2e EP pour The Airplane, qui continue son voyage vers les sonorités aériennes, les longs breaks psychédéliques que ne renierait pas Pink Floyd, le groove jazz/funky chaleureux réhaussé par les excellents chœurs de la chanteuse Esmeralda Brossard et une image tout aussi soignée… Mais bref, commençons par le commencement. Le groupe est assez jeune car formé en 2009, et visiblement ces jeunes gens ont la tête sur les épaules puisqu’ils ont préféré se concentrer sur leur musique plutôt que sur la sortie prématurée d’un album entier. Leur musique, venons-y : difficile à décrire précisément, encore que les quelques éléments précédemment évoqués ont déjà dû vous mettre sur la voie.
Si the Airplane sait se faire rock à l’occasion, notamment sur le titre d’ouverture « A walk on Mars », ce n’est clairement pas le but de son propos. Le quatuor est bien plus attiré par d’autres univers. La preuve avec cette version longue du même titre en fin d’EP, réhaussée par des arrangements psychédéliques du plus bel effet, qui permettra à chacun de choisir celle qu’il préfère. Démarche tout à fait compréhensible dans le cadre de la recherche de diffusion. Mais comme sur La Grosse Radio on n’a rien contre les titres de 8 minutes et plus, on ne peut que se réjouir de constater dès le deuxième titre, « If the sun goes down », que le groupe lâche la bride et part beaucoup plus loin, vers des contrées douillettes et aériennes, en parfaite adéquation avec son patronyme. La lente progression psychédélique est clairement inspirée Pink Floyd mais pas seulement, le break funky qui vient conclure le titre étant aussi inattendu que bienvenu. Une magnifique réussite.
Le reste de ce One Moment please souffre quelque peu de la comparaison avec un titre qui place la barre assez haut. Non pas que cela devienne mauvais pour autant : tout en conservant un côté jazzy/psychédélique, « Running the fastest I can » vient remettre un peu de rythme dans les débats, avant que la ballade « Nothing More » ne confirme le talent du groupe pour enrichir sa musique avec divers samples sortis de nulle part qui embellissent considérablement les belles mélodies. Belles mélodies qui pourraient parfois être un peu étoffées, car si ce dernier titre est plutôt agréable, il peine à se hisser au niveau du reste de l’EP. Fort heureusement, l’instrumental « One Moment Please » s’avère plus entraînant avec son petit côté hindou, avant de parvenir à fourrer du scratch de DJ (qu'on aurait même aimé plus prononcé) sur un passage à la flûte façon Jethro Tull. Comme quoi, c’est bien quand ils restent à haute altitude que les Airplane sont les plus convaincants.
Au final, le groupe est donc une belle découverte, qui fait preuve sur son deuxième EP d’un vrai potentiel de composition pour produire des titres très riches, qui rendent hommage de belle manière aux grands noms des années 1970 sans jamais tomber dans le copier collé. La recette est la même, mais les influences incluent les courants qui ont émergé depuis plutôt que de jouer la carte du sectarisme. Et le fait de retrouver cette mentalité jazzy, qui va volontiers explorer là où on ne l’attend pas, fait un bien fou. Comme quoi on peut avoir un esprit musicalement aventureux sans pour autant rester systématiquement scotché aux mêmes références. En élargissant son spectre, The Airplane s’affirme comme un sacré client. Il ne reste plus qu'à pondre un paquet de titres aussi brillants que les plus belles réussites de cet EP et on aura un premier album de toute beauté ! A suivre...
7,5/10
