Le combo de musiciens-producteurs suisses, The 18th Parallel revient avec un nouveau projet le Downtown Sessions pour régaler les oreilles des amateurs de roots à l’ancienne.
Downtown Sessions est le résultat de dix ans de sessions de studio entre Genève et Kingston en compagnie du légendaire batteur et star du film Rockers, Leroy 'Horsemouth' Wallace.
Autant le dire tout de suite, on est dans le graal du reggae.
Gorgon est dans la place !
L'album démarre avec "Lovely Feeling" d'un Cornell Campbell qui n'a rien perdu de sa voix de falsetto. Le morceau vibre au son d'une basse ronde et puissante, supplantée par des cuivres qui se permettent même un solo pour l'accompagner. L'auteur de "Natty Dread In Greenwich Farm", "Dance In A Greenwich Farm", "The Gorgon", "My Confession" ou encore "Queen Of The Minstrels", titre sorti avec son groupe The Eternals pour Studio One, a toujours la plume affutée.
Ce "lovely feeling" nous remplit d'amour pour cette musique qui, de toute évidence ne prend pas une ride !
The Legends lives !
Pour le 2ème morceau, ce n'est pas une légende mais 2 auxquelles nous avons droit. I Kong et Max Romeo se connaissent de longue date mais c'est une première en duo. Il faut reconnaitre que les 2 voix, une baryton et une plus aigue se marient à merveille. De plus comme si cela ne suffisait pas, ce sont les espagnols The Emeterians qui sont aux chœurs, accompagnés de Leroy 'Horsemouth' Wallace à la batterie.
Ceux qui ont bercé notre jeunesse avec "The Way It Is", "Ghetto Cry", "One Step Forward", "War Ina Babylon" ou encore "Chase The Devil" savent encore nous surprendre. "Like a rainbow", est en effet un titre majestueux pour ne pas dire magique.
Digne du Black Star Liner.
Les Suisses n'ont pas fini de nous surprendre puisqu'ils ont aussi signé le grand Fred Locks, pour un "The system is a fraud". Ce titre digne de ses "Black Star Liner", "Vision of Redemption" ,"Songs Of The Almighty", "True Rastaman" ou Don't let Balylon use you".
Ainsi entre stepper et reggae roots, la ligne de basse ronde et puissante avec les orgues nous transportent une fois de plus dans les années 70. La voix de Fred Locks, membre rasta des 12 tribus d'Israël qui œuvre depuis plus de 50 ans s'est même bonifiée avec l'âge.
Donc ce titre se veut vindicatif, dénonçant le système babylonien, tout en gardant la foi envers Jah !
Le tiercé gagnant !
Dans un monde musical où les trios vocaux se font de plus en plus rares, Le 18th Parallel a invité the Silverstones, emmenés par les membres fondateurs Keith Coley et Carl 'Gilmore' Grant. Ils ont écrit l'histoire de la musique jamaïcaine. Il sortent des titres pour Treasure Isle, mais aussi le fameux "smile" pour Studio One qui a donné à un superbe riddim dont l'émouvant "Hello Mama Africa"de feu Garnett Silk. D'ailleurs il ne faudrait pas aussi passer à coté de leur "Rejoice Jah Jah Children" sorti sur l'album Silver Bullets de 1973. Celui-ci est produit par un certain Lee 'Scratch' Perry, gage de qualité.
"Only Me" est un hommage aux discomix, ces maxis 45 tours, sortis fin des années 70's par Clement Dodd pour Studio One. Il a eu l'excellente idée de dépoussiérer certains de ses titres pour en faire des miracles dansants, tels les "Rub-a-dub with feeling" de Frankie Paul ou "I can't take it anymore" de Jennifer Lara.
L'esprit tant dans les voix que dans la musique est bien retransmis, chose pas facile tant le son de Studio One est unique.
Mister Brown !
Une voix de 'sufferer' comme celle de Winston Jarrett ou Leonard 'Ethiopian' Dillon, tout droit sortie du ghetto, Leroy Brown n'est pas l'artiste le plus connu de cet album. Et pourtant, il reste une figure majeure de l'âge d'or du reggae. Découvert par Alton Ellis, Leroy Brown est un grand parolier et son album Color Barrier, qui reprend des titres sortis auparavant en singles, est très recherché. du coup il donne lieu à des pépites tel "Time Of Decision", "Color Barrier" "Rulers Of Babylon", "Prayer of Peace" ou encore "African Roots".
"Times Tought" n'échappe pas à la règle avec une critique sociale écrite de main de maître pour un reggae roots engagé. Le riddim est puissant, avec des interventions guitares ou claviers bien senties.
Dread inna babylon !
Big Youth est un messenJah, 1er artiste à avoir mis le terme "Dread" dans la fameuse chanson "Dread inna Babylon". Par conséquent sa mission, c'est faire connaitre sa foi rastafari à travers le monde. Célèbre pour ses dents tricolores, aux côtés d'U-Roy et I-Roy, il est l'un des vétérans du style Dj Toaster.
Il avait déjà sorti avec The 18th Parallel le titre "Long Road'. Il revient ici avec "Man with a Mission". Comme le disent les producteurs de Fruits Records :
En mars 2013, en pleine nuit, dans un quartier chaud de Kingston, des coups de feu retentissent. La police arrive alors dans les rues. Big Youth passe sans transition de la rue tumultueuse à la cabine d'enregistrement. Sans même avoir écouté le riddim proposé, il demande à l'ingénieur de lancer l’enregistrement. Il met tout son cœur et toute son âme dans la chanson, le tout en une seule prise !
Un chef d'oeuvre que Big Youth peut placer à coté de ses "S90 Skank", "Salomon a gunday", "Train to Rhodesia" (ancien nom du Zimbabwe NDLR), "House of Dread locks", Natty dread she wants" ou "I pray tree" pour n'en citer qu'une infime partie.
Word + Sound = Rasta Power !
"Ride on" de Ras Mickael, est un titre où l'on atteint les sommets. A 79 ans, ce chanteur et tambourinaire charismatique du groupe The Sons of Negus, est toujours très actif . Ses albums Dadawah, Freedom sounds, Rastafari, Rally Round, Nyahbingi, ou Love my neighbour sont des incontournables de sa discographie.
Il anime toujours des groundations où flottent ses classiques tels "None a Jah Jah Children", "Wicked men", "Run come", ou encore "Carnal mind". Il aime aussi créer de nouveaux classiques. Ras Mickael enregistre ce "Ride on" dans la cour de Earl 'Chinna'Smith, sur une création du 18th Parallel. La batterie est tenue par Leroy 'Horsemouth' Wallace, et des chanteurs renommés de Jamaïque comme Sangie Davis. complètent la formation.
Ce titre très puissant dans les percussions et la voix, témoigne de la vivacité et de la créativité spontanée de la vie musicale de Kingston. Prouvant encore et toujours qu'elle est l'éternelle capitale du reggae, de celui qui nous replonge dans les plus belles années du roots !
Wonder world !
"Just A Wonder" de Hopeton James est un très bon lovers rocks avec des petits air funky dans la basse, guitare et claviers. Sa voix sucrée ravit les oreilles, emmenée par cette rythmique hypnotique.
S'il est moins connu que les chanteurs précédents, il n'en reste pas moins un artiste de longue date puisque son 1er single "Mr Goverment man" remonte à 1978. Il alterne régulièrement entre lovers rocks et chansons conscientes.
Il aime aussi beaucoup reprendre des classiques tels le "Be happy" de Bobby McFerrin. Hopeton James a plusieurs arcs à son palmarès puisqu'il a aussi été un membre du très celèbre Killamanjaro Sound System.
Si bien que ce "Just a wonder" est juste une merveille, un titre tout désigné !
Lala Love, l'amour façon helvétique
L'album se termine sur "River" par la suisse Lala Love. A la basse puissante et au riff de guitare endiablé, vient s'opposer la voix agréable, quasi soul de la chanteuse.
c'est une artiste mystérieuse qui poursuit sa carrière sous un autre nom dans le jazz et la pop. Elle est à l'aise dans tous les styles musicaux qui transportent l'âme. On a pu l'entendre il y a quelques années au sein du groupe Love Shuttle sur le morceau "Coming to you" pour Fruits Records. Avec "river", cela coule de source, vous allez adorer !
La dream team suisse
Il ne faut pas oublier les créateurs du label Fruits records qui sont aussi des musiciens émérites sous le nom de 18 th Parallel : Antonin Chatelain à la batterie, Léo Marin à la guitare et Mathias Liengme aux claviers et percussions. ils savent aussi s'entourer de membres de différents groupes avec ils ont déjà joué live : Najavibes et Cosmic Shuffling ou encore des noms célèbres de Jamaïque.
Par ailleurs, c'est un véritable all stars de musiciens sur cet album, à commencer par Leroy “Horsemouth” Wallace à la batterie, percussions, et chœurs.
On y croise aussi : Primo Viviani à la basse, Mathias Liengme aux différents claviers, mélodica et percussions. Egalement Roberto Sánchez aux claviers, tambourine et thunder drum. Léo Marin, AB Merlin, Solal Excoffier, Samuel Ricucci, et Thales Lion Farmer aux guitares. Thomas Florin à la trompette, Anthony Dietrich Buclin au trombone, Claude Jordan et Tanjia Müller à la flûte.
Les chœurs sont quant à eux assurés par The Emeterians, Sangie Davis avec les Inna De Yard Singers et Maria Smith.
Entre Kingston et Genève !
L'album a été enregistré au Small World Studio, en Jamaïque, par Gaylard Bravo et Perry Hendricks, au Bridge Studio et Nations Studio, en Suisse, par Mathias Liengme et Jimmy Tubb.
Des enregistrements additionnels ont été effectués entre autres Inna De Yard et au A-Lone Ark Muzik Studio.
Le mixage est fait au A-Lone Ark Muzik Studio par Roberto Sánchez et le mastering au Precise Mastering by Sam John. Toutes les musiques sont composées et arrangées par Mathias Liengme, Primo Viviani et Leroy Wallace sur une production de Mathias Liengme.
L'artwork, magnifique, est une fois de plus l'œuvre d'Ellen G, dont on a pu déjà apprécier le talent sur d'autres pochettes du label.
Le Downtown Sessions, l'album qui vous emmène au paradis du reggae. Un incontournable de cette fin d'année.
Les gros Détails
The 18th Parallel - Downtown Sessions
Fruits records
sortie le 18/11/2022
en vinyle, CD et sur toutes les plateformes de téléchargement légales et sur leur site
Distribution : Fruits Records / Unearthed Sounds / Baco Distrib / ALone
Distrib / Evidence Music (Digital)
Tracklist :
1. Cornell Campbell - Lovely Feeling
2. I Kong & Max Romeo - Just Like The Rainbow
3. Fred Locks - The System Is A Fraud
4. The Silvertones - Only Me
5. Leroy Brown - Times Tough
6. Big Youth - Man WIth A Mission
7. Ras Michael - Ride On
8. Hopeton James - Just A Wonder
9. Lala Love - River
Photos avec l'aimable autorisation de Fruits Records