Lovelorn Dolls – The House of Wonders

Sur un plan purement personnel, Lovelorn Dolls est un groupe que j'attendais au tournant. Non seulement car leur EP, An Intense Feeling of Affection, est carrément loin d'être mauvais (en dépit d'un son trop amateur), mais également grâce à leur concert lors du festival H'Elles on Stage, où les belges prouvaient qu'ils tiennent sur les planches avec une grande aisance et semblent totalement dans leur bain. Des éléments suffisamment prometteurs pour permettre d'affirmer que The House of Wonders, leur premier album, se doit d'assurer. Surtout qu'avec une signature sur un label important comme Alfa Matrix, il doit tout de même y avoir des arguments convaincants pour que cet opus fasse mouche.

Mais ce qui surprend dès le départ, c'est la grande ressemblance avec l'univers de The Birthday Massacre, le tout en plus metallisé. Le fruit d'une coïncidence ? C'est tout à fait possible. Toujours est-il que sur « Purple », c'est plus que flagrant, tant dans le refrain que dans le chant de Kristell Lowagie, étonnamment similaire à celui de Chibi. Voilà, première crainte posée : espérer que notre quintette belge ne soit pas tombé dans la pâle copie de ses références et nous propose une galette un peu trop simpliste pour se démarquer de la concurrence.

Ces craintes sont à la fois fondées et dissipées au fil des écoutes. Et qui aime bien châtie bien, autant aborder dès le départ les aspects négatifs de The House of Wonders. Le premier, d'ailleurs, découle complètement d'une des principales qualités du groupe : sa linéarité. Cet opus est bel et bien là pour jouer en premier lieu sur son efficacité en proposant des morceaux simples, aux structures éloignées du prog, et naviguant entre un rock / metal aux teintes electro et aux ambiances dark fort plaisantes. Ça passe ou ça casse, et la galette est constamment contrebalancée entre ces deux points, pour la simple et bonne raison qu'à force de proposer des schémas souvent trop similaires, on termine par se prendre à son propre jeu.

Difficile de rivaliser face à l'efficacité d'un « Afterdark » ou d'un « Purple », qui s'imposent dès le départ comme des morceaux accrocheurs et dynamiques (bien que l'inspiration du groupe pré-cité reste plus que palpable sur « Purple »). Pourtant, il y a quelques efforts pour tenter de diversifier le propos, de dissiper la lassitude qui peut se ressentir. On ne pourra qu'encourager les belles ambiances déployées sur « Feel Myself With You », où les riffs lourds parviennent à créer ce climat propice à l'envoûtement. Faut dire aussi que la performance de Serge Van de Poel, chanteur d'Heartache Circus, n'est pas étrangère à cette réussite. D'une voix grave et en symbiose parfaite avec la piste, son chant forme une dualité plus qu'intéressante avec le chant de Kristell. Dans ces tentatives, soulignons aussi la très particulière « Mother of the Universe », où Helen Vogt (Flowing Tears) vient poser sa douce voix, le tout sur un titre naviguant entre des couplets calmes et intrigants, bercés par les sons de sitar de Simon Rigot … couplets qui n'hésitent pas à se muer en un refrain où la guitare reprend ses droits et se fait très justement entendre, évitant également au passage un certain nombre de clichés.

Lovelorn Dolls

L'originalité du groupe : avoir un loup dans son line-up

Aux côtés de ces réussites cohabitent aussi des morceaux moins bons. Pas forcément mauvais, mais souffrant de la comparaison. « Aux Dieux » ou la reprise de Depeche Mode « In Your Room » sont de bons exemples pour illustrer ces petites déceptions. Et pourtant, comment leur reprocher de vouloir instaurer, là aussi, un petit changement ? Des paroles en français pour la première, et un titre assez bien remanié pour la seconde, où la formation belge y apporte sa patte sans dénaturer l'originale. Seulement, jouant sur le même terrain que des morceaux précédemment cités, et possédant un squelette sur lequel les différences sont trop maigres, ces titres marqueront moins. Manque d'un point d'orgue ou d'un solo qui rentre en tête, manque d'un riff brillant qui surclasse tous les autres … les travers de Lovelorn Dolls ressortent ici. Et cette baisse de régime est, par ailleurs, applicable à toute la fin du disque : « Euphoria » et « Rats » ne sont guère plus enthousiasmantes, une fois de plus pour les mêmes raisons. Si « Rats » tente tout de même grâce à des sonorités electro justement dosées de charmer son auditoire, le titre souffre d'une certaine platitude. Un peu plus de tranchant aurait donné un tout autre cachet au morceau.

C'est bien dommage de constater qu'en fin de course, Lovelorn Dolls subit une petite panne. D'autant plus que la voix de la belle Kristell Lowagie est un atout indéniable pour la formation. Capable de chanter avec justesse et clarté, elle sait très bien adapter sa voix aux ambiances des pistes, lui conférant une certaine aura, un charme qui n'est pas négligeable. Avec une bonne grosse mention spéciale sur l'excellente « Feel Myself With You », où ses tons les plus graves font merveille. Voilà un titre qui sait jouer sur l'atmosphère et lâcher la puissance nécessaire quand on le souhaite ! Ce genre de morceaux est là simplement pour rappeler que, quand Lovelorn Dolls veut composer un excellent titre, ils savent le faire.

Qui plus est, le son bien plus professionnel qu'auparavant, tant dans la production que dans le mixage, ce qui aide à concilier avec meilleur goût les petites touches electro disséminées au sein de The House of Wonders avec les guitares et la partie plus metal.

A force de trop souvent jouer sur le même plan, le jeune combo belge réalise donc un opus seulement sympathique, à défaut d'être transcendant. Pour une première livraison, c'est satisfaisant dans l'ensemble, mais le potentiel est là pour faire encore mieux, beaucoup mieux. The House of Wonders est donc pénalisé par des défauts qui ne permettent pas à Lovelorn Dolls de prendre son envol. Mais ce qui est sûr, c'est qu'ils ne sont pas non plus enracinés. Gageons qu'avec l'effort qui suivra, les ailes pousseront, et nous assisterons à la naissance d'un nouvel acteur plus que crédible sur la scène « à chanteuse ». Après tout, le résultat mérite ne serait-ce qu'une écoute attentive.

Note finale : 6,5/10

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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