C'est quand même dingue ça, il a fallu attendre que le style soit un peu passé de mode pour que l'on trouve enfin en France des bons groupes de Nü/Neo Metal. Hé oui, je vous le dit messieurs-dames en 2013, il y a de bonnes surprises dans ce genre tellement décrié ( et rempli de stéréotypes et clichés...Bah un peu comme dans la plupart des styles de notre musique préférée quoi ) par les puristes de l'acier. Je l'ai déjà dit dans une chronique précédente : Je ne suis pas forcément client de Neo Metal, disons que j'aime écouter les grandes oeuvres sorties par les ténors du genre parfois mais lorsque la vague Nü est apparue au milieu des 90's, j'étais déjà...Trop vieux pour y adhérer à fond.
Car dans les années Chirac/Clinton, le Neo était un style de djeuns, celui que l'on écoutait en skatant avec les potos tout en sirotant ( en cachette pour pas se faire capter par les parents relous ) une 8,6.Un truc adolescent, enfin du moins c'est la vision que j'en avais ( et libre à quiconque de ne pas avoir le même avis que moi ).Et en France ( pays roi de la revendication ), c'était le style de la rebellion nouvellement incarnée, une révolte oui mais plutôt...Juvénile on va dire, et très portée sur les grosses basses et le look « lascars propres », on jumpait contre le lycée et la société ( tiens sans faire exprès j'ai fait une rime, trop d'la balle ). Bref, je ne vais pas énumérer la plupart des groupes de Neo français ( dont certains m'ont profondément ennuyé sur scène tellement ils étaient lourds de clichés ) car je pense qu'il y en a à sauver dans le lot mais le Neo français d' il y a 15 ans c'était avant tout du Metal sponsorisé by Universal. Et puis voilà qu'en cette année où l'on voit le guitariste originel de Korn réintégrer son groupe et les Deftones perdre, tragiquement, leur bassiste, déboule, presque sans prévenir, Lies.
From the Ashes of Our World est le deuxième album des frenchies (dont la formation remonte à 2009) après un premier opus ( auquel le frontman du groupe fusion culte US Stuck Mojo Lord Nelson a participé et intitulé "Lord Nelson Feat Lies" en conséquence ) sorti en 2010. Pour ce deuxième album, disponible sur SEND THE WOOD MUSIC depuis le 18 mars, Lies s'est adjoint les services ( définitivement ? ) de Benoît Richard qui donnait déjà de son organe vocal dans une autre formation prometteuse de cette « Nouvelle scène Neo Metal française » Leaving Paris. J'avais déjà apprécié le premier album des Leaving malgré quelques, petits, défauts de jeunesse.
Chez Lies, on est un peu sur le même territoire que celui des Montpelliérains, c'est à dire un Neo situé quelque part entre Korn et les Deftones mais avec une volonté de s'affranchir des aînés. Loin de moi de vouloir comparer les deux bands mais je dois déjà dire que ce qui peut déplaire chez Leaving Paris ne se retrouve pas chez Lies, j'évoque en affirmant cela le chant de Ben, moins linéaire et beaucoup plus varié que chez son autre groupe. Il n' y a pas à dire le contraire mais le jeune homme a un joli filet de voix, toujours ce croisement entre Chino Moreno ( Deftones ) et Matthew Bellamy ( Muse ) et c'est une des premières bonnes choses à relever sur cet album, le vocaliste n'a rien à envier à ses modèles, pour être franc ( et sans vouloir faire de favoritisme car les autres membres du combo jouent remarquablement bien ), il est la grande vedette de From the Ashes of Our World et Lies en le recrutant a fait le bon choix tellement sa prestation est exceptionnelle, que ce soit sur l'introductif « Somewhere » avec ses choeurs discrets mais efficaces à la fin, gimmick que l'on retrouve aussi sur « All Apologies », le feeling de « Reborn », « Deal with It », « No Way » ( et son passage presque pleuré sans pour autant que l'on tombe dans la jérémiade intempestive ), « The Loss » et l'étonnant « Schizophrenia » ( et ses cris hystériques à la Jonathan Davis ), le nouveau arrivé est vraiment la star de ce From the Ashes of Our World.
L'autre point fort de cet album se situe dans la qualité de ses compositions, je tiens à souligner notamment l'excellence des refrains que ce soit les hypers accrocheurs « Somewhere », « All Our Apologies », « Deal with It » le single très efficace « Reborn », le furieux ( et qui porte bien son nom ) « Anger », « No Way » ou « Feel Sick », ces chansons ne demandent qu'à être reprises en choeur ( tout le mal que l'on souhaite au groupe ) en concert. Autre point fort l'énergie déployée par les musiciens que l'on retrouve dans les gros riffs de «Somewhere », « Reborn », ceux bien « méchants » de « All Our Apologies » ( qui rappelle Korn ) et « Anger », le assez Deftones de « Feelsick » ou « Your Fear », il y a de quoi faire headbanguer dans son survêtement.
A noter aussi que le groupe sait aussi faire preuve de quelques trouvailles bienvenues comme ces samples tournant en boucle introduisant « Reborn » ou les petites touches électro de « All Our Apologies » et « The Loss » sans oublier les quelques solos ( plutôt rare en Neo Metal ) que l'on trouve disséminés sur quelques morceaux ( « Somewhere », « Deal with It » et « Schizophrenia » ).
Pour varier son propos peut-être, Lies a aussi composé deux ballades : « No Way » qui débute sur une ligne de basse presque New Wave ( qui rappelle les Deftones ), jolie composition remplie de feeling et « The Loss », titre acoustique judicieusement placé en milieu d'album qui permet de reprendre son souffle. Seuls deux morceaux me semblent un peu en dessous du reste : « Better off Alone » ( au refrain peut-être trop insistant ) et « Your Fear » ( un titre pas mauvais mais qui a du mal à décoller ) mais on oublie vite ce léger ventre mou lorsqu'arrive la dernière piste, et qui porte bien son nom, « Schizophrenia », un morceau à tiroirs vraiment étonnant qui débute dans une ambiance cotonneuse rappelant Alice In Chains avant d'exploser dans une fureur «kornienne » et qui semble s'achever sur un passage atmosphérique qui reprend ( sous forme de samples ) des bribes des morceaux précédents. Qui semble...Car arrive ensuite, sous forme de ghost track, une partie calme et très mélancolique avant que tout ne s'achève par un passage acoustique bref, vraiment étonnant et excellent. Vous l'avez compris ce nouvel album de Lies est, encore une fois, une très belle surprise de notre paysage métallique, à un point que l'on leur souhaiterait bien de prendre part à un Family Values si ce festival itinérant renaissait un de ces jours. Et ce n'est pas un mensonge que d'affirmer ça.
Liste des titres :
1 « Somewhere »
2 « Reborn »
3 « All Our Apologies »
4 « Deal with It »
5 « Anger »
6 « No Way »
7 « Feel Sick »
8 « The Loss »
9 « Better off Alone »
10 « Your Fear »
11 « Schizophrenia »