Giant X ? Non, ceci n'est pas le nouveau pseudonyme de Rocco Siffredi ou un pivot de basketball jouant sous anonymat, mais bel et bien un nouveau groupe allemand prêt à faire remuer le popotin de tout fan de hard un tant soit peu nostalgique. Ah la nostalgie, parlons-en, car le terme "nouveau" s'avère quelque peu galvaudé lorsqu'on regarde le line-up de ce géant semble-t-il sorti de nulle part. Déjà le fait qu'il soit signé chez SPV/Steamhammer aurait dû nous mettre la puce à l'oreille, mais lorsqu'on lit les noms de Peter J. Jordan et surtout Rolf Kasparek, on se dit que... what? Des homonymes ? Les gars de Running Wild ne peuvent quand même pas s'être lancé dans le hard rock, si ?
Et pourtant... Remarquez, suffit déjà d'avoir écouté le précédent opus du groupe pirate allemand, un Shadowmaker assez déroutant paru l'an passé, pour ne pas être au final tant surpris que cela. Alors l'ami Rock 'n' Wolf assume-t-il ainsi pleinement son envie de "calmer le jeu" avec une attitude plus rock éloignée de son heavy speed originel ? En créant ce nouveau groupe, on peut enfin l'affirmer, et cela devrait donc moins déranger les puristes qui pour beaucoup avaient crié au scandale en écoutant le disque sorti l'an passé sorti sous le nom de Running Wild et bien éloigné des Black Hand Inn ou Pile of Skulls d'antan.
Dès l'introduction très "reportage catastrophe", le ton est donné : c'est le fun qui semble primer et l'emporter, et ce tout au long de cette première galette et sobrement intitulée I sortie le 21 janvier dernier. Très vite, les dés sont jetés, "On a Blind Flight" nous lance dans un hard rock speedé old school, sorte d'Iron Maiden très calme mais pas dénue de vieilles influences Running Wildiennes. Les guitares sont cependant plus sages, plus dirigées par Peter Jordan d'ailleurs, et seule la voix de Kasparek entretien une certaine illusion... très vite balayée, cependant, par le morceau suivant à l'intro presque Kissienne et au refrain pas loin du AOR prisé par Europe ou Van Halen à une certaine époque. "Raise your hands for rock and roll", "Don't Quit Till Tomorrow" s'installe comme un hymne très typé 80s mais dans une mouvance relativement commerciale, à l'image de cette ballade "Nameless Heroes" qui aurait largement sa place sur notre bonne vieille FM. Tout cela semble malgré tout bien remplir le cahier des charges, mais ce certain manque de pêche peut cependant laisser l'auditeur de marbre.
Pourtant, cet opus en l'apparence très formaté old school et sans grande prétention, ne manque pas d'énergie et de variété si on s'y attarde avec attention. Là où Shadowmaker tournait en rond dans un style qui n'aurait pas dû être le sien, Giant X s'installe avec ses clichés mais aussi sa petite touche personnelle. A aucun moment on pourrait d'ailleurs se rendre compte qu'il s'agit là d'un disque allemand, c'est plus sur le côté américain que la musique lorgne sans vergogne - touchant même le blues sur un "Badland Blues" qui tombe à bien nommé et sur lequel la guitare se fait sudiste sur les lignes de basse bien pensées. ZZ Top n'aurait pas renié ce titre, même si l'approche globale tire plus vers un Thin Lizzy remis au goût du jour. On peut d'ailleurs faire la même remarque sur le morceau "Rough Tide", au nom qui aurait pu s'apparenter à du Running Wild mais qui s'en éloigne très fortement dans son rendu final : sortez les cowbells et attrapez vos amis bikers au lasso !
Sur la variété, Rolf et Peter réussissent plutôt leur pari. A défaut de proposer des titres qui resteront inoubliables, nous voyageons avec peu de lassitude tout au long de la galette, nous nous permettons même de sourire sur un "The Count" quelque peu déjanté que beaucoup détesteront mais qui a le mérite d'aérer l'album au bon moment. Alors certes nous sommes ici plus proche des Forbans que de Elvis Presley, mais voilà une récréation que Volbeat aurait aimé composer (en y ajoutant plus de couilles, cela va sans dire). Pour le reste, nous passons du pseudo moderne ("Now or Never") au old school ("R.O.C.K." pour un final des plus classique) avec plus ou moins de réussite, l'envie de jouer semble là et c'est le principal - même si l'on aurait peut-être pu espérer une recherche plus grande par moments. Rolf et Peter n'oublient cependant pas de muscler ou accélérer certains riffs et de burner certains titres ("Soul Survivor", "Got 4 It" ou "Let's Dance" à la mélodie fort agréable), le rythme global du CD s'avère donc convaincant à défaut d'être marquant à souhait.
Vous l'aurez compris, ce premier Giant X ne paye pas de mine et se retrouve face à nous, sans grande pression, à assurer un minimum syndical plutôt positif. Nous ne parierons cependant pas sur sa grande durée de vie et son impression indélibile dans notre esprit, mais le duo a semble-t-il voulu un résultat final sans prise de tête et bien direct. Cela suffit à faire taper du pied, un peu moins à déchaîner des headbangs, mais plaira à papa et maman pendant que le jeune fan de heavy se replongera dans les vieux Running Wild ou ses héritiers plus modernes. Reste à savoir maintenant si la création de cette entité plus hard rock ramènera Rolf Kasparek vers ses premières amours et un speed pirate racé pour le prochain Running Wild prévu cette année. Si l'on en croit sa précédente interview dans Rock Hard France l'an passé, cela semble difficile d'y croire, mais sait-on jamais après tout ? Un Shadowmaker bis semblerait amplement de trop et à la limite du foutage de gueule compte tenu de cette nouvelle sortie.
Note : 6.5/10