Kvelertak – Meir


Dites, vous vous rappelez vos pires 'trips' à l'acide ou aux champis ? (qui appartiennent aujourd'hui au passé bien sûr, tenez-le vous pour dit les jeunes, la drogue c'est de la m****!!  Pis avec la Crise, on a déjà de plus en plus de mal à s'offrir celle en vente libre, alors bon...) 

Au cours de ces épisodes hallucinogènes, quelle aura été votre vision la plus décadente ? Un champ d'herbe de 66 hectares en train de se faire tondre par Florent Pavaro-Pagny, pendant qu'une Jenifer se fait fumer à l'arrière ? Yannick Noah reprenant du Bob Marley avec Christophe Mae, après avoir chialé pour Hollande?? Un couple exhibo LGBT (et même tout ça à la fois, pourquoi pas?!) batifolant en plein Paris, sous les yeux émerveillés d'une Christine Boutin toute émoustillée et s'adonnant pour l'occasion à des exercices d'onanisme tactile jusqu'à l'évanouissement??!

Bon, comme ne sais pas laquelle de ces scènes passerait pour être la plus sordide, je vous propose de faire le même test en musique ! Qu'est-ce que votre cerveau allumé et sous influences a réussi à échaffauder de plus décadent et de tarabiscoté : The Clash avec une voix black et des blasts ? Un cover-band de Turbonegro avec Fenriz et Nocturno Culto de Darkthrone ? Du desert rock croisé à du Maiden, à du Thin Lizzy et à de la pop ? Karma to Burn meets Lynyrd Skynyrd ou Tesla à la sauce Shining, Agnostic Front et Spiritual Beggars ?!...

Parce que les Norvégiens de Kvelertak, récemment signés chez Roadrunner Records, c'est un peu tout ça à la fois, et bien plus encore ! On n'ira donc pas énumérer les nombreuses réminiscences qui viendront vous chatouiller l'oreille à l'écoute de ce deuxième glaviot sonore aujourd'hui disponible et judicieusement intitulé Meir (à rapprocher du "more" anglais, et c'est vrai que sur ce coup-là on explore encore un peu plus l'univers initialement 'hardcore-punk-black'n'roll-stoner-classic-rock.....arf, STOP, n'en jetez plus!!!' du combo, qui a poussé ici les choses à leur paroxysme pour notre plus grand plaisir !). On ne relèvera donc pas tout car cela serait contre-productif : si l'on se retrouve en effet en présence d'un peu tout et son contraire sur le papier, il est stupéfiant de constater qu'une fois que ce disque défile dans les esgourdes, ça coule tout seul, et même finalement de source, si, si ! Pas là le moindre des exploits...

 

kvelertak, meir, nouvel album 2013, band pic

En revanche, si on devait faire un parallèle entre ce Meir et son plus radical prédecesseur l'éponyme Kvelertak (sur lequel on retrouvait le titre "Mjød" qui les fit connaître en Norvège, notamment via une apparition sur la BO du film 'The Troll Hunter'...), il conviendrait de noter une approche cette fois plus «divertissante» encore qu'à l'accoutumée, car davantage ouverte et encore plus folle. Si le caractère expéditif de l'exécution est toujours de mise, on ne retrouve plus le même degré d'urgence qui distinguait particulièrement leur précédente offrande. Le groupe s'accorde d'ailleurs davantage d'aérations (des passages toujours aussi prenants même si un peu moins 'visuels' peut-être...), ainsi que des choeurs encore plus festifs que d'ordinaire (peut-être un peu trop parfois si l'on en juge à un titre comme "Bruane Brenn", qui a d'ailleurs fait l'objet d'un clip 'juvénile' bien à propos). La patte communicative du punk est peut-être plus présente ici que le hardcore vindicatif qui nous avait mis une telle claque sur le Kvelertak de 2010, et outre les choeurs très marqués par l'esprit des Clash par endroits, c'est davantage encore un côté goguenard propre aux Sex Pistols que l'on retrouve fréquemment dans le phrasé, ainsi que l'énergie subversive d'un Turbonegro. Le tout passé quand même à la moulinette «extrême» of course, avec quelques incartades plus modernes et des interventions que l'on pourrait qualifier de 'screamo' (cf un des ... nombreux ponts de "Nekrokosmos" !)....

Pour le reste, si les thèmes s'éloignent de plus en plus de la mythologie nordique, Kvelertak continue à chanter dans sa langue natale, ce qui contribue à lui garder une parenté avec une scène black sans compromission (moins prononcée aujourd'hui peut-être). Si le premier opus avait vu la présence de guests de choix en la personne de Hoest (Taake) et Nattefrost (Carpathian Forest) , ce Meir se passe allègrement de ce genre de contribution tant les acquis en la matière ont déjà été suffisamment validés (cf les trente premières secondes 'true black' de "Trepan" avant que ce morceau n'alterne avec de chouettes mélodies de hard héroïque!) . Et sur les passages purement 'black n' roll', le groupe garde un peu la même ligne de conduite que s'était fixé Darkthrone sur le bien-nommé The Cult is Alive, même si avec une esthétique tout de même bien différente (moins radicale et plus émancipée encore une fois, plus édulcorée), et vers quoi Fenriz et son acolyte auraient pu tendre s'ils n'avaient pas préféré rendre hommage de manière plus tranchée à la NWOBHM, à Celtic Frost et à la scène heavy US.

Une influence plus 'métal classique' qui se fait néanmoins toujours sentir çà et là ici, mais qui chez les Kvelertak se manifeste surtout par des passages clairement plus 'mainstream' encore (pas aussi 'soft' que dans du Ghost, mais cela viendra peut-être?!), dérivant vers le hard US d'un Aerosmith ou d'un Guns n' Roses ("Bruann Brenn" encore une fois, entre autres...) ou, plus réjouissant encore, le hard/heavy mélodique d'un Thin Lizzy ou d'un UFO. Il faut dire qu'avec trois guitaristes à bord, les lignes de gratte peuvent volontiers se faire 'twin' et épiques ou même plus travaillées et harmonisées encore (avec de jolis clins d'oeil à Maiden, notamment la dernière incarnation ainsi que celle de Seventh Son...), et même se parer d'acoustique 'folkloro-crassouilleuse' pour renforcer les parallèles avec le Lynyrd Skynyrd dernière époque que l'on ressent déjà sur certaines lignes de 'lead' que l'on sent très imprégnés d'une âme hard/blues un poil «sudiste». C'est qu'on voyage avec les Norvégiens, et en première classe s'il vous plaît ! Jusqu'en Australie sur les riffs très typés AC/DC d'un "Undertro"...

Il convient de souligner décidément ce côté 'fun' qui se manifeste dans chaque intervention de guitare mélodique, et la liberté totale que s'accordent les musiciens, passant par exemple sur un titre comme "Månelyst" d'un pur shredding façon thrash US à une courte intervention digne d'un Slash ou d'un Michael Amott dans Spiritual Beggars avant de finir sur ce riff 'punkisant' mais aux mélodies tout aussi délicieusement NWOBHM que dignes d'un Brian Robertson dans 'Lizzy!

 

Le tout se voit aujourd'hui rehaussé d'un son gonflé et ronronnant jusqu'à tendre vers le grassouillet des mentors de Baroness (c'est une fois encore John Dyer Baizley, le chanteur/guitariste de ces derniers qui s'est occupé de la pochette de l'album) et parfois jusqu'à la confusion que ferait ressentir un album de Converge (une fois encore, les Kvelertak sont restés fidèles au guitariste Kurt Ballou, leur producteur attitré). Toutefois, c'est le côté récréatif et «défouloir» qui prédomine ici, et qui fera de ce Meir un parfait disque de chevet que vous ressortirez régulièrement chaque fois que vous aurez besoin d'une bonne bouffée d'air frais à l'issue d'une journée trop asphyxiante : il reprend en effet tous les ingrédients qui font les musiques que l'on aime, dans des mélanges à priori contre-nature qu'on n'aurait jamais osé tenter mais qui se révèlent dosés à point pour ne jamais dégoûter, et surtout ne jamais lasser. Aussi déconcertant que hautement addictif... Mais pour vous ressortir mon laïus en préambule, celle-ci c'est de la bonne dope, vous pouvez y aller !!

 

LeBoucherSlave


8/10

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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