Si je dis Graveyard, vous pensez quoi ? Un cimetière grouillant de non-vie ? Un groupe de death metal ? Et bien non, c'est un groupe de... Hard rock inspiré metal, dans le cas le plus violent...
Petit point sur l'histoire du groupe : fondé en 2006 après la séparation du groupe Norrsken par d'anciens membres, Graveyard a changé d'orientation par rapport à son prédecesseur, devenant un groupe de rock des 70's. Et comme tel, on retrouve de nombreuses influences de grands groupes de cette époque, pour n'en citer que quelques uns, Black Sabbath, Janis Joplin, Led Zeppelin et les Stones. Tâchons de voir si les plus belles choses sans vraiment faites dans le noir, voici Lights Out.
Commencons par un parallèle avec un groupe plus moderne, Queens of the Stone Age. Les sonorités du groupes suédois sont effectivement très proches du groupe californien, pour ne pas dire identiques sur de nombreux points.
Ce qui fait cependant la force de cet opus, c'est sa construction, qui bien que courante, est d'une efficacité redoutable. Le groupe, emmené par le chanteur-guitariste Joakim Nilsson, nous offre ainsi un album relativement court dépassant de peu la demie-heure, mais quelle demie heure ! Techniquement, rien à dire, l'ensemble est en accord, à aucun moment on ne ressent une sensation de lassitude sur cet album, l'énergie du groupe est transmise avec une grande efficacité, grâce au combo basse/guitare, dont le jeu n'est pas sans rappeler celui de Creedence Clearwater Revival. Rien d'étonnant, si ce n'est que sur la piste « Endless Night », Black Sabbath s'invite en guest (ceci est une image). Le brûlot a l'étonnante capacité de garder une réelle cohérence tout en se payant le luxe d'être varié et de proposer des riffs inventifs, qui ont le pouvoir d'évoquer les références du style tout en réussissant à ne tomber ni dans le plagiat, ni dans l'hommage involontaire.
De façon générale, le chant est maitrisé, agréable, plongeant l'auditeur dans un état de sérénité. La piste portant le numéro 6, intitulé « Hard Time Lovin » est l'une des plus belles réussites de l'opus, pouvant entraîner dans une sorte de transe. Malgré tout, la piste utilisée pour la promotion de l'album « Goliath » permet à l'album de rafler la mise, bien que laissant une impression très marquée de déjà vu, pour les fans de QotSA et de Creedence. Ceci dit, dans le genre hard rock / stoner, Graveyard se place comme un pilier : dynamique mais porté sur des atmosphères plutôt mélancoliques, le quatuor aime distiller une certaine ambiance dans sa galette plutôt que de tout concentrer sur la bête recette de la piste qui, certes efficace, s'oublie très rapidement. Fredonner une mélodie de ces suédois ne sera pas un acte anodin, tant l'ensemble se veut catchy et professionnel.
Lights Out semble n'apporter que peu de choses au genre, et pourtant, en employant avec maestria les concepts pré-existant du style, son principal défaut n'est autre que sa durée (35 minutes), laissant ceux qui l'apprécieront sur leur faim tant on en souhaiterait plus. A part cela, ce disque a la capacité de démontrer que les scandinaves peuvent s'imposer comme une référence. Du grand art !