Berceuse Assassine : ce sont 4 gars dans le vent du Rap. Eux-mêmes se définissent comme « un groupe de rap alternatif, affranchi des racines du Rythm and Poetry » . Sur le coup, leur nom m’a évoqué la série de bandes dessinées de Ralph Meyer. Je ne sais pas si ça les a inspirés.
Ce groupe est né en 2007 sous l’impulsion de LittleRature. Après des transformations dans la constitution du groupe, ils sont actuellement 4 musiciens constituant le ‘groupe live’ : le rappeur LittleRature, le guitariste Sébastien Moreau (également clavier), Jos le bassiste et Kevin David le batteur. Leur premier album, L’Odyssée, est sorti en Mai 2012, et voici leur premier EP de 4 titres, en version live, enregistré au studio du Trocadéro. Les titres sont en téléchargement libre sur leur site.
Ils puisent leurs influences parmi des groupes tels Oxmo Puccino, Ntm, La Canaille, mais aussi Java, Noir Désir... Autant l'avouer, je ne suis pas une connaisseuse du milieu du rap, mais je suis d’un naturel curieux et il m’arrive d’en écouter et de trouver des textes surprenants de réflexion. Quand derrière il y a en plus des musiciens qui jouent vraiment, là : ça retient mon attention.
Ici c’est le cas. D’ailleurs, des vidéos de répètes du groupe le montrent sur les titres nommés "Les Sentiments" et "Le Constat" qui font partie de leur répertoire.
"Dans l’abîme" : chanson explosive au niveau du texte et de la musique. Pour moi on est dans une vraie fusion du rap et du rock. Le flow du rappeur y est bien soutenu.
"On m’a dit" est excellente au niveau du texte, montrant bien que dès qu’on est dans de l’alternatif, qu’on ne rentre pas dans les cases, on se fait virer et ce morceau fait la nique aux clichés de pas mal de gens sur le rap et le hip hop. Le refrain est explicite :
« On m’a dit, on m’a dit tout un tas de conneries
Que le rap c'est pas de la musique et qu'on fait ça pour le fric
On m’a dit on m’a dit tout un tas de conneries
Que le rap c'est pour les bandits et pour le fils Sarkozy
On m’a dit on m’a dit tout un tas de conneries
Moi j'arrêterais pas le son est-ce que tu m'entends faux jeton
On m’a dit on m’a dit on m’a dit on m’a dit on m’a dit on m’a dit
tout un tas de conneries »
"Quelques centimes", c’est la complainte de Claude le clodo, « qui habite en bas de chez toi», dont le sort est scellé. Le texte est amer, soutenu par un accompagnement musical qui monte bien en pression et soutient bien ce texte de désespoir. Le refrain est bien planté avec sa dose de révolte.
« Aujourd'hui on a plus le droit ni d'avoir faim ni d'avoir froid »
C’est facile à dire quand on est bien au chaud chez soi
Les enfoirés font de la soupe et de la musique de merde
Je suis triste je suis seul je suis amer et je vous emmerde. »
"Dans les clubs", je vous laisse écouter.
Les textes de Berceuse Assassine expriment la révolte, mêlant les inquiétudes et toute l’angoisse d’une génération qui oscille entre le besoin de revendiquer ses espoirs et le dégoût d’une société qui ne leur laisse que peu de place. Mais en émaillant leur discours d’ironie, de sensibilité et d’une certaine poésie, ils parviennent à ne pas s'en laisser compter sans tomber dans les lieux communs qui collent souvent à leur style.
Ils seront en concert le 29 Mars à la BasseCour à Nanterre.
Tracklist :
Dans l’abîme
On m’a dit
Quelques centimes
Dans les clubs.
