« moderne /mÉ”.dÉ›Ên/ masculin et féminin identiques
Qui est soit de notre temps, soit d’un temps plus ou moins rapproché du nôtre, par opposition à antique, à ancien. »
(définition relevée sur le Wikictionary)
Moderne... C'est le mot qui m'est venu plusieurs fois à la bouche tandis que je découvrais ce nouvel album des poitevins Hacride. Finalement, le Metal a toujours été moderne, de tous temps. Que ce soit à sa naissance ( sous l'appellation Hard Rock ) où un groupe comme Led Zeppelin par exemple électrifiait le bon vieux blues des anciens esclaves noirs pour en faire les premiers hymnes au headbanging ( AC DC prendra, avec brio, la relève quelques années plus tard ), à sa renaissance anglaise aussi lorsqu'un groupe comme Iron Maiden sur ses premiers album injectera l'énergie du Punk Rock à des compositions influencées par l'héritage des grands anciens et deviendra un des fers de lance d'un Heavy Metal...Moderne. On peut aussi évoquer les Thrash/Death et autres rejetons plus extrêmes qui ont été aussi...Modernes, surtout en leur temps, sans oublier les courants alternatifs : Indus, Gothique, Grunge ou Neo Metal.Tout ça a été moderne et même reflets d'une époque.Donc, comme l'indique la définition citée ci-dessus : « De notre temps ».
Le danger de la modernité parfois c'est aussi de appartenir à une seule époque, ainsi parfois certains disques ont vieillit ( je ne les citerai pas, à chacun de faire sa liste ) car ils ont trop collé à leur temps. Je ne pense pas que se sera le cas de ce Back To Where You've Never Been, 4 ème album d'Hacride, à paraître chez Indie Recordings le 19 avril tellement il semble prendre une certaine avance sur pas mal d'autres formations hexagonales et risque de marquer le temps dans une certaine durée. Autant le dire tout de suite, ce disque est une bombe et sonne comme l'album Metal ( presque ) parfait, frais et...Moderne. Déjà premier point positif : 8 morceaux et aucun n'est à jeter, pas de remplissage, approximativement 45 minutes de Metal puissant et varié. Ayant découvert le groupe sur scène ( où il m'avait déjà bluffé par la puissance qu'il y dégage ) ce Back To Where You've Never Been aura été mon introduction discographique à Hacride, et ma foi je m'attendais à un truc...Parfois ennuyeux, avec plein de breaks lents et de tics « djents », un peu comme certaines réalisations de Meshuggah ( désolé pour les fans : J'aime bien ce groupe mais à petites doses ) mais non, la musique du groupe est suffisamment variée et accrocheuse pour ne pas lasser justement .
Je l'ai déjà dit une des qualités de cet album est sa longueur, l'autre est la qualité constante des morceaux, 8 titres, rien à jeter, pas de remplissage inutile ou de ventre mou, pas mal de chefs-d'oeuvre de notre style préféré ( je suppose que toi et moi cher lecteur sommes des Metal Heads irrécupérables pour nos proches ) sont bâtis ainsi : On va à l'essentiel, sans se perdre en fioritures, ( en disant ça je pense notamment à une pluie sanglante, un maître des marionnettes ou un nombre de la bête qui ne m'ont pas coupé l'appétit pour la destruction durant mon adolescence agitée ), le dernier Hacride c'est tout à fait ça, on tend l'oreille et on se prend une mandale dans la tronche, et le pire c'est que l'on aime ça. Les poitevins auraient-ils inventé le masochist Metal ?Comment définir ( car un chroniqueur aime les définitions, comme tout bon chef de rayonnage en grande surface, il éprouve le besoin de poser des étiquettes sur ce que l'on lui met sous le nez ) le style pratiqué par Hacride en 2013 ? Bah...C'est du Modern Metal voilà. Plus précisément on dira que c'est du Meshuggah expurgé du côté un peu rébarbatif de leur musique ( allez-y je suis prêt à recevoir les attaques des fans de ce groupe que je trouve un tantinet surestimé ) accouplé à Tool, le tout agrémenté de quelques touches « seatleliennes », disons que l'on peut rapprocher Hacride d'un autre groupe français avec lequel les poitevins partagent leur batteur : Klone, mais l'un ne plagie pas l'autre pour autant, soyons claire..Et ça sonne d'Enfer ( car dans le Metal, on aime pas trop le Paradis ).
Signalons déjà, avant de disséquer le contenu de cette oeuvre, un artwork particulièrement réussi, énigmatique, quasi mystique même, un peu à l'image de la musique du groupe, oh nous sommes loin des chants grégoriens ou de la complainte gothique mais lorsque l'on écoute les huit pistes de ce Back To Where You've Never Been, on ne peut s'empêcher de se demander où le groupe a pu aller chercher une telle inspiration pour pratiquement atteindre le divin. Peut-être cela vient du changement de batteur et de chanteur survenu en 2012 ? Dès la première piste « Introversion » avec son intro à l'orgue et sa mélodie jouée à la guitare, qui peut évoquer Opeth, un peu inquiétante, on sent qu'un orage va éclater, du genre celui que l'on attend et qui soulage après des journées de grosse chaleur, effectivement c'est l'explosion de rage à la fin de ce morceau qui annonce le ton de l'album : Un mélange de finesse et de puissance.
Les compositions sont intelligemment construites ( donc sans longueurs et démonstrations stériles malgré le haut niveau des musiciens ) pour ne pas lasser et quelques titres risquent de faire un malheur en concert car cet album, malgré un souci de perfectionnisme affiché, semble taillé pour la scène, citons « Strive Ever To More » avec son gros riff qui tourne en boucle qui rappelle Tool, son break bienvenu et son refrain accrocheur, l'excellent « Overcome » ( le meilleur morceau de Back To Where You've Never Been ) construit sur un riff terriblement efficace, sorte de croisement entre Pantera et Meshuggah, qui déboule sans crier gare, son refrain qui reste scotché dans la tête et son break mélancolique ( pendant lequel on peut penser à Opeth encore une fois ) et les aussi efficaces « Ghosts Of The Modern World », « Edification Of The Fall » ( qui contiennent des refrains qui font mouche aussi ).
J'évoquais l'intelligence du songwritting, celui-ci est très bien illustré aussi par les quelques arrangements aux claviers et autres bidouillages électro qui savent se montrer sobres et donc efficaces ( le déjà cité « Introversion », « Synesthesia », l'intro, les voix « cybers » et les sons électros, se joignant au riff pour donner une espèce de groove robotique imparable, de « Edification Of The Fal » ou l'intro de « To Numb The Pain » qui rappelle Nine Inch Nails ), modernes quoi...Cette intelligence, on l'a retrouve aussi dans la façon dont est construit l'album qui comporte deux instrumentaux ( « Synesthesia » basé sur un mode crescendo avec son intro aux arpèges assez mélancolique avant que n'arrive un gros riff presque stoner répété à l'envi et « To Numb The Pain » ) qui font office d'interludes très efficaces. Le niveau technique des musiciens d'Hacride est élevé, cela s'entend, mais je tiens à insister sur leur nouveau chanteur Luis Roux ( ex-Sinscale ) qui accomplit des miracles sur Back To Where You've Never Been avec son timbre alternant poussées de rage « core » à la Meshuggah et chant mélancolique évoquant Maynard James Keenan ( « Strike Ever To More » ) ou le regretté Layne Staley ( « Introversion » et le très Alice In Chains, et très bonne façon de conclure l'album, « Requiem For A Lullaby » ), un vocaliste sur lequel peut compter Hacride pour continuer à grimper les échelons vers la perfection.
Parfait, ce Back To Where You've Never Been ne l'est pas vraiment, disons qu'il manque peut-être encore le petit quelque chose ( un ou deux morceaux en plus ? Un affinement dans l'art de la composition ? ) pour qu'il mérite la note ultime, on peut le voir comme le brouillon du chef- d'oeuvre à venir du Metal moderne, celui que l'on va attendre en écoutant encore et encore cet album car comme l'écrivait un poète maudit qui passa une saison en Enfer : « Il faut être absolument moderne. »
Liste des titres :
1 « Introversion »
2 « Strive Ever To More »
3 « Synesthesia »
4 « Overcome »
5 « Edification Of The Fall »
6 « To Numb The Pain »
7 « Ghosts Of The Modern World »
8 « Requiem For A Lullaby »