La fureur divine
A six albums et presque 20 ans de carrière, Hatebreed montre qu’il a conservé cette rage caractéristique qui fait son identité. Avec ce nouveau disque, intitulé The Divinity Of Purpose, le groupe ne fait pas dans la dentelle et offre une demi-heure de tabassage en règle taillé pour la scène et surtout pour le mosh.
"Nous avons toujours la flamme", avait déclaré le chanteur Jamey Jasta lors d’une interview accordée à La Grosse Radio. A l’écoute de The Divinity Of Purpose, on ne peut s’empêcher d’acquiescer. Aidé par un son massif et puissant, Hatebreed détruit tout sur son passage à coups de riffs simples mais dévastateurs décochés par Wayne Lozinak et Frank Novinec, d’une batterie carrée assurée par Matt Byrne et d’une basse ronde de Chris Beattie et omniprésente. Au-dessus de la mêlée se place un chant toujours aussi rageur et reconnaissable.
Pas de chichis ni de digression avec Hatebreed, les onze titres vont droit au but et n’atteignent jamais les quatre minutes au compteur. Hardcore oblige, les structures sont simplissimes dans cet album, chaque titre se veut efficace et direct. Ainsi, les titres sont principalement construits autour d’un riff répété et décliné à travers différents effets de guitare bruts et parfois repris par la basse, comme sur "Nothing Scars Me".
Cette simplicité révèle l’un des buts principaux de ce disque : le live. The Divinity Of Purpose est taillé pour la scène, avec ses refrains-slogans soutenus par des chœurs criards qui sont facilement remplaçable par un public, ces rythmiques toujours entraînantes qui invitent aux mosh et autres circle pits et le peu d’artifices qui rapproche de l’ambiance de concert. Si le groupe joue de manière carrée et soigne son interprétation, il n’a pas oublié que le hardcore se vivait avant tout dans une fosse, et n’a donc pas oublié son groove.
Malgré cette volonté de simplicité, les musiciens d’Hatebreed ne sont pas des manches et s’autorisent quelques fantaisies, comme de petits licks sur un couplet dans "Put It To The Torch", un break de batterie sympathique sur "Before The Fight Ends You" ou même un solo de guitare rapide et efficace "The Language", le seul de tout l’album. Jamey Jasta s’autorise aussi à varier son cri, en faisant presque du growl sur ce même titre ou en se rapprochant du chant de Tom Araya (Slayer) dans "Dead Man Breathing". Son phrasé enragé typiquement hardcore est sur cet album plus destructeur que jamais.
Les titres dans cet album sont simples, mais se répètent rarement. Hatebreed a en effet l’intelligence de bien répartir ses influences afin de donner un album varié et de relancer l’intérêt à chaque titre. Ainsi, on passe d’un "Indivisible" typiquement punk-hardcore à un mid-tempo purement metal comme "Dead Man Breathing" pour tomber un peu plus loin sur l’enlevé et presque mélodique "Nothing Scars Me". On retrouve aussi des influences thrash à la Slayer dans "The Language" et des ambiances quelque peu inquiétantes sur "The Divinity Of Purpose".
Toujours entre le hardcore et le metal, les américains brassent les influences pour offrir cette mixture musicale dont ils ont le secret, toujours aussi agressive et implacable. Le groupe n’a pas perdu de vue l’esprit hardcore, qui bannit les artifices et la prétention, tout en restant carré et brutal. Hatebreed sert ainsi avec The Divinity Of Purpose un album solide et taillé pour le live, du niveau des classiques du groupe comme The Rise Of Brutality et Supremacy.