The Mystery of Tobi
Fin mars 2013. Nous voici de nouveau convié à un voyage au pays d’Avantasia par le sieur Sammet. A peine trois ans donc après le dyptique The Wicked Symphony – Angel of Babylon qui clôturait la trilogie The Scarecrow initiée en 2007. Entre temps, Edguy a eu le temps de sortir son neuvième opus studio et de faire une grande tournée. Le moins que l’on puisse dire, et ce n’est un secret pour personne, c’est la rapidité de composition de la tête pensante de ces deux groupes. Seulement voilà, vous avez d’ailleurs pu le lire ici, le dernier Edguy n’a pas remporté tous les suffrages (quoiqu’en dise Tobi) et depuis quelques temps la qualité des compositions du célèbre quintet décline. Heureusement Avantasia restait l’îlot d’inspiration de Tobias Sammet qui s’y réfugiait semble-t-il pour y accoucher de ces meilleures idées. Il suffit d’écouter la dernière trilogie sus-citée pour s’en convaincre. Et je ne parle évidemment pas des premiers Metal Opera qui appartiennent désormais à la légende et à ce qui s’est fait de mieux pour Avantasia.
Et nous somme donc là avec cette nouvelle offrande du Master Sammet qui se nomme : The Mystery of Time. Comme d’habitude, pléthore de stars sont conviées à venir pousser la chansonnette au côté du maître d’œuvre, de Joe Lynn Turner (ex-Deep Purple, ex-Rainbow) à Ronnie Atkins (Pretty Maids) en passant par l’inratable Michael Kiske (Unisonic) et bien d’autres, mais aussi des musiciens comme Bruce Kullick (ex-KISS) et Arjen Anthony Lucassen (Ayreon). De plus, quoi de mieux que l’incoporation d’un réel orchestre symphonique pour rehausser et donner du corps aux compositions, le signe d’un petit retour aux sources non ? Signe amplifié par cette superbe pochette typée fantasy qui ne peut que nous donner envie d’écouter cette galette !
Et bien écoutons….
Hum, oui voilà je ne vais pas réussir à rester enjoué jusqu’au bout moi (et pourtant, je suis comme on dit dans le jargon un « fan boy »). Alors par quoi commencer ?
Tout d’abord les points positifs, comme ça ce sera fait. Il y a dans cette œuvre la patte Sammet, fait indéniable. Certaines compositions sont tout simplement des petites bombes, j’en veux pour preuve l’inspiré "Spectres", pièce ouvrant l’album, qui même si elle est typée "Amaranthe" de Nightwish, a son refrain imparable, un orchestre qui renforce la voix de Tobias qui chante juste, une batterie bien en place. Bref l’effet est saisissant en début d’album.
Passons à "Invoke The Machine", une tuerie, tout simplement, même si Tobias a plus de mal à suivre la voix puissante de Ronnie Atkins, cette chanson est heavy, puissante avec un riff de guitare mordant pour un refrain tout en puissance, emmené par la batterie de l'excellent Russel Gilbrook (Uriah Heep) ! Et que dire de "Dweller in a Dream", autre duo avec Michael Kiske (qui est désormais l’homme de l’album à la place de Jorn Lande pour la dernière trilogie), elle vous rappellera sans doute les compos rapides du temps béni des Metal Opera. De plus la superposition des voix se fait très bien, avec les chœurs en fond, bref Tobias sait encore nous faire de bons titres. A propos de duo Sammet-Kiske, on ne peut passer à côté de "Where Clock Hands’ Freeze", la traditionnelle speederie d’album d’Avantasia qui semble convenir depuis The Scarecrow. Elle commence très calme, type ballade, avant de s’emballer, la voix de Kiske démarre et c’est un plaisir à écouter. Comme on dit : back to the Keeper, Helloween n’est jamais loin lors de ces chansons speed, et Tobias sait les composer. Oui mais bon l’air général de cette chanson est encore et toujours celui de "Shelter From The Rain". Vous aviez eu "Wastelands" en bis, voici "Where Clock Hands’ Freeze" en ter… Donc une bonne compo, mais classique et non originale. Et là on arrive au point noir majeur : l’originalité.
Tobias est semble-t-il en pilotage automatique depuis quelques temps, que ce soit avec Edguy, ou Avantasia à présent. C'est-à-dire « tiens j’ai déjà des tas de morceaux dans ma discographie qui sont sympas, pourquoi je me casserai le cul à en créer de nouveaux… ». Et le sentiment de déjà-entendu et de réchauffé vous gagne sur plus d’un titre (le terme musique Mcdo pourrait presque s’appliquer ici ‘private joke’). Prenons par exemple "Black Orchid", duo entre Byff Byford (Saxon) et Tobias Sammet (je vais arrêter de préciser que les duos sont avec Tobias Sammet puisqu’ils le sont tous sur cet album), qui bénéficie d’une rythmique lourde et très symphonique. Outre le fait que le chant de Byff est correct, vous pouvez retrouver cet air en combinant "Black Wings" (The Wicked Symphony) et "Sex Fire Religion" (Tinnitus Sanctus), l’orchestre en plus.
Continuons avec "Savior In The Clockwork", première piste épique de 10 minutes de l’album, mais quand on sait que 5 minutes auraient suffi, c’en est rageant: vous n’avez qu’à écouter "Devil In The Belfry" de The Scarecrow. Pourtant l'ambiance de départ est très BO de film. Ensuite arrive "Whats Left Of Me", seconde ballade de l’album (oui il y en a une première mais je la garde au chaud pour plus tard), qui s’apparente à un mix de "Runaway Train" (The Wicked Symphony) et "Journey To Arcadia" (Angel Of Babylon). Le duo avec Joe Lynn Turner est joli, les soli de guitares sont bons, les chœurs sont mignons… mais non quoi ! Et prenez la dernière piste de l’album, seconde de 10 minutes, j’ai nommé "The Great Mystery". Qu’a voulu faire Tobias ici ? Il lui restait sans doute des heures de location d’orchestre et il a tout mis là. C’est un fourre tout d’ambiances, très fouilli, avec un refrain qui tente de relever le maigre niveau de la composition. Vous retrouverez d’ailleurs un peu de "Journey To Arcadia" (encore) et de "The Wicked Symphony" (ou Champs Élysées c’est selon). Même les guests semblent ne pas y croire, Bob Catley en tête. Cette composition n’a ni queue ni tête et représente un peu l’album en général… confus. Le tout pour finir en final chorale typé ‘happy end Dysney’.
Et le must du mauvais goût, je vous l’avais promis : "Sleepwalking". Que dire de plus à part que cette ballade est sans doute l’une des pires qu’il m’ait été donné d’écouter jusqu’à aujourd’hui. Quand je lis que cette chanson a été choisie comme single parcequ’elle a le format radio et qu’elle a un bon tempo, j’en viens à penser qu’on a perdu Tobias pour de bon. Quand on sait qu’il a composé "Land Of Miracle" (Theater Of Salvation) ou "Farewell" (The Metal Opera, pt1): ça fait mal au cœur !
Même le chant de Tobias est limite par moments... c'est vous dire le problème. Ses guests sont souvent meilleurs (hormis Byff) et on sent qu'il tente de se donner un genre qui ne lui va définitivement pas.
Bref je vais arrêter là cette chronique (à laquelle je n'ai pris aucun plaisir comme j’ai pu en prendre habituellement à chroniquer les œuvres de Tobias jusque là). A ceux qui se sont senti rassurés en lisant « album of the year », « bombastic album », « a really great epic symphonic fucking masterpiece », désolé de vous l’apprendre, mais l'album est raté, pourtant je vous l’ai dit en introduction de cette chronique, je suis un fan. Alors fan certes, mais con sans doute pas… et là ce sera la sanction ! Cet album n’est pas bon, il a quelques soubresauts efficaces (cités plus haut), mais se complait dans le médiocre: quand j'en viens à constater que la musique d'Avantasia s'écoute bien en fond sonore je m'inquiète.... Alors si même Avantasia n’inspire plus Tobi, que devons nous penser… ?
Je ne peux qu’espérer (une fois de plus) qu’il se ressaisisse, mais Tobias Sammet semble très loin de nous désormais. C’est une rock star qui s’assume, et en tant que telle, il fait ce qu’il veut et envoie chier les critiques négatives. D’ailleurs cette chronique n’arrivera sans doute jamais à lui…
Mais j’ai un mot pour résumer l’album en considérant tous les moyens dont il disposait pour nous faire cette musique : Gâchis !
Je m'en vais remettre The Metal Opera part 1&2, ça fera du bien!
Note réelle : 4,5/10 (arrondi à 5 parce que j'y crois... encore).