Des Bandits Bandits intenses en première partie et une incandescente Mademoiselle K, c'est le double cadeau auquel nous avons eu droit ce 21 novembre à la Cigale.
L'adaptation - pas si mauvaise au final - de "Bang Bang" par Sheila s'impose à nos oreilles en guise d'échauffement. Et Bim ! Derrière le mur d’amplis, dont l'un arbore l'inévitable slogan "More Women on stage", Anthony et Ari, respectivement batteur et bassiste et premiers à s'installer, envoient la sauce sans prévenir. Hugo et Maeva entrent en scène à leur tour. Indispensable blouson de cuir pour l'un, combi émouvante autant que transparente pour l'autre, le duo rock le plus sexy de Lyon (et sans doute de France et de Navarre) ont comme de coutume soigné leur look. Que de chemin parcouru depuis que David – leur plus fidèle shooteux – et moi-même les avons découverts au Trianon en première partie de leurs potes de Last Train.
Crédit photos : David Poulain / David Poulain
Depuis 2019, les Bandits Bandits ont affuté leur show ; la prestation scénique un peu trop rock n'roll est désormais bien maîtrisée, mais toujours aussi intense. Maeva bouge à l'unisson des deux "guitarmen" qui l'entourent et elle s'avère au niveau lorsqu'elle empoigne elle aussi une gratte. Les moments à deux, collé-serrés de belle façon, créent de vraies respirations, à l'image des refrains psyché qu'ils font reprendre par le public. Tout en informant ce dernier d'un premier album à venir en 2023, ils précisent que ce concert parisien est le point d'orgue final de leur tournée. Pas question cependant de nous quitter sans nous faire le cadeau d'un nouveau titre tout aussi charnel que leurs précédents… Les lancinants "c’est toi qui a pris possession de moi" de Maeva résonneront longtemps après leur sortie de scène.
Crédit photos : David Poulain / David Poulain
Novembre 2022, c'est donc la fin de tournée pour nos bandits favoris. Pour Katerine Gierak - aka Mademoiselle K - ce n'est que le début et son combat rock à elle va l'emmener jusqu'à mai 2023. Pour l'heure, on remarque une représentation féminine supérieure à la moyenne dans le public. Au premier rang de la fosse, un sexagénaire à l'impressionnante barbe blanche et moi tentons de jouer les minorités agissantes, mais on peine à faire entendre nous aussi nos "Katerine ! Katerine !"... Je crains de ne pas être au diapason de nos enthousiastes voisines ; autant son précédent album m'avait impressionné, autant je suis demeuré dubitatif quant à son "Mademoiselle K" tout frais de quelques semaines à peine. Je gardais néanmoins confiance sur sa capacité à transcender sur scène des chansons musicalement un peu sages, trop électro à mon goût et ne mettant guère en valeur sa voix. Bien m'en a pris, elle m'a donné tort avec maestria.
Crédit photos : David Poulain / David Poulain
Peter, Colin, Quentin gagnent leurs places respectives, qui derrière son ampli, son clavier, sa batterie (je vous laisse les identifier sur les belles photos de mon sidekick David Poulich). Un lit immaculé et pourvu de deux oreillers réglementaires trône debout au beau milieu du fond de scène. Mademoiselle K s'y installe et se fige de profil devant ce décor évocateur. Une basse en main tout de même ; on n'a pas affaire à une poseuse mais à une rockeuse, une vraie de vraie. Et elle va le prouver en défendant son album titre par titre ou presque. Les fans vont s'éclater en fin de set avec ses classiques. "Ça me vexe", "Hungry dirty baby" ou le superbe "On s'est laissé" et son bonus déclaratif de Supervielle enflamment la Cigale. Mais elles kiffent aussi "Ta sueur" et sa ligne de basse Stranglersienne, "Vercors Hardcore" qui fait vibrer le sol devant la scène, "J'rêve d'un CRS" et ses poses viriles ou son invitation au voyage charnel ferroviaire avec "Les Trains". Jacky, le fameux sexa barbu aura son quart d'heure de gloire en montant sur scène à l'invitation de la grande Katerine. Son tête-à-tête sur l'oreiller avec elle, il va sans nulle doute s'en souvenir longtemps ! Généreusement impudique dans sa manière d’offrir ses sentiments, ses désirs, ses musiques, magistrale sans être trop théâtrale, décoiffante et à fleur de peau… Pour toutes ces raisons, Mademoiselle K est véritablement unique dans le paysage musical français.
Crédit photos : David Poulain / David Poulain
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