17 février 2022, les concerts debout sont de nouveau permis depuis hier, ce qui a donné le top départ à la tournée de la Colonie de Vacances, initialement censée débuter au tout début du mois. C’est que la proposition du groupe, plus encore que celle des live standards, ne saurait endurer la position assise de son assistance... Quatre scènes aux quatre coins de la salle, sur lesquelles quatre trios créent une expérience quadriphonique à destination d’un public libre de vivre le concert de son choix, en se déplaçant d’une scène à l’autre, ou en se plantant au centre de la fosse pour profiter pleinement d’une spatialisation rare.
Après deux ans de pause de concerts passés à bosser comme des beaux diables en résidence, la Colonie de Vacances revient avec un tout premier album, Echt, sorti le 28 janvier chez Vicious Circle Records. Eric Bentz et Pierre-Antoine Parois, respectivement chanteur-guitariste et batteur issus des formations originelles Electric Electric et Papier Tigre, nous parlent de ce délicat travail d’adaptation, de choix artistiques, et surtout, de ce à quoi ressemble, de l’intérieur, l’expérience Colonie de Vacances. La transcription de cette interview s’accompagne d’une élucubration analytique bavarde, à lire ici.
La Grosse Radio : Vous étiez hier à Nîmes, et c’était, par la force des choses, le premier concert de votre tournée. C’était comment ?
Eric Bentz : C’était hyper bien.
Pierre-Antoine Parois : Ouais ouais, c’était cool.
E : C’était tout particulier, parce que c’était la première fois qu’on jouait après ces deux années de résidence qu’on a traversées, avec le covid et tout. Quelques dates ont été annulées du fait du protocole sanitaire pour les salles, retour des concerts hier, donc voilà, c’était notre première, c’était hyper étrange et intense. Les gens étaient ravis, nous on était contents aussi.
P : On a passé un bon moment. Autant nous que les gens je pense, qui étaient contents de pouvoir à nouveau sortir et être dans un concert en jauge pleine. C’était cool, c’était un peu particulier mais en soi on s’est vite remis dans le bain j’ai l’impression.
Dans le communiqué de presse, vous dîtes que « le collectif a créé un nouveau système qui se démarque des précédents en oubliant les cellules d’origine ». En quoi ça consiste ce nouveau système ?
E : La Colonie de Vacances c’était la réunion de quatre groupes qui avaient chacun leur vie : Papier Tigre, Marvin, Pneu et Electric Electric. Pendant dix ans, c’étaient ces groupes-là qui se retrouvaient sur les quatre scènes, et on jouait un répertoire original pour la Colonie de Vacances. Et puis il y a eu un premier départ, quelqu’un qui voulait partir, qui avait d’autres choses à vivre, et quelqu’un d’autre a dû partir aussi, pour d’autres raisons. Et avant ça, on avait décidé de mélanger tous les instrumentistes pour essayer de noyer le plus possible l’histoire de chacun des groupes pour créer le vrai groupe la Colonie de Vacances.
P : Il y aussi le fait qu’à la base, il y avait trois trios et un duo. Pour la répartition de l’ensemble, quand on a décidé d’effacer les groupes d’origine pour qu’ils se fondent totalement dans le projet de la Colo, on s’est dit qu’il fallait qu’on puisse avoir sur chaque scène, trois sources à parts égales. C’est à dire une source percussive, batterie, une source de graves, basse ou synthé, une source mélodique aiguë, guitare, et aussi essayer de faire en sorte qu’il puisse y avoir des chanteurs sur chaque scène. La répartition s’est faite comme ça, les groupes d’origine se sont complètement effacés dans la Colonie de Vacances. on a tous perdu nos repères, enfin notre zone de confort tu vois, on ne joue plus avec nos compères d’origine.
Et ça change beaucoup l’expérience sur scène ?
P : Je ne dirais pas que ça change « beaucoup », ça change parce que tu es avec des gens différents, mais on a déjà cet historique d’être dans ce groupe-là depuis plus de dix ans maintenant, du coup c’est vraiment pas déstabilisant en soi. Y’a rien qui me surprend.
Nos interviewés.
Dans une interview pour Mowno en 2019, vous aviez ce discours-là sur les mini-entités de groupes originels qui se fondaient un peu dans le collectif et vous vouliez parler de la Colonie de Vacances comme un groupe à part entière. Avec ce communiqué, on a l’impression que ça évolue un peu, il y a cette citation de John Cage, « Tout est à sa meilleure place », qui parle d’assumer les plusieurs niveaux d’écoute. Il y a quand même cette idée de groupe global, mais en assumant de petites entités à l’intérieur de la grosse entité.
P : On a voulu garder le concept de la quadriphonie et donc des quatre scènes, mais que le collectif de la Colonie de Vacances, ce soit le groupe à part entière. A la base, quand on a monté le projet et qu’il y avait les quatre entités dont on a parlé tout à l’heure, on jouait aussi des morceaux des répertoires de chaque groupe qu’on adaptait pour la quadriphonie. Ça, on ne voulait plus que ça existe. Et aussi comme je le disais par rapport aux différentes sources sur chaque scène, il y avait un déséquilibre quand il y avait un duo, donc là on l’a effacé. Maintenant l’ensemble est vraiment homogène et complet. Je sais pas si ça répond à ta question. (rires)
E : Les gens vont pouvoir circuler. Parfois c’est pas évident : hier il y avait beaucoup de monde, donc au bout d’un moment tu as une place, souvent tu y restes. Il y avait beaucoup de monde donc ça se bouscule un peu pour être au milieu… La référence à Cage elle est intéressante, parce que là où tu es, ce sera ton concert de la Colo. En effet, si tu es sur les côtés, il ne va pas être le même que si tu es en plein centre, dans le rapport à l’énergie, dans le rapport à l’espace sonore. Mais je dirais qu’en terme de composition, ça n’a pas tellement changé, le fait de re-dispatcher les choses… Tu vois les morceaux de la Colo, c’est assez tentaculaire, et du coup chacun participe à son niveau à faire avancer cette composition dans son ensemble, dans sa globalité.
Mais sur le terme de groupe exactement… Est-ce que vous vous sentez vraiment « groupe » ? Vous utilisez le mot « collectif », moi j’aurais aussi parlé de « troupe » peut-être...
E : C’est quoi la différence entre un groupe et une troupe pour toi ?
Il y a un côté « tournée de spectacle », avec ce dispositif, qui offre une expérience complètement différente d’un concert standard, avec un groupe sur scène. D’ailleurs, dans les vidéos qu’on a vues du concert d’hier, ces vidéos qui balaient le public, c’est intéressant de voir que tous les gens sont tournés dans des directions complètement différentes, c’est pas quelque chose qu’on voit dans les concerts, et même, dans presque aucune situation de la vie de tous les jours…
E : Les codes du concert classique sont bouleversés, depuis le départ c’est ça, c’est ce qui rend le projet assez excitant pour les gens.
P : Les codes du concert, une scène, un groupe, une diffusion stéréo et un angle de vue quoi, c’est ça qui est bouleversé. Après en soi, ça reste de la musique live, avec un public, des musiciens… C’est juste la diffusion qui est différente, autant visuelle qu’auditive quand tu es dans le public, parce qu’évidemment tu as quatre paires d’enceintes stéréo et quatre angles, en gros quoi. C’est sûr qu’il y a plusieurs lectures possibles, plusieurs niveaux d’écoute. Oui c’est assez exceptionnel, mais c’est pas… Ou c’est peut-être que je suis habitué aussi, mais pour moi c’est pas non plus… Je sais pas à quel point ça a un impact, ou c’est différent, ou c’est exceptionnel en soi, ce truc, pour qu’on puisse dire qu’on dépasse le groupe de musique quoi.
E : Moi je nous considère vraiment comme un groupe. C’est quoi un groupe de musique ? C’est, je sais pas, une expérience sociale, qu’on soit à deux, ou à douze. Bon peut-être que dans ces deux extrêmes, là, on va vivre des choses un tout petit peu différentes mais au final, il faut s’organiser ensemble, avancer ensemble, affiner le projet, discuter en permanence de tout. A douze, ça peut être un peu plus lourd peut-être. Mais non, je considère vraiment… Un groupe, un groupe quoi.
Toujours en partant du point de vue du public : je n’ai jamais vu Pneu en concert, mais sur vidéo, on voit que le concept est de jouer au milieu de la foule, le public est autour des deux musiciens qui se font face, avec la musique comme un « noyau » central. Vous, vous inversez ce rapport. Est-ce que le fait d’être éloignés les uns des autres, ne pas sentir physiquement l’autre à côté de soi, est-ce que ça change l’expérience sur scène, en terme de plaisir, en terme de concentration, de performance… ?
P : Disons que ta perception en tant que musicien, sur une scène, c’est pas du tout la même. Là tu parlais de Pneu, ce genre d’expérience live, quand t’es musicien dans ce genre de groupe, c’est pas du tout la même que celle que tu vis quand t’es musicien dans la Colonie de Vacances. Dans la Colo t’es quand même vachement plus au service du projet global et de la compo. Évidemment, vu qu’on est douze musiciens et qu’il y a une composition qui est écrite pour l’ensemble, ta partie elle est vachement moins complexe ou élaborée que celle que tu vas jouer dans un duo ou dans un trio. Parce que t’es juste un douzième de la compo, donc pour éviter que ce soit trop bavard et pour que ce soit lisible et chouette à écouter, il faut que chacun ait une partie qui soit au service de la zic. Pour que ça fonctionne et qu’on puisse bien jouer ensemble il a fallu qu’on réfléchisse à des moyens, et du coup ça passe par de la technologie, on a des retours dans les oreilles, des ear monitors... Avant on avait des boites de retour, il y avait plein de pollution sonore. Tout ça, ça a été réfléchi, ça a été amélioré d’un point de vue technologique pour que le concert soit le mieux possible. Du coup, disons que tu trouves pas le plaisir au même endroit que quand t’es dans l’énergie d’une formule un peu plus réduite. Mais le plaisir je pense qu’on le trouve à voir le public prendre du plaisir, comment il réagit à ce qu’on propose. Enfin il y a ce truc, quand ça marche, qui nous porte, et c’est assez fort.
E : Le rapport au plaisir est assez sur-développé avec la Colo, parce que c’est un projet qui ramène pas mal de gens, c’est des salles souvent pleines, des concerts avec une forme de catharsis, comme ça. Et puis j’aime assez les possibilités orchestrales que crée ce grand groupe : les possibilités de masse, de densité, de finesse d’écriture sont vraiment décuplées, et ça, ça c’est vraiment plaisant. Sentir cette surpuissance possible, ce déroulé du zéro à level maximum comme ça, qui peut aller beaucoup plus loin que tous les groupes que j’ai aimés, ça c’est vraiment grisant. On peut encore en profiter quelques années, parce que c’est quand même assez physique quoi, sûrement pour les oreilles, même les répets pour le corps… Les répets de la Colo, c’est assez intense (PA confirme), donc sûrement, dans vingt ans, on en reparle quoi (rire).
Pour parler de Echt qui est sorti fin janvier : un premier album après dix ans d’existence, est-ce que c’était une réponse au fait que l’organisation de concerts, c’est pas l’idéal en ce moment, ou le projet était là avant ?
E : C’était là avant. Ça a été discuté, c’était sûrement important d’avoir un objet promotionnel, graver certains morceaux, mais je crois que la carte d’entrer dans un processus de promotion, comme n’importe quel groupe, ça se tentait aussi pour la Colo.
P : A la base on était vraiment dans l’idée que la Colo c’était uniquement un projet live, et ça l’a été pendant dix ans. On se disait toujours à l’époque, « on fera pas de disque... ». Et puis à un moment, on s’est dit voilà, on est un groupe comme tous les autres, pourquoi on ferait pas un disque même en stéréo, si les morceaux sont bons ils peuvent très bien être écoutés en stéréo. Ce sera cool, si les gens ils ont envie de l’écouter ils l’achèteront, quoi. Évidemment il y avait l’aspect promo derrière, parce qu’on était toujours plus ou moins en tournée, toujours un peu sollicités, donc il n’y avait jamais vraiment de moment où on pouvait se dire OK, on fait un break et puis on compose. Donc là on l’a fait, dix ans après, on s’est dit on est un groupe comme les autres, on fait un break, on compose de nouveaux morceaux, on revient avec un disque et on fait une tournée.
Donc vous avez composé les morceaux pour l’album ?
P : Ouais, et pour le nouveau set live quoi.
E : Je sais pas trop, enfin moi pour les morceaux que j’ai amenés, quand je les pense chez moi, je les imagine dans une salle de concert. Je les imagine pas du tout sur un disque. Pas du tout. Je pense pas que j’aurais composé les morceaux de la même manière. Personnellement, j’étais un des rares qui était contre l’idée de faire un disque, à la base. Parce que peut-être qu’à douze tout est beaucoup plus lourd, beaucoup plus compliqué, j’avais peur qu’on se perde un peu dans un projet qui allait prendre énormément de temps. Le studio c’est quand même une expérience particulière, il s’agit d’être assez bon dans un laps de temps très court, il faut être très efficace. Là, la Colo, on peut avoir tendance à perdre beaucoup d’énergie, j’avais un peu peur de ça, de nous user un peu, et du coup de compliquer un peu le rapport passionnel à ce groupe. Au final, l’enregistrement était encore pire que ce que j’imaginais.
Ah oui ?
E : C’était vraiment dur. Très éprouvant. (PA confirme)
Au niveau physique, ou artistique ?
E : Ça s’est transformé en espèce de course contre la montre. En période de covid, les répet… Évidemment, on est répartis de Berlin à Montpellier en passant par Strasbourg, Nantes, Tours… Il faut ramener tous ces gens pour répéter les morceaux, pour les maîtriser. Toute cette zone de préparation pour le disque, jusqu’à l’enregistrement, c’était quand même très intense. Au final, maintenant je suis content que le disque soit là. Le vrai intérêt c’est que les gens s’approprient les morceaux chez eux, et viennent prendre le même morceau, multiplié…
P : Ça, c’est assez cool, ce rapport-là.
E : Ça, ça va être cool.
P : Les morceaux sont là, c’est une écoute stéréo d’un morceau, d’un groupe, et là les gens viennent voir le concert, et c’est le même morceau sauf que les sensations sont décuplées. C’est assez chouette je pense.
J’allais demander justement s’il y avait eu, le mot est un peu trop péjoratif mais, une sorte de sacrifice à faire dans le passage de la quadriphonie à la stéréo ?
P : Ben, des sacrifices non, c’est juste que tu penses les choses de manière différente quoi, quand tu vas mixer le morceau qui est censé être joué en quadri, pour le disque... Bon là c’était une première, en terme de méthode, on savait pas trop où on allait, donc ça s’est fait de manière assez empirique, et bon, on a réussi à faire le truc, je pense qu’on s’en est quand même très bien sorti. Mais c’est pour ça que je pense que ça a été aussi compliqué. Quand tu penses le morceau pour l’écoute stéréo, il faut que ça sonne bien en étant diffusé en stéréo, et peu importe, il faut que le morceau sonne quoi, c’est ça qui est important.
Est-ce que vous avez eu des choix particuliers à faire, dans la spatialisation, gommer certaines parties… Vous n’avez pas toujours quatre batteries en même temps, quoi ?
E : C’est exactement ça, quatre batteries qui jouent en même temps quasiment la même partie, c’était plus compliqué à faire sonner en stéréo. Dès qu’on pensait à créer de l’air on en enlevait une, voire deux. Il y avait une maîtrise du son, de la source, de la source pure, qui n’était plus gérable.
P : Disons que, tu prends une partie qui est jouée à l’unisson, quand tu l’écoutes en live, si les quatre batteries et les quatre guitares jouent un motif, il va y avoir un truc incroyable qui va se passer dans la pièce. Toi t’es au milieu, t’écoutes ce truc, t’es là « woah c’est massif, c’est énorme ». Quand t’es en train de faire le disque, le rendu que tu vas avoir sur ta stéréo ne sera pas du tout le même, et ça n’a aucun intérêt d’essayer de bourrer dans le mix toutes les sources qui ont été enregistrées. A un moment tu dis, ben non en fait, ça marche pas, je mets deux guitares et une demi batterie, ça suffit amplement !
C’est intéressant parce que, quand on est un quatuor standard par exemple, on a tendance à vouloir doubler les guitares, doubler les voix, et là vous êtes contraints de faire le choix inverse.
P : Ouais, il faut retirer des trucs.
E : Sur certains morceaux qui étaient vraiment hyper denses, tellement de pistes, c’était compliqué. Le rapport au sacrifice... J’ai l’impression qu’en faisant des disques, on est toujours plus ou moins dans le rapport au sacrifice. Il s’agit de hiérarchiser les choses, et puis commencer par le début, voir le temps imparti, le mix est fait à distance… Pour moi il n’y a jamais de mix parfait. Je suis très content du disque hein. Mais pour un projet comme ça, ça peut être encore plus lourd.
J’ai été étonné de trouver autant de chant sur l’album. Dans l’écriture, il y a quelque chose d’assez intime, et quand on est douze dans un groupe, est-ce que c’est possible que tout le monde se retrouve dans un texte ?
P : Je pense qu’il y a des gens dans le groupe qui sont très axés sur la voix, le chant, le texte, et d’autres qui sont vachement moins intéressés par ce domaine. Laisser la liberté aux autres de s’exprimer comme ils l’entendent, je pense que ça pose vraiment pas de problème à qui que ce soit.
E : Il y a un rapport de confiance. Là pour le coup, Eric Pasquereau, c’est son instrument, moi je le vois comme ça, c’est la voix, c’est le texte. Eric chante tout le temps. Donc forcément il utilise ce qu’il sait faire.
P : A partir du moment où tu as quelqu’un dans le groupe qui peut pas concevoir la musique sans l’aspect vocal et l’aspect texte, chanter quelque chose mais chanter quelque chose qui a un sens, évidemment il est accepté, et il est là aussi parce que c’est ce qu’il sait faire et qu’on a envie qu’il soit là.
E : Mais, si c’est ce que tu veux nous demander, quand il pond un texte, ça passe pas par un bureau qui valide. C’est un texte, c’est son texte, il est très intime, bon. On va être plus à discuter sur des rapports mélodiques. Un texte c’est intime, on touche pas un texte.
P : Après je crois qu’il y a quand même eu quelques petits ateliers. Peut-être pas autant qu’au niveau instrumental mais je pense que Nico, Rachel, Eric, ils ont peut-être bossé des trucs ensemble, enfin j’imagine.
E : Je sais pas trop s’il y a eu un travail en commun d’écriture.
P : Peut-être pas de travail d’écriture, mais des ajustements, pour que ce soit plus fluide, plus musical. Après oui, cet aspect-là il ne concerne qu’une petite poignée de gens au sein des douze. Quatre-cinq personnes.
Pour finir, bien sûr, la Colo est un projet ambitieux, inédit, cette quadriphonie, mais je me demandais si vous pensiez parfois à la surenchère...
E : Si on en fait trop ?
Non justement : comment vous en feriez plus ? Est-ce que ça vous intéresserait ? Si vous deviez l’imaginer…
P : Franchement c’est déjà tellement une tannée, logistiquement… Non, je pense qu’on a pas réfléchi à ça.
E : Là pour le coup, j’ai vraiment l’impression que le rapport à l’ambition, on y est allés. Comme t’expliquait Pierrot il y a quelques minutes, on a été sur-sollicités pendant dix ans, et le projet était vraiment, de notre point de vue, la tête dans le guidon, souvent à l’arrache quoi. Très peu de temps de répétition, les mises en place de compo étaient très rapides aussi. Là, d’un coup ça s’est arrêté. On a eu le temps de travailler ce nouveau set. Une heure trente-cinq de toutes nouvelles musiques, à douze. On s’est donné de l’ambition, là ! C’était chouette d’avoir le retour de notre ingé son qui nous suit depuis le début, qui m’a dit hier après le concert, « ça a jamais été autant en place ». On n’a pas pensé à développer avec d’autres instrumentistes, ou des danseurs, ou je sais pas quoi. D’aboutir au mieux le projet tel qu’il est là, c’est notre but. De jouer le mieux possible, d’avoir les meilleurs compos. Le meilleur rapport à la spatialisation. Je pense qu’elle est là l’ambition.
Crédits photos : Thomas Sanna (live 6MIC) et Jérôme Blin (groupe)
Merci à Virginie Pargny et au 6MIC pour l’organisation de cette interview.