J'aurais dû me douter… je savais bien que ce petit sifflement me rappelait quelque chose…en même temps, entre le moment où il m'a fait frissonner l'oreille et l'impact, il n'y eut qu'une fraction de seconde ! Ce délicat déplacement d'air, je le connaissais bien pourtant, c'était celui du bon gros pain qui va venir vous éclater la tronche !
Deux ans après son E.P, le très recommandable "The Runaway", Face Down est de retour avec un premier véritable album, et autant le dire de suite, le groupe a beaucoup progressé ! Le quintet francilien a changé de chanteur, et c'est désormais Byron qui officie au micro. Un plaisir pour moi car le garçon ne se contente pas d'envoyer du gras (rassurez-vous, quand il vomit, il ne sert pas les dents et balance des morceaux de couenne), mais évolue parfois aussi dans un registre plus modéré et médium ce qui apporte une certaine variété d'interprétation. C'est important, surtout pour des oreilles comme les miennes, peu portées sur le beuglement ininterrompu !
Hormis ce changement de line-up, FaceDown a conservé sa trademark, à savoir une usine à riffs, un savoir-faire bluffant dans l'art de vous découper la tronche à coups de six-cordes tranchantes. Et ça attaque pied au plancher avec "Lone Ranger", le genre de brûlot qui met tout le monde d'accord (surtout si vous êtes amateurs d'empilages festifs et virils en concert) tout comme le groovy "My Last Tequila".
L'étiquette stoner-thrash revendiquée par la bande est on ne peut plus appropriée, tant ce disque est gorgé de matraquages guitaristiques assassins et de soli jubilatoires. Avec J.A en maître riffeur et Ced en soliste équilibriste (gros progrès aussi, le bougre), les gratteux se déchainent et bâtissent un mur sonore qui ne se contente pas de bourriner sauvagement dans tous les sens. Non, ici, on fait fluctuer l'intensité, on s'accorde des passages calmes, du beau aussi parfois avant de vous scalper le cerveau, de transformer vos méninges en carpaccio, un vrai régal !
Certes, les guitares se taillent la part du lion, mais elles n'en occultent pas pour autant l'énorme boulot abattu par la rythmique, qui, chose trop rare dans le genre, bénéficie d'un son et d'un mixage tout à fait judicieux. La batterie est particulièrement agréable à écouter (y compris les cymbales dont on perçoit durablement le son, sans que celui-ci ne vous fasse vriller les tympans, écoutez donc l'intro de "Horse Power" pour comprendre ce que je veux dire) et le son de basse ne se résume pas à un vrombissement permanent.
Même si le combo ne révolutionne pas le monde et ne fait pas forcément preuve d'une grande originalité, ce qu'il fait, il le fait bien ! Pour ceux qui craignaient que le groupe s'essouffle sur la longueur d'un cd, pas de panique, ce ne sont pas les idées qui manquent et on ne discerne pas de remplissage inutile. Face Down tabasse, Face Down matraque, Face Down cajole aussi parfois (par pure fourberie, c'est pour mieux te latter mon enfant !), mais Face Down n'ennuie pas ! Tout juste peinera-t-on à atteindre la fin du disque, la nuque devenant douloureuse en fin de parcours, surtout lorsqu'après le pesant "Blow Away The Dust", le tempo monte brutalement dans le rouge sur "Poker Time" !
Une prod soignée, sans être excessive, un groupe qui a envie d'en découdre et qui s'est donné les moyens d'assommer concurrence et fans (franchement, ces titres là sur scène, ça risque de faire du dégât), et qui plus est, qui respecte les chroniqueurs (mais depuis combien de temps n'ai-je pas reçu un cd, un vrai pas un put*** de lien MP3 quand il ne faut pas carrément télécharger illégalement le disque pour pouvoir le chroniquer avant sa sortie !) voilà une bien belle confirmation du talent d'un combo à qui on ne peut que souhaiter plein de bonnes choses !