autres.

 

green day

 

Des idées à profusion

Le 14 février 2012, Billie Joe Armstrong, Mike Dirnt et Tré Cool, qui aiment leurs fans, décident de leur faire un beau cadeau de Saint Valentin en annonçant qu’ils commencent à enregistrer un nouvel album. Le groupe semble très inspiré et des idées à profusion émergent dans leurs têtes. Ils composent tellement de chansons qu’ils décident de faire une trilogie. Des morceaux, il y en avait beaucoup qu'ils jugeaient bons. Faire un choix aurait été trop dur, en laisser certains au placard aurait été un gâchis. A l’image du groupe Van Halen qui a sorti Van Halen, Van Halen II et Van Halen III (mais eux l’ont fait avec plusieurs années d’écart entre chaque), Green Day nomme ses albums ¡Uno!, ¡Dos! et ¡Tré!. Trois titres classiques, mais qui permettent de faire le lien entre eux. Si l’idée d’avoir trois albums de Green Day d’un coup peut réjouir, on pouvait aussi penser qu’il y aurait beaucoup de morceaux bas de gamme pour combler les trous.

Le groupe pensait au départ composer un disque classique comme il sait le faire, mais finalement il s’est retrouvé avec diverses sonorités. Globalement, ils sont partis, sans s'en rendre compte, dans trois directions différentes, les ont exploitées et les ont réparties sur trois CDs. Le groupe a écrit dans plusieurs endroits du monde (USA et Europe), d’où cette différence frappante entre les trente-six chansons de la trilogie.

Le trio a coproduit la trilogie avec Rob Cavallo qui avait déjà produit quatre des autres albums du groupe. Billie a écrit lui-même toutes les chansons en cherchant l’inspiration dans ce qu’il observait autour de lui (le positif, comme le négatif). Ici, plus de morceaux engagés, c’est davantage party, sex and alcohol. Le trio est resté fidèle à son label Reprise. Et afin d’être bien sûr de ne pas passer du tout inaperçu et de faire languir les fans, le groupe a fait, avant la sortie de la trilogie, une promo intense sur le net et a multiplié (un peu trop ?), au fur et à mesure, des infos concernant les albums. On n’en finissait pas avec les annonces de dates de sorties, de noms de singles, de vidéos…Alors, cette trilogie valait-elle le coup de faire autant de bruit ? D'autant plus que Billie a affirmé que c’était la meilleure musique qu’ils aient jamais écrite.

 

green day

 


¡Uno!

Sorti le 25 septembre 2012, ¡Uno! est le neuvième album studio du groupe. Sur la pochette on peut voir le visage de Billie. Sur le CD eh bien, c’est, de manière générale, du Billie, du Tré et du Mike tout craché. Beaucoup d’hymnes punk rock et pop punk comme la formation sait déjà le faire. ‘’Nuclear Familly’’ et ‘’Let Yourself Go’’ sont des titres de Green Day dans toute sa splendeur avec l’énergie et la folie qu’on leur connaît. Ces morceaux sont dans la continuité des albums précédents. Globalement, c’est le genre d’album auquel on pouvait s’attendre. Le groupe n’a pas vraiment pris de risques. Green Day joue du Green Day (et même parfois imite du Green Day, mais dans une version essoufflée). Une voix, deux guitares, une basse, une batterie, le groupe fait dans la simplicité et l’efficacité pour un album puissant. Le trio affirmait vouloir un son sans fioritures pour renouer avec le rock des 50’s et 60’s. On va des riffs qui foutent des baffes à des refrains entraînants plus power pop. Mais si cet album est dynamique, les morceaux semblent avoir été fabriqués dans le même moule et sont plus ou moins similaires dans leur structure et leur résonnance globale.

Il y a quand même quelques exceptions. Sans surprendre, ‘’Troublemaker’’ se démarque pourtant avec son rythme saccadé et s'avère diablement efficace. ‘’Kill The DJ’’, à la cadence marquée, est une des grosses surprises.  Un son presque ska, un côté pop pour son refrain entrant rapidement en tête, c’est un morceau sur lequel le groupe a voulu tenter de nouvelles choses et c’est une réussite. ‘’Oh Love’’, en revanche, peut dérouter à la première écoute. Si à force de l’écouter on finit par capter son charme, on ne se fait pourtant pas à l’idée que c’est Green Day qui a composé ce morceau. Après plus de 20 ans de punk et de rock, c'est un peu une tâche dans leur discographie. Si le groupe n’a ici pas poussé davantage dans l’innovation, pas grave, cela va bien changer avec ¡Dos!.

Tracklist :
1. Nuclear Family
2. Stay the Night
3. Carpe Diem
4. Let Yourself Go
5. Kill the DJ
6. Fell for You
7. Loss of Control
8. Troublemaker
9. Angel Blue
10. Sweet 16
11. Rusty James
12. Oh Love

 

green day, uno, 2012

Quelques jours avant la sortie du disque, le groupe se fait remarquer en créant son petit scandale. Le 21 septembre 2012, les Californiens se produisaient à l'iHeartRadio Music Festival de Las Vegas, lorsqu’au beau milieu d’une chanson, on leur annonce que, pour cause de retard accumulé tout au long de la soirée, leur show doit être écourté pour laisser la place à Usher. Il ne reste plus qu’une minute au groupe pour jouer. Frustré, Billie est hors de lui, il se met à insulter les organisateurs et à s’en prendre verbalement à Justin Bieber à coups répétés de « fucking », avant de casser sa guitare sur le sol et de quitter la scène. Le lendemain, on apprend que Billie est parti en cure de désintoxication. Les concerts et tout ce qui touche à la promo du disque sont annulés. On aura vu plus mature comme attitude hein…

 

¡Dos!

Sorti le 13 novembre, c’est au tour de Mike Dirnt de figurer sur la pochette. Cet album est un tournant dans la discographie du groupe. Si certains ont pu se plaindre du son répétitif sur son prédécesseur, ¡Dos!  apporte une bouffée de fraîcheur. Bon, il est vrai qu'aucun titre ne peut prétendre entrer dans la liste des plus gros tubes de Green Day. Mais c’est un disque déroutant et captivant qui s’engage dans une voix plus rock garage avec des guitares frémissantes.

On peut noter la présence du pétillant ‘’Fuck Time’’, un des titres des Foxboro Hot Tubs, un side project du groupe. Pour le reste, eh bien cette galette est bourrée d’un charme différent qu’on ne connaissait pas au groupe. C’est une autre forme d’énergie. Du Green Day, mais du nouveau Green Day. On se divertit à l’écoute de cet opus en passant de la petite bombe ‘Ashley’’ à l’acoustique ‘’Amy’’, hommage à Amy Winehouse. Impossible de ne pas mentionner le morceau le plus déroutant de Green Day à ce jour, le génial ‘’Nightlife’’. « C’est comme pour ‘’Kill The DJ’’, c’est le genre de titre qu’on n'aurait jamais fait par le passé ». Mais finalement, ‘’Nightlife’’ est une des pépites du disque. Une nouvelle façon de chanter pour Billie qui est accompagné de la chanteuse Lady Cobra du groupe Mystic Knights of the Cobra et qui apporte une touche hip hop au titre. Le groupe est passé à un niveau supérieur avec ¡Dos!. Donc en toute bonne logique, ¡Tré! sera encore plus génial !

Tracklist :

1. See You Tonight
2. Fuck Time
3. Stop When the Red Lights Flash
4. Lazy Bones
5. Wild One
6. Makeout Party
7. Stray Heart
8. Ashley
9. Baby Eyes
10. Lady Cobra
11. Nightlife
12. Wow! That's Loud
13. Amy


 

¡Tré!

¡Tré! devait initialement sortir en janvier 2013, mais, suite à l’annulation des concerts (la cure de désintox'), le groupe a voulu se faire pardonner et a avancé la date de sortie au 11 décembre. Cette fois-ci, c’est donc Tré Cool qui se retrouve sur la pochette. Mais « très cool » n’est pas vraiment l’adjectif qui convient pour cet opus. Après l’enthousiasme délivré par ¡Uno! et la bonne surprise procurée par ¡Dos!, on est un peu déçu.

Le groupe disait que ce disque était dans un style épique. Ok, peut-être que ‘’Brutal Love’’ et ‘’The Forgotten’’, deux ballades alimentées de trompettes, piano et violons auront un côté grandiose jouées dans un stade, mais sinon, on a affaire à un album axé pop plutôt fade dans l’ensemble. Les Californiens en parlaient comme l’opus le plus ambitieux des trois, mais on voit difficilement en quoi. Le disque ne décolle jamais vraiment. Le groupe n’a rien perdu de sa gaité, mais tout est trop sage. Il y a beaucoup de mélodies bateaux comme sur ‘’99 Revolutions’’ ou le refrain se résume pour Billie à répéter le titre du morceau encore et encore. ‘’Dirty Rotten Bastard’’ est un morceau qui reste dans l’esprit punk, il aurait pu être bon, mais à trop de moments il se traîne et le début rappelle un peu trop les intros de ces pseudo groupes pop-rock pour pré-ados. Dommage qu’on en finisse comme ça avec cette trilogie.

Tracklist :

1. Brutal Love
2. Missing You
3. 8th Ave Serenade
4. Drama Queen
5. X-Kid - 3:41
6. Sex, Drugs And Violence
7. Little Boy Named Train
8. Amanda
9. Walk Away
10. Dirty Rotten Bastards
11. 99 Revolutions
12. The Forgotten

 

 green day, tré, 2012
 

 

¡Quatro!

De manière générale, c’est une trilogie pour faire la fête. Billie disait que ¡Uno! était fait pour aller à la party. On écoute ¡Dos! quand on y est. ¡Tré! tourne sur la platine quand on se remet de sa cuite de la veille et qu’il est temps de remettre tout en ordre. Si on pourrait inverser les deux premiers, ¡Tré!, lui en tout cas, a très bien sa place à la fin. D’ailleurs, heureusement que la trilogie n’a pas commencé avec cet album, on aurait pu légitimement craindre le pire pour la suite. Mention spéciale pour ¡Dos! qui a su surprendre de la bonne manière. On pouvait s’attendre à ¡Uno!, mais c’est toujours un plaisir d’écouter ce que Green Day sait déjà faire. ¡Tré! en revanche passera plutôt inaperçu dans la discographie du trio. Même si les albums sont liés entre eux, ils ont quand même chacun leur univers propre.

La formation semble ne jamais vouloir mourir et garde la pêche. Elle a voulu se renouveler et entamer « une nouvelle ère » comme elle dit. Cette trilogie est un virage pour le trio. Billie, Mike et Tré se sentent aujourd’hui comme un nouveau groupe. ‘’Ce que j’ai appris par-dessus tout, c’est qu’on peut se renouveler même après vingt ans de carrière’’. C’est vrai Billie, mais il faut le faire avec bon goût. Mission réussie sur ¡Dos!, moins sur ¡Tré!. « Quand on regarde les musiciens de jazz, ils deviennent meilleurs avec l’âge. Je pense que c’est ce que nous sommes supposés devenir ».

Seul le temps le dira. En tout cas, la tempête Green Day ne s’arrête plus puisque les Californiens ont annoncé ¡Quatro!, un documentaire réalisé par Tim Lynch. Diffusé le 28 novembre dernier sur la chaîne VH1 aux Etats-Unis, il retrace le making-of de la trilogie et suit le trio lors de ses shows aux USA. Selon Mike, ce film est une façon de rapprocher les fans du groupe. Et en parlant de shows, si tous leurs concerts jusqu’à la fin de l’année sont annulés, sachez que le groupe sera au Main Square Festival d’Arras qui se déroulera les 5, 6 et 7 juillet 2013. Quant aux fans irréductibles, ils peuvent se procurer un coffret récemment sorti réunissant tous les albums studios du groupe de 1990 à 2009. On n'a pas fini d'entendre de parler du trio.

 

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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