9 ans. Cela faisait 9 ans que The Stranglers n’avait pas foulé les scènes de la ville rose et 9 ans que ses membres étaient attendus avec ferveur par toute une horde de fans. Mais cette fois-ci, c’est fait : The Stranglers est enfin revenu à Toulouse en ce dimanche 5 décembre pluvieux, dans l’enceinte du Bikini dans le cadre d’une tournée plus que particulière...
En effet, suite au décès du claviériste et membre originel du groupe en mai 2020, Dave Greenfield, on ne peut pas dire que les deux dernières années ont été de tout repos pour The Stranglers. Et même si le nouvel album tant attendu Dark Matters, sorti le 10 septembre chez Verycords et sur lequel Dave a participé, a remis du baume au cœur aux anglais (recevant au passage une excellente réception de la critique et du public), il n’en reste pas moins que l’arrivée de Toby Hounsham derrière les claviers n’a pas été vue d’un bon œil par certains ! De fait, Pam Greenfield, la veuve du claviériste de talent a dû se fendre d’une lettre ouverte à toute la communauté des MenInBlack pour mettre les points sur les i et apporter tout son soutien aux Stranglers et au nouveau claviériste arrivé en novembre. Malgré tout, le début de cette tournée européenne est une véritable réussite pour Jean-Jacques Burnel et sa bande, si bien que le groupe fait montre depuis quelques semaines d’une nouvelle jeunesse !
Mais pour l’heure c’est aux locaux d’Hill Tone qu’appartient la lourde charge d’ouvrir les hostilités dans l’arène du Bikini, déjà bien remplie. Il faut dire que le public toulousain (principalement celui qui a la cinquantaine) est venu en masse pour ce concert de The Stranglers et que pas mal d’anglais ont même fait le voyage pour soutenir les hommes en noir. A priori, c’était une occasion en or pour Hill Tone de se faire connaître d’une large audience... Oui, mais voilà, la COVID en a décidé autrement ! En effet, seul Arnaud Luis le guitariste / chanteur est présent sur scène car ses petits camarades bassiste et batteur sont cas contacts...
Malgré tout, l’homme a tenu a respecter ses engagements et propose donc un concert intimiste guitare / chant afin de faire (re)découvrir au parterre du Bikini la musique et l’univers d’Hill Tone. Avec un son de gratte plutôt accrocheur qui sent bon l’huile de coude folk et la disto baveuse, Arnaud réussit plutôt bien à capter l’attention du public en alternant des morceaux rock en anglais et même en français. La sauce prend plutôt vite et bien car l’homme communique pas mal avec beaucoup d’humour et laisse entrevoir pas mal de bonnes choses, dont certains accents nous rappelle Johnny Cash ou Nick Cave ("Dust Bowls").
Cependant, force est de constater qu’au bout de quelques minutes, l’ensemble devient un poil redondant car le manque de batterie et de basse se fait sentir. En effet, on ne sait pas trop sur quel pied danser entre un set guitare / chant qui passe plutôt bien, et l’envie de pouvoir rentrer totalement dans le vrai univers d’Hill Tone. Bref, on est un peu frustré.
Au final, même s’il est indéniable qu’Arnaud Luis a su faire face à la défection de ses compères avec beaucoup d’aplomb et de talent, il n’en reste pas moins qu’il manquait l’essentiel... le groupe !
Après un rapide changement de plateau et dès les premières notes de l’intro "Waltzinblack", le public se presse en masse sur le devant de la scène du Bikini pour accueillir comme il se doit les héros de ce soir. C’est donc sur le dynamique "Toiler On The Sea" que les Stranglers font une entrée tonitruante sur les planches. Le son est bon et le groupe semble prêt à en découdre. À ce titre, Jean-Jacques Burnel délivre des lignes de basse incisives, tandis que l’immense Baz Barne distille à merveille ses parties de gratte et se charge du chant lead sur ce morceau. Autant dire que cette entrée en matière est réussie et que le public du Bikini est d’ores et déjà acquis à la cause des Stranglers ! On le sait : cette tournée est particulière suite au décès de Dave Greenfield et le nouveau claviériste est attendu au tournant. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le musicien s’en tire plutôt bien derrière son bardas et fait bien le job et ce, dans le pur respect du travail de son illustre prédécesseur ("Walk On By").
Devant, la paire Burnel / Barne est comme une machine bien huilée. Les deux hommes mènent de main de maître le set et distillent des classiques qui ne manquent pas de faire bouger le public qui reprend en chœur les paroles et les refrains ("Always The Sun" et "Golden Brown", notamment). On sent que le groupe est content d’être sur les planches et de partager ce moment avec les fans ("Nice n’ Sleazy", "Midnight Summer Dream", "Something Better Change", ...).
Nouvel album oblige, The Stranglers ne manqueront pas de présenter des titre de Dark Matters à l’instar de "This Song", du superbe "White Stallion", "Water" ou "Last Men On The Moon" qui passent tous l’épreuve du live et qui ont même déjà été adoptés par le public ! Comme à son habitude, Jean-Jacques Burnel communique beaucoup avec les fans (Baz n’est pas en reste, ceci dit...) et apporte énormément de chaleur dans ce concert ô combien réussi. Bien entendu, l’ombre de Dave Greenfield est omniprésente sur l’ensemble du set mais il faut bien avouer que le groupe a su lui rendre hommage au travers d’un set bien mené et accrocheur au possible (Relentless, Peaches, Hanging Around, ...). De plus, The Stranglers ont du donner pas mal de peps à l’ensemble et éviter l’écueil de la nostalgie de bas étage. Au contraire, les anglais prouvent qu’ils tiennent toujours le haut du pavé après presque 50 ans de carrière. Chapeau bas, messieurs...
Au final, même si on regrette que le groupe n’ait pas joué le très bon "Goodbye Toulouse" pour clore cette soirée haute en couleur (noire), il faut bien avouer que The Stranglers ont su faire montre d’une remarquable prestation... et puis on se dit que c’était une manière de nous faire comprendre que les anglais reviendront poser leurs amplis dans la ville rose un de ces jours !
Setlist The Stranglers
- Toiler On The Sea
- Grip
- Into The Wild
- Nice n’ Sleazy
- This Song
- Something Better Change
- Always The Sun
- Golden Brown
- Midnight Summer Dream
- European Female
- La Folie
- White Stallion
- Walk On By
- Relentless
- Peaches
- Water
- Nuclear Device
- Duchess
- Hanging Around
- Last Men On The Moon