The Classic Symptoms of a Broken Spirit, dixième opus studio du groupe britannique, fait suite à l'album acclamé par la critique de l'année dernière, For Those That Wish To Exist. Le groupe a à peine eu le temps de célébrer son succès qu'il a rapidement commencé le processus d'écriture de ces nouvelles compositions. Un pari risqué que de produire aussi rapidement un nouvel opus. Architects est bien connu pour son côté travailleur, alors que donne ce dixième album ?
The Classic Symptoms of a Broken Spirit sera ainsi le dixième album studio du groupe et a été produit par Dan Searle, Josh Middleton, avec quelques productions supplémentaires de Sam Carter aux Deacon’s Middle Farm Studios et Electric Studios à Brighton. Le dernier album des Anglais For These That Wish To Exist n’est sorti qu’en février 2021, soit il y a à peine un an et demi. Cette rapidité en terme de composition est liée au fait que les membres d’Architects ont été encouragés par le fait d'être enfin réunis, après leur dernier album produit principalement à distance en raison des restrictions COVID. D’après Dan (batteur et auteur-compositeur du groupe), le résultat est quelque chose de plus "libre, ludique et spontané". Sam (chanteur) ajoute que “celui-ci est plus vivant, plus excitant et plus amusant - il a cette énergie. Nous voulions que ce soit beaucoup plus industriel et électronique “. Des couches d'éléments électroniques et industriels imprègnent littéralement l'album d'une explosion d'énergie qui définit l'ambiance des onze pistes. Il y a plus qu'un clin d'œil aux influences post-rock du groupe.
For Those That Wish To Exist était une tentative douce et courageuse d’Architects de faire évoluer sa musique. Force est de constater que de nombreux groupes de metalcore cherchent de plus en plus à évoluer musicalement. Parkway Drive typiquement, qui se dirige vers une version peu réussie de Papa Roach… The Classic Symptoms of a Broken Spirit semble être pour Architects une confirmation plus libre de ce qui a été entrepris avec FTTWTE, reste à voir s’il s’agit d’une réussite.
“When We Were Young” et “Tear Gas”, les premiers singles du groupe à avoir été dévoilés n’avaient que peu convaincu la critique. A vrai dire, les influences de Linkin Park sur le refrain de “Tear Gas” ainsi que les riffs du couplet à la Rammstein sont presque flagrants. Ils ne sont pas pour autant mauvais, attention. Certains sont fans, d’autres un peu moins et attendaient de voir la direction qu’allaient prendre les prochains singles.
Justement, “Deep Fake”, l’avant dernier single du groupe, en a contenté plus d’un. Son breakdown, suivi d’un “we are one and the fucking same” hurlé par Sam, est efficace et foudroyant. On y retrouve d’ailleurs les sonorités de FTTWTE. Enfin, le dernier single dévoilé, “A New Moral Low Ground” est clairement la cerise sur le gâteau! Avec son excellent solo composé par Josh qui arrive de nulle part pour nous mettre un crochet comme si de rien n'était.
“Spit the bone” et son intro clairement electro industriel est frappante, voire surprenante. Au premier abord, on ne sait pas si on aime ou n’aime pas et on ressent le besoin de la ré écouter. La suite du titre s’améliore un peu mais on retrouve rapidement sur le refrain des influences de Rammstein. Pas besoin d’être un fin connaisseur du groupe allemand pour le deviner d’ailleurs. Quoiqu’il en soit, cette chanson ne marque que très peu The Classic Symptoms of a Broken Spirit. Le changement musical est quasiment drastique ici et risque de déplaire. “Living is killing us”, dont le titre sera facilement hurlé par l’ensemble du public en concert, poursuit ce mélange électro industriel. Il le poursuit mais clairement mieux que ne le fait “Spit the bone” qui ne marque décidément pas ce nouvel album. La chanson est littéralement faite pour le live tout comme comme les paroles du morceau “All The Love in the World”. Rien que le début du morceau avec les riffs de guitare est génial. La production épaisse de ce titre lui rajoute d’autant plus de potentiel.
“Burn Down My House”, est quant à elle beaucoup plus lente, douce et prenante à la fois. L’ambiance est triste et terriblement pesante avec la basse d’ailleurs qui a une présence supérieure aux autres instruments durant tout le morceau. Cela en fait un des meilleurs morceaux parmi cette nouvelle composition. Les membres d’Architects osent le changement mais savent ce qu’ils font. Le groupe vise une notoriété beaucoup plus grande et en est largement capable (gros festivals, grandes salles).
Le combo déploie un éventail de styles plus large que jamais et s’essaie vraiment à des choses différentes - ce qui semble être ce dont il avait besoin. D’ailleurs, “Doomscrolling” rappelle dès le début Bring Me The Horizon, la comparaison avait déjà été faite lors du dernier album avec “Black Lungs” et se confirme ici encore une fois, que ce soit avec les riffs ou la voix de Sam. Par ailleurs, ce dernier s’affirme de plus en plus au niveau de ses techniques vocales, force est de constater qu’il est de plus en plus solide à ce niveau là.
“Born Again Pessimist” confirme cela, chant clair comme crié, Sam est sur tous les fronts et les maîtrise. Cette chanson est une parfaite démonstration des nouvelles influences du groupe. Teintée d'un électro industriel, la chanson bifurque facilement vers un metalcore puissant donnant l’envie de mosher. Le mélange est étonnamment réussi, partant du principe qu’il faut rester ouvert d’esprit pour en apprécier sa juste valeur.
Architects semble apprécier de garder la cerise sur le gâteau pour la fin puisque “Be Very Afraid” clôture sur les chapeaux de roues cet opus. Les riffs, les breakdowns et le combo de Sam et Josh au chant sont furieux et d’une violence efficace. “Be Very Afraid” se clôture avec quarante secondes de chants d’oiseaux comme si Architects nous laissait le temps de nous remettre de nos émotions après une telle violence. Exact opposé de FTTWTE, The Classic Symptoms of a Broken Spirit se termine ainsi en ayant atteint le summum.
Avec The Classic Symptoms of a Broken Spirit, Architects confirme ses nouvelles influences électro/indus et metalcore. L’album est plus cohérent, part moins dans tous les sens et semble être une version beaucoup plus mature de FTTWTE. Le résultat est réussi et d’autant plus quand on sait que le groupe souhaitait être plus libre artistiquement parlant. Le combo affirme avec brio ses ambitions et montre qu’il est capable de produire un très bon album un an seulement après la sortie d’une autre composition. Architects, nous vous applaudissons.
Tracklist :
Deep Fake
Tear Gas
Spit The Bone
Burn Down My House
Living Is Killing Us
When We Were young
Doomscrolling
Born Again Pessimist
A New Moral Low Ground
All The Love In The World
Be Very Afraid
Sortie le vendredi 21 octobre 2021 via Epitaph.