Ghost - Week-end 1 – Main Stage 1 – Samedi 18 juin – 23h10
Aux alentours de 23h, c’est donc au tour de la tête d’affiche du jour de se produire sur la scène de la Main Stage 1. Et pas des moindres puisque les Suédois de Ghost font sans aucun doute partie des groupes de metal actuel les plus en vogues. Et cela malgré un virage assumé vers des sonorités pop / heavy pop. Cette date de juin est l’unique date européenne du groupe sur les festivals d’été. Y’a-t-il-eu des surprises par rapport aux sets de la récente tournée européenne ? A-t-on eu le droit à des titres supplémentaires du nouvel album, mis à part les quatre déjà présentés ? Récit d’un rituel qui a définitivement marqué les esprits de ce festival.
Statistique intéressante : Ghost est le seul groupe de metal crée il y a moins de quinze ans à s’être produit à l'Accor Arena de Bercy. Le groupe s’y est produit en avril dernier, lors d’un show qui aura marqué les esprits. C’était par ailleurs à la toute fin de ce concert que le groupe avait annoncé sa venue au festival en remplacement de l’annulation de Faith No More. Les attentes pour ce show sont donc très grandes.
Rappelons que le samedi a sûrement été la journée la plus caniculaire de tout le festival. En cette fin de soirée, il fait donc extrêmement chaud, même si une petite brise agréable et un peu d'humidité rendent les conditions plus supportables. Les conséquences de la chaleur sont d’ailleurs inévitables : Ghost n’a pas pu utiliser toute sa production. Exit donc la grosse pyrotechnie, et le traditionnel voile blanc. Celui-ci ne tombera donc pas à la suite de l’intro déjà culte de « Kasairion », sécurité oblige.
L’entrée en scène des artistes n’en reste pas moins très réussie. Lors du début du riff principal, un coup de pétard annonciateur saisit les spectateurs de la Mainstage. Le morceau est aussi marqué par des accents de rock prog et des mélodies très entêtantes. On a là sans doute un futur classique du groupe.
Tous ces petits contre-temps ne sont cependant pas suffisants pour gâcher le plaisir d'entendre les morceaux de la bande de Tobias Forge qui combinent à la fois des riffs heavy super efficaces tout en restant particulièrement dansants, voire pop. C’est le cas d’ailleurs des premiers morceaux du concert, avec l’enchainement de «Rats» scandé en cœur par le public, «From the Pinnacle to the Pit» et sa signature de basse très caractéristique, puis «Spillways», morceau metal et disco aux inspirations d’ABBA bien trouvées.
Le show s’enchaine avec des classiques du groupe, comme la sombre et emblématique «Cirice», ou encore des singles du nouvel album Impera, comme la cinématographique «Hunter’s Moon», ou la captivante «Call me Little Sunshine». C’est alors que deux ghoulettes (il y a sur scène 3 ghoulettes et 5 ghouls), nous saisissent par la puissance et la lourdeur de leurs claviers lors de l’extrait de «Helvetesfönster». S’ensuit alors le classique «Year Zero», un morceau qui s’inscrit parfaitement dans l’ambiance occulte et l’imaginaire satanique de Ghost. Mais les effets de pyrotechnie sont un peu plus limités qu'à Bercy... Et il faut dire que cela enlève un peu à la saveur du morceau.
Le show se poursuit sur les mêmes bases que ceux du concert de Bercy avec pratiquement les mêmes chansons, mis à part celles (et c’est bien dommage !) du dernier EP à savoir « Mary on a Cross » et « Kiss the Go-Goat ». Le show se décompose par ailleurs en plusieurs parties durant lesquels Papa Emeritus IV change de costume. Pour faire passer le temps, ces interludes sont animés par les nameless ghouls, les musiciens de Ghost. Par exemple, juste après le morceau «Devil Church», on peut donc assister au fameux duel des deux ghouls guitaristes. L’un d’entre eux en profite d’ailleurs pour nous jouer un extrait de «Ace Of Spades», une référence bien vue, alors que le Hellfest célèbre cette année l’inauguration de la nouvelle statue hommage à Lemmy Kilmister.
D’ailleurs comment ne pas évoquer le décor du show, avec un décor d’église qui fait office de back stage entre les différentes chansons. Ceux qui ont la chance d’être près peuvent d’ailleurs admirer la qualité des costumes et les nombreux détails. A commencer par ceux de Papa Emeritus / Tobias, à savoir les fissures sur ses ailes de chauve-souris, son pantalon avec des déchirures très travaillées, la qualité des paillettes, son regard à la fois vide et perçant, son étole avec la superbe inscription Emeritus IV… Et c’est aussi le cas des ghouls. Tous vêtus de noir, ils arborent fièrement leur nouveau masque en forme de masque scaphandre. Un autre détail : les musiciens qui chantent dans les chœurs ont d’ailleurs une ouverture intégrée dans leur masque. Ce qui n’est pas le cas du bassiste par exemple, pour lequel il est impossible de distinguer la bouche.
On voit notamment que les ghouls participent aussi au show parfois tout autant que Papa Emeritus. Il est d’ailleurs toujours intéressant de les regarder de temps en temps faire des petites blagues dans leur coin. Dans l’ensemble l’harmonie entre les ghouls et Tobias fonctionne d’ailleurs très bien, même si certaines plaisanteries sont en fait très calculées à l’avance, ce qui enlève l’effet de surprise lorsqu’on a déjà assisté au show. Notamment sur la mise en scène de la chanson «Miasma» très appréciable par son solo de saxophone et le retour d’un personnage iconique de l’univers de Ghost…
A de nombreuses reprises, Tobias et ses ghouls ont tout de même su faire preuve d’originalité et de spontanéité. Par exemple, lorsque les fans se sont pris au jeu de siffler. Le chanteur très jaloux de ne pas savoir comment faire, il a demandé au public de siffler en chœur, ce qui a apporté une ambiance «sifflante» très sympa jusqu’à la fin du show. De même lorsqu’un fan a lancé un t-shirt sur scène, le frontman s’en est gentiment (ou pas) moqué avec un « Merci », légendaire.
Mais la plus grosse surprise du show reste le live premiere d’une des chansons du nouvel album. Alors que Papa Emeritus demande à l’audience si elle désire entendre une nouvelle chanson en appelant le public à scander des «oui» en français, on frétille d’impatience de savoir le nom du morceau. Hélas, ça ne sera pas «Twenties» mais bien «Griftwood», un titre rock qui reste tout de même très bien taillé pour être joué en live. La mise en scène est aussi très sympathique avec la présence d’un chœur de religieuses à l'arrière de la scène. Ce qui n’est pas sans rappeler la référence au chœur d’enfants présents lors du précédent show de Ghost au Hellfest 2016 lors du final sur «Monstrance Clock». Ces vingts choristes sur scènes sont d’ailleurs issus de la chorale Urban Voices, une association nantaise. On regrettera néanmoins les problèmes de son qui ont un peu mis en retrait les voix du chœur lors de la prestation.
Le groupe termine son show par le désormais classique, «Dance Macabre», un tube très dansant, comme son nom l’indique. Un moment forcément fort lorsque le refrain repris en chœur par le public s’accompagne d’un lancer de confettis. Mais quelle déception de voir le groupe sortir de la scène directement après cette chanson ! Il n’y aura pas de «Square Hammer» ce soir, et on apprendra par la suite que Tobias Forge a eu des problèmes de voix. Ce qui a forcé à écourter le set en ne jouant pas cette dernière chanson…
Il y a tout de même quelques déceptions à souligner sur ce concert. Comment ne pas parler de tous ces fans qui n’ont pas arrêté de filmer le show avec leur portable. Ce qui a vraiment enlevé à l’immersion de la prestation pour ceux dans les premiers rangs. La qualité du son n’a également pas toujours été au rendez-vous. La voix de Tobias Forge notamment a parfois été peu perceptible, sans compter son problème de voix en fin de show. De même, à cause des conditions venteuses, la qualité du son a été assez inégale - la configuration en festival n’aidant pas forcément...
Il n’en reste pas moins que le groupe de Tobias Forge sait faire le show, et s’impose comme un grand nom de l’industrie rock actuelle. Un festival comme le Hellfest a pour ADN de rendre les genres de musique extrêmes accessibles. Et Ghost a encore prouvé ce soir qu’il était une excellente porte d’entrée pour les festivaliers les plus néophytes. On ne peut donc qu’être impatient de les revoir prochainement, avec plus de chansons du nouvel album... Et qui sait, des dates dans toute la France ? Affaire à suivre…
Setlist Ghost
Crédits Photos : Florentine Pautet.
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