Clownage – Trails

Qui aurait parié sur Clownage il y a 5 ou 6 ans ? Honnêtement, pas moi. Le groupe m’apparaissait alors coincé entre plusieurs autres formations qui avaient davantage de chance de percer. Groupes qui aujourd’hui n’existent plus, tandis que Clownage est bien vivant, a poursuivi son chemin patiemment, a sorti un premier album, a beaucoup tourné, a construit pas à pas un vrai savoir-faire musical et nous revient avec un deuxième « véritable » album, Trails. Et au vu du résultat, il est clair que je m’étais planté dans les grandes largeurs quant à leur futur. Remisons donc les boules de cristal au placard pour nous concentrer un peu plus sur ce deuxième opus d’une formation qui s’est considérablement affûtée.
 

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Clownage proposait jusqu’alors des chansons majoritairement chantées en français, mélange de pop et de rock plus costaud avec quelques influences chanson. Premier constat, le chant en français a complètement disparu et le son s’est épaissi. Il y a d’ailleurs de fortes chances pour que les musiciens se soient inspirés de la scène rock contemporaine, qui revient depuis l’émergence du stoner (et le succès de formations comme Queens of the Stone Age) a du riff plus bourrin. Message reçu 5/5 par les clowns qui ont largement musclé leur propos : « Trail », premier extrait issu de l’album, mais plus généralement les premiers titres de la galette, sonnent très rock US. On pense notamment aux Foo Fighters pour cette capacité à sortir des riffs au final assez agressifs sur fond de mélodies imparables avec des gros chœurs qui relèvent la sauce (« Apo », fuck yeah !). Alors, le groupe aurait-il cédé au chant des sirènes et rejoint la longue cohorte des groupes clonés et interchangeables ?

Même pas. D’abord parce que malgré le chant en anglais et un certain durcissement général, le groupe n’oublie jamais de revenir à des instants un peu plus pop (« U.K. » notamment, mais aussi "Queen"). Mais plus que des chansons en particulier, c’est une sonorité que l’on retrouve tout au long de l’album, notamment sur les parties de guitare, qui nous rappellent que sans aucun doute, c’est bien un album de Clownage qui est en train de tourner. La formation s’est certes inspirée de ce qui se passe autour d’elle, mais sans y sacrifier son identité, et les nouveaux titres devraient se mêler sans trop de problèmes aux anciens sur scène. Par contre, au niveau des arrangements, les progrès sont considérables. Finis les passages en force un peu faciles sur les refrains, les montées en puissance sont nombreuses et savamment dosées, et les compos, qui recherchent avant tout l’efficacité, usent de nombreux tours et détours pour parvenir à leurs fins, d’où une vraie richesse qui ne sera pas épuisée en une seule écoute.



 

Une autre illustration de cette richesse est la présence de compositions assez délirantes, comme « Soma » et son ambiance pesante, suivie de « Tyson », ultra groovy et  assez délirante, qui offre immédiatement un contraste bienvenu. Au final, Clownage est donc parvenu à muscler son propos, à l’enrichir en s’inspirant de ce qui lui plaisait autour de lui, sans jamais oublier qui ils étaient, ce qui fait de ce Trails une franche réussite qui ne quittera plus les platines de celles et ceux qui voudront bien lui donner une chance pendant un bon moment. En matière de rock frais et accrocheur, c’est ce qui s’est fait de mieux jusqu’alors en 2013. Comme quoi on l’aura attendu, mais peut-être que le printemps va réellement finir par arriver ? Avec un petit Clownage dans les oreilles, ce serait parfait.

8,5/10
 

 

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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