Charlie Griffiths – Tiktaalika

Pour ceux qui ne connaîtraient pas Charlie Griffiths, le guitariste est membre d'Haken, groupe phare de metal prog depuis les années 2010. Son autre camarade de jeu à la six cordes avait déjà sorti un album solo, il était donc normal que Charlie s'essaye à cet exercice avec un opus intitulé Tiktaalika sorti le 17 juin sur le label Inside Out Music. Lorsqu'un musicien officie depuis longtemps dans un groupe à l'identité aussi marquée qu'Haken, on peut se demander s'il n'aura pas du mal à s'extirper des tics de composition. C'est ce que nous allons voir.

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Globalement Tiktaalika reste dans la veine d'HakenCharlie Griffiths nous a pondu un concept album assez complexe au niveau de l'histoire et de la musique mais cela n'effrayera pas les fans de prog. On reconnaît directement quelques tics de composition, notamment des arpèges sur "Luminous Beings" qui font penser aux débuts du groupe et notamment à Aquarius. Même chose pour Dead in the Water, un morceau dense qui comporte des contre-chants très appréciés par Haken.

Sur l'ensemble de l'album et sur sa construction par contre, on se rapproche plus de la période récente du groupe avec une intensité quasiment totale qui laissera peu de répit à l'auditeur et à ses cervicales. On atteint un climax de violence vers le milieu de l'album avec l'enchainement de "In Alluvium" et "Dead in the Water" portés par le chant sublime de Vladimir Lalić, qui officie dans Organised Chaos. Sa voix très lyrique et puissante fait penser à Devin Townsend. D'ailleurs ce dernier doit constituer une influence importante chez Charlie.

Le guitariste arrive à se démarquer de son groupe de prédilection en invoquant des influences diverses et assez heavy notamment sur la fin de l'album avec le morceau instrumental éponyme qui fait la part belle à des riffs très thrash qui évoqueront directement Metallica ou Megadeth. L'avant dernier morceau "Crawl, Walk, Run" porté par le magistral Danïel de Jongh du groupe Textures, pousse le curseur encore plus loin. C'est barré, c'est complexe et c'est une belle claque dans la figure.

Le tout est porté par la batterie puissante de Darby Todd qui a notamment joué de ses fûts pour ... Devin Townsend bien sûr ! On voit bien que Charlie s'est nourri de ce metal complexe quand il était jeune et fait également référence à des classiques comme Dream Theater sur "Arctic Cemetary" autre morceau de bravoure. Cette composition, véritable hommage au prog de haute voltige fait appel à Tommy Rogers de Between the Buried and Me et le chanteur est clairement à son aise. Il est accompagné d'un solo très Bumblefootien mais rassurez-vous, le morceau possède un refrain très accrocheur pour ne pas être trop dérouté à la première écoute.

D'ailleurs il va falloir s'accrocher à la première lecture de l'album.En effet le guitariste a placé la barre tellement haut qu'on s'y perd un peu et qu'on peut se sentir déborder. Entre rythmes complexes et paroles se basant sur un vocabulaire paléontologique pointu, on ne ressort pas indemne. Les habitués de Haken ou Between the Buried and Me seront en terrain conquis.Néanmoins les novices qui seraient attirés par les talent du guitariste doivent s'accrocher.

Il est vraiment surprenant de se dire que Charlie Griffiths a utilisé une guitare 6 cordes pour composer cet album, lui le spécialiste des 7 et 8 cordes, tant l'album est puissant au niveau du son. Néanmoins, le mixage parfait de Nolly Getgood qui s'est déjà occupé d'albums pour des groupes tels que MeshuggahHaken ou As I Lay Dying, rend l'écoute agréable et il est facile de discerner le travail de chaque musicien. D'autant plus que Charlie s'est occupé de pas mal d'instruments dont la basse et les claviers. Il n'a cependant pas résisté à faire appel à Jordan Rudess pour un petit solo qui ne restera pas dans les annales.

Le guitariste a même utilisé sa voix notamment sur l'ovni de l'album "Digging Deeper". Véritable respiration dans cet océan de violence, la composition très aérienne fait plus penser à du trip hop notamment avec une rythmique électro très complexe en arrière plan. Et pour poursuivre le voyage plus loin Charlie Griffiths décide de partir quelques instants du côté du jazz fusion ou du moyen orient sur "Luminous Beings".

https://www.lagrosseradio.com/webzine-metal/p132598-cult-of-luna-a-lolympia-en-2023-avec-russian-circles/

Vous l'aurez donc compris : même si Charlie Griffiths ne renie pas Haken, il arrive à nous surprendre grâce à sa personnalité et ses influences musicales. Accompagné par des pointures du metal prog, il se fait plaisir et il nous fait plaisir même s'il faudra plusieurs écoutes pour digérer et intégrer la totalité de l'album. A voir donc par la suite si le guitariste a envie de poursuivre l'aventure et nous proposant encore autre chose comme plus de guitare acoustique ou s'il préfère se consacrer à d'autres projets, maintenant qu'il a coché la case "album solo fait".

Album sorti le 17 juin 2022 sur le label Inside Out Music.

 

Images : DR Inside Out Music

Tracklist :

1. Prehistoric Prelude
2. Arctic Cemetery
3. Luminous Beings
4. In Alluvium
5. Dead in the Water
6. Digging Deeper
7. Tiktaalika
8. Crawl Walk Run
9. Under Polaris

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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