" Crisix est basé sur le fun et la passion de la musique, tout comme le Hellfest ! "
Avec une tournée Warm Up Hellfest en compagnie de Tagada Jones et un set sur la Mainstage 2 de cette édition 2022, on peut dire l'identité du festival clissonnais colle à la peau des thrashers de Crisix. Et comme Ben Barbaud, on peut dire que les Espagnols ne baissent pas les bras, même quand à quelques heures de fouler les planches du plus grand festival européen, leur batteur est atteint du Covid... Quelques heures après leur set, nous avons donc posé quelques questions à Pla Vinseiro (basse) et Marc Busqué (guitare) pour revenir sur ces événements...
Bonjour Pla et bonjour Marc ! Merci de nous accorder cet entretien pour La Grosse Radio. Ce matin, c'était votre deuxième set au Hellfest, mais cette fois-ci sur une mainstage en lieu et place de l'Altar il y a quatre ans. Comment avez-vous vécu cette expérience en comparaison du précédent set de Crisix ici ?
Marc : Nous avions justement une conversation à l'instant à ce sujet ! J'ai croisé quelqu'un qui m'a dit nous avoir découvert sous l'Altar en 2018. Il avait bien aimé notre concert et avait bien connecté à notre musique, mais il m'a confié que pour lui le concert d'aujourd'hui était encore meilleur et plus fun. Et cela en dépit du fait que nous avons dû trouver une solution de dernière minute car notre batteur a le Covid. Nous avons donc vécu le show de manière très différente en raison de ces conditions particulières. Malgré cela, on aurait pu se contenter de penser « Ok, on va essayer de faire du mieux et faire ce qu'on peut », sachant que d'habitude, nos concerts sont super quand on est tous ensemble... Pour moi c'était vraiment cool de voir ce fan satisfait en dépit des conditions !
Pla : C'est vrai qu'il y a 48 heures, nous ne savions pas si nous allions être en capacité de venir jouer. Mais nos amis Job de Tagada Jones et Chris [Williams NDLR] de Gamma Bomb ont appris deux titres chacun, puis nous avons nous-même échangé nos instruments pour pouvoir mener un set entier. Cela a généré beaucoup de stress, car nous étions à peine préparés pour jouer dans ces conditions... Imagine, tu as un show très rodé, puis tout à coup un truc comme ça arrive et tu dois quand même montrer qui tu es ! C'est le moment parfait pour prouver que tu es capable de faire le job malgré tout. On s'est prouvé à nous-même ainsi qu'au public présent qu'on était capable de rebondir quelque soit ce qui peut arriver ! Et on en est très heureux ! (rires)
Marc : Et on a donné du fun au public... Et si les gens sont contents, nous aussi !
Combien de temps avez-vous donc laissé à Job et Chris pour apprendre les morceaux ?
Pla : Une nuit seulement ! Car nous sommes arrivés à Clisson hier, vers onze heures. Nous avons passé des coups de fil à un ami batteur en Espagne pour savoir s'il pouvait nous dépanner mais personne n'était disponible ! On a appelé trois personnes, et elles étaient toutes malades ! C'est dingue !
Marc : C'est un nouveau variant du virus, qui ne touche que les batteurs! (rires)
Pla : Oui, on peut blaguer là dessus maintenant ! (sourire) Mais il a fallu travailler avec Job et Chris, sachant qu'on jouait dans une dizaine d'heures... On a eu tellement de stress. On est arrivé sur le site pour récupérer Chris très tard hier, puis nous avons fait le point dans une chambre d’hôtel sans batterie pour travailler les morceaux avec lui. Job a fait pareil, sachant qu'il devait aussi jouer sur la Mainstage 1 ce weekend... C'est impressionnant ce que ces gars ont été capables de réaliser, ce sont de très bons musiciens. Nous sommes amis et nous avons beaucoup de respects pour eux car ils nous ont sauvé les fesses !
Vous venez de mentionner ces liens avec Tagada Jones et Gamma Bomb... On imagine que les liens avec Tagada viennent de votre tournée Warm Up avec ces derniers. Quels souvenirs gardez-vous de ces dates avec eux ?
Marc : Nous avons eu une super expérience en France. C'était super car notre nouvel album, Full HD, est sorti à ce moment là, après beaucoup de mois de travail. C'était l'occasion de donner de super shows, avec une production de tueurs et en compagnie d'un excellent groupe qui est Tagada Jones... C'était tellement dingue que nous avons eu la chance de faire une percée dans les charts en France car en raison de ces concerts, beaucoup de monde a acheté l'album. C'était une énorme opportunité de faire grandir Crisix, spécialement en France.
Pla : Oui, mais ce travail extraordinaire sur la tournée Warm Up a aussi été facilité par l'équipe, notamment Alexxx [Rebecq, qui gère la tournée Warm Up NDLR]et tout le crew Hellfest ! C'était comme un grande famille où tout le monde avait une attitude très professionnelle. On a eu l'impression de sauter dans une machine pour vingt jours et c'est génial de voir qu'aujourd'hui tous les gens qui nous ont accompagnés pendant cette tournée étaient sur le côté de la scène pour nous soutenir. On a tous eu un moment spécial, car nous nous sommes tous pris dans les bras avant le concert. Ce genre de moments créée des liens qui restent. Nous sommes très reconnaissant à Alexxx et toute l'équipe du Hellfest car ils nous ont tellement bien accueillis et ont toujours eu le sourire. Tu ne peux pas espérer mieux !
Marc : Le concert d'aujourd'hui était un gros challenge pour nous vu les conditions, mais on ne pouvait pas se sentir mieux entouré.
L'an dernier, vous avez participé à la version Hellfest From Home du festival, en jouant sans spectateurs et en streaming. Comment avez-vous vécu cette expérience ? Est-ce que vous vous êtes imaginé jouer devant un public pour vous mettre dans l'ambiance ?
Marc : Le Hellfest From Home était le premier concert que nous avons donné après le début du confinement. Nous avons surtout vécu cela comme une opportunité pour jouer, en utilisant une superproduction et de la pyrotechnie. Dans ces moments, on se dit « ok, il n'y a pas de public, mais les gens vont trouver l'expérience fun » !
Pla : Oui, c'est vrai que c'est bizarre de jouer sans spectateurs, mais c'est toujours mieux que si nous n'avions pas pu jouer du tout ! (rires) C'était quand même une très belle expérience, avec ces flammes, ces caméras qui nous survolaient... Et ces caméras nous servaient d'audience finalement. Nous communiquions avec les gens à travers elles. C'est sûr que ce n'est pas pareil qu'un concert normal, mais c'était le début d'une relation de confiance avec le Hellfest ! Bien sûr, Crisix avait déjà joué ici en 2018, mais on s'est vraiment senti intégré à l'équipe du festival. On s'y sent vraiment comme à la maison !
C'est vrai qu'avec cette relation que vous avez créée, deux shows au Hellfest « normal », un autre dans la version From Home et une tournée Warm-Up, vous pourriez devenir le groupe officiel du festival ! Est-ce que selon vous votre identité, vos valeurs et celles du festival sont similaires ?
Marc : Oui, c'est sûr que Crisix est basé sur le fun et la passion de la musique, tout comme le Hellfest, qui est drivé par des passionnés avant tout, qui cherchent à rendre les gens heureux. On fonctionne de la même manière.
Pla : Oui, la valeur commune, c'est de rendre les gens heureux mais de faire ce qu'on fait avec passion ! Je vois la façon dont les gens travaillent ici, la façon dont ils cherchent à développer le site... Vous avez vu la nouvelle statue de Lemmy ? C'est dingue non ? Quand nous sommes allés rencontrer l'équipe du festival dans leurs bureaux au moment du Hellfest from Home, on a pu voir tout le travail qu'ils abattaient. Ils ont créé un bar qui ressemble à une église, des vitraux à l'effigie de Lemmy... Quand tu vois ça, cela donne une vraie personnalité et une vraie identité au festival. Je pense que Crisix a une identité similaire...
Marc : Et surtout, on voit que malgré le statut qu'a atteint le festival aujourd'hui, leur passion reste intacte. On fonctionne de la même façon... On garde la même passion que l'on joue devant 10 ou 10 000 personnes.
Depuis vos débuts, il y a une dizaine d'année, vous avez sorti six albums complets. Quelle est votre recette, car on sait que « it's hard to cook a song » [référence à leur titre du même nom NDLR]
(Ils éclatent de rire en choeur)
Pla : Ah ah ! Elle est excellente celle là ! Ce n'est pas que c'est dur d'écrire une chanson, c'est surtout que celle-ci était particulièrement difficile à créer ! (rires) Mais non, ce n'est pas si difficile car nous échangeons beaucoup d'idées. L'inspiration vient surtout du fait que l'on écoute de la musique tous ensemble, que l'on vit beaucoup ensemble et que l'on discute beaucoup. On fait ce qu'on aime faire. A titre personnel, je joue de la musique avec mes amis, c'est la seule inspiration dont j'ai besoin !
Marc : Au cours de ces deux dernières années, nous avons trouvé cette nouvelle façon de créer tous ensemble, comme une famille. Nous écrivons les paroles en groupe, c'est une façon plus professionnelle pour nous de travailler. Nous pensons que cette façon de faire fonctionne très bien.
Dernière question pour aujourd'hui : je suis très curieux de savoir ce qu'il y avait pour vous au menu du catering du Hellfest. Vous ont-ils apporté une part de pizza satanique, votre plat préféré auquel vous avez consacré un EP ?
Pla : (rires) Non, mais nous n'avons pas essayé tous les plats du catering ! Nous en gardons pour plus tard, mais j'ai hâte de découvrir la suite... A chaque fois que nous tournons en France, nous adorons goûter à la nourriture d'ici, au vin... J'ai bu une demi-bouteille de Muscadet aujourd'hui ! (rires) On sait qu'à chaque fois nous allons être bien nourris, qu'il s'agisse d'une part de pizza satanique ou pas ! (rires)
Interview réalisée à Clisson le 24 juin 2022
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