Le 5 novembre 2021, MØL, étoile montante du black metal danois, sortira son second album DIORAMA chez Nuclear Blast Records. Pour les membres du groupe, cette signature matérialise un de leurs rêves d'enfants, et les propulse un peu plus loin sur "leur chemin arc-en-ciel" comme nous l'explique Frederik Lippert dans cet entretien.
MØL sortait son premier EP éponyme en 2014. Puis un second EP, II, un an plus tard. Ces deux EPs ont très vite attiré l’attention du public propulsant les Danois sur scène. Mais ce n’était là que le début de leur aventure musicale. En 2018, MØL fait une percée internationale en signant son premier album JORD chez Holy Roar Records. L’album est acclamé par la critique, faisant des MØL un des groupes de metal danois les plus en vue ces dernières années.
Ce 5 novembre, MØL fait son grand retour avec son deuxième album studio, DIORAMA, produit cette fois-ci par Nuclear Blast Records. Le groupe enregistre et mixe ce nouvel opus avec le très renommé Tue Madsen (Gojira, Meshuggah, Heaven Shall Burn), augurant un disque très prometteur. Nous avons pu nous entretenir avec Frederik Lippert à propos de ce nouvel album.
Comment te sens-tu par rapport à la sortie très proche de ce nouvel album ?
Frederik : Je pense que pour moi, comme pour tous les autres membres du groupe c’est excitant de pouvoir enfin sortir cet album. Il aurait dû sortir au mois d’août avant le COVID, donc comme pour beaucoup d’autres groupes nous avons dû repousser nos plans et la sortie de l’album s’est éloignée de plus en plus. C’était tellement frustrant ! Donc ce sera une énorme sortie cathartique pour nous.
Comment avez-vous travaillé sur cet album ? Est-ce que les différentes périodes de confinement ont impacté votre façon de travailler ?
Frederik : En fait, travailler sur cet album a été chose facile. On n’avait pas de grosses tournées prévues, donc Nicolai et Kim ont pu se concentrer sur l’écriture. Ce sont vraiment eux qui ont apporté le plus à cet album. Kim a également écrit toutes les paroles.
Mais le fait d’être confiné a vraiment repoussé tout le reste. L’album était près depuis un bon moment, mais impossible de le sortir sans pouvoir en faire la promotion que ce soit dans la presse ou sur scène.
En quoi penses-tu que votre musique a évolué depuis vos premier EPs et votre premier album ?
Frederik : On peut dire que les EPs étaient beaucoup plus bruts, plus tournés vers nos influences black metal. Mais déjà quelques années plus tard avec la sortie de JORD notre musique avait changé, ajoutant des éléments nouveaux et différents, et je pense que nous continuons ce travail avec DIORAMA.
Cet album est aussi votre première signature chez Nuclear Blast Records. Etiez-vous heureux de pouvoir travailler avec eux pour cet album ?
Frederik : Je pense que pour beaucoup des membres du groupe, cela a été la réalisation d’un rêve d’enfant. Entant que groupe, je pense que c’est vraiment une des cases que vous rêvez de cocher sur votre liste de choses à réaliser. Nous avons vraiment été chanceux que notre travail les intéresse. Et cela a vraiment été une expérience excitante de voir jusqu’où ils pourraient nous pousser.
Est-ce que leur façon de travailler avec vous a été très différente de ce que vous aviez connu avant ?
Frederik : Oui, complètement. En fait, on sent tout de suite que l’on devient un petit engrenage d’une machine bien huilée. Je pense que c’est une bonne chose et une chance pour des petits groupes comme le nôtre de pouvoir faire cette expérience, et de comprendre comment la « grosse scène musicale » fonctionne. Nous sommes toujours en phase d’apprentissage et c’est un super endroit pour apprendre.
Passons à quelques questions concernant l’album lui-même. Nous avons eu le plaisir de pouvoir écouter DIORAMA et de visionner les clips de « Photophobic » et « Serf ». Pour moi, ces deux clips sont plein de symbolisme. Dans le clip de « Photophobic » on voit un homme se faire pourchasser par une figure vêtue de noire portant un masque, et cette même figure apparaît tout comme vous jouant sous un voile blanc dans le clip de « Serf ». Est-ce une coïncidence ou ce personnage va être récurrent et symbolise quelque chose de spécifique ?
Frederik : Oui, en effet, c’est un personnage récurrent basé sur les paroles écrites par Kim. En fait, il est récurrent sans vraiment l’être. Il symbolise ce à quoi l’on fait face. Et cela peut être interprété différemment. Le fait qu’il apparaisse dans les deux clips et parti de l’idée que comme il jouait un rôle si important dans le premier clip, ce serait un bon fil rouge qu’il apparaisse dans le second. Pour moi, cela reste très vague, mais je pense que Kim aurait pu en parler et développer cette idée pendant bien plus d’une demi-heure !
Dans ces deux morceaux, vous abordez les thèmes du doute, du déni, la déception, le désir de changer, toutes ces choses qui peuvent être vues comme nos batailles personnelles et profondes. Est-ce que DIORAMA est une sorte de regard de la psyché humaine ?
Frederik : Oui, on pourrait le voir comme une traversée de l’esprit humain, ou plus précisément, un voyage dans les pensées de Kim. Très ironiquement, DIORAMA est une sorte de diorama. On peut voir la même chose sous différents angles, différentes perspectives. Les paroles sont aussi très personnelles et montre à quel point il est difficile de voir certains épisodes de nos vies sous différentes perspectives avant qu’ils ne soient révolus.
Et pour toi, en particulier, quelle a été ta partie préférée dans la réalisation de cet album ?
Frederik : Pour moi : enregistrer avec Tue Madsen. C’est aussi un de mes héros d’enfance quand je pense à tous les groupes avec qui il a travaillé : Heaven Shall Burn entre autres. Nous avons toujours admiré ses productions. Et c’est vraiment un honneur d’avoir pu travailler avec lui. Il m’a fallu quelques jours pour m’en remettre quand j’ai appris que nous allions travailler avec lui ! Et travaillé avec lui est l’une des meilleures expériences de toute ma vie. Pouvoir parler de trucs de guitaristes super pointus, entrevoir les mécanismes qui font de lui une personne si talentueuse.
A quoi ressemble une journée de travail avec Tue Madsen ?
Frederik : Nous n’étions pas tous ensemble au studio tout le temps. J’étais là quand nous avons enregistré la batterie et les guitares. Les voix et la basse ont été enregistrées de leurs côtés. C’était un peu une sorte de patchwork. Nous avions des plannings précis à suivre et pour moi ça s’est beaucoup résumé à faire ce qu’il me demandait tout en étant hyper stressé de le décevoir ! C’était à la fois stressant et amusant.
Et maintenant que l’album est enregistré et prêt à sortir, est-ce que des tournées sont prévues ?
Frederik : Oui, nous avons annoncé une tournée européenne qui se déroulera principalement dans l’ouest de l’Europe. Nous sommes très impatients d’y être. Elle débute en février. Et nous serons accompagnés d’Ithaca, un groupe de notre ancien label. Nous sommes vraiment excités à l’idée de pouvoir enfin sortir et de monter sur scène.
Et comment te sens-tu par rapport au fait de pouvoir remonter sur scène après ces presque deux années sans pouvoir le faire ?
Frederik : En fait, nous avons pu faire un concert récemment, ici au Danemark, car les restrictions sont devenues quasi inexistantes. C’est comme si tout était revenu à la normale. Mais on a toujours cette petite impression d’illégalité, même si tout est sous contrôle, et que le taux de vaccination est très élevé au Danemark. Je me demande vraiment comment vont se dérouler les choses à l’étranger. Comment les choses vont se dérouler selon les pays.
Et puis, la peur du virus est toujours présente. Par exemple, ici au Danemark, comme l’hiver arrive vite et que les températures ont déjà bien baissé, les gens se confinent d’eux-mêmes. Il y a un retour au télétravail, les gens sortent moins, mettent de plus grandes distances physiques entre eux pour éviter de propager les virus. Et de notre côté, on ne peut pas s’empêcher de craindre les annulations de concerts et de tout ce qui a fait que l’industrie musicale ait tellement morflé ces deux dernières années. Nous espérons vraiment pouvoir quitter notre pays pour monter sur scène, être connecté à notre public, faire des rencontres. Jouer en live reste la meilleure façon de voir comment notre musique est reçue par le public ; de savoir si l’on a réussi à créer quelque chose que les gens apprécient réellement et pas seulement nous.
Je pense que les différents confinements ont été des périodes de création pour beaucoup d’artistes. Mais il est temps de sortir et de montrer ces créations au monde entier.
Frederik : Oui, je me sens vraiment chanceux de vivre au Danemark et d’avoir déjà pu faire quelques concerts en toute sécurité. Nous avons déjà joué de nouveaux morceaux ici, qui ont été très bien reçus. Et je suis impatient de pouvoir les faire écouter au reste du monde et de voir l’éventuel engouement qui pourrait se créer sous nos yeux. En plus, le fait de faire partie de Nuclear Blast Records nous pousse encore plus loin et nous ouvre de nouveaux horizons.
Est-ce que cela veut dire que vous aller partir en tournée au-delà des frontières européennes ?
Frederik : Nous l’espérons ! Nous avons un booker aux États-Unis et nous espérons vraiment pouvoir aller y jouer un jour. Ce serait assez incroyable que l’on puisse jouer ailleurs qu’en Europe.
Est-ce qu’il y a des endroits en particulier où tu aimerais jouer ?
Frederik : J’aimerais tellement pouvoir traverser les États-Unis de part en part et découvrir les différentes salles du pays. Mais il y a aussi des endroits où nous avons déjà joué que je rêve de revoir. Beaucoup d’endroits en Allemagne et au Royaume Uni en particulier. Des endroits qui sont au programme de notre tournée. Et je serai très content d’y retourner. Ce sera comme revoir de vieux amis.
J’ai une dernière question qui peut sembler un peu tirée par les cheveux… Comme votre album s’intitule Diorama, si tu devais en réaliser un pour matérialiser le chemin que le groupe a parcouru jusqu’ici, que mettrais-tu dessus ?
Frederik : Oh ! j’aime beaucoup cette question ! Je crois que j’y mettrais un vieux van tout décrépi sur la gauche, qui s’apprêterait à rouler vers les hauteurs sur un arc-en-ciel. L’arc-en-ciel représentant notre chemin et notre état d’esprit actuel. On pourrait l’intituler : « Le petit van pourri et sans espoir roulant vers de belles perspectives » ou « Le petit van qui pourrait… » Bon, on ne peut pas dire que j’étais le meilleur quand il s’agissait de construire des dioramas à l’école quand j’étais petit, mais je pense que j’aurais fait un truc dans ce genre.
Oui, je peux assez bien me l’imaginer. Le groupe de black metal s’aventurant sur un arc-en-ciel, c’est pas mal.
Frederik : L’arc-en-ciel est l’élément le plus important. Comme on dit en anglais « The sky is the limit ». Je pense que le contraste entre le van décrépi, les musiciens de black metal et cet arc-en-ciel est parfait. Il nous représente bien.