Lors du la première communion du Imperatour, seule la basilique de l’Accor Arena parisienne avait eu le droit le 18 avril 2022 à la prêche de Papa Emeritus IV, ses Ghouls mais aussi ses Ghoulettes. Pour ce Re-Imperatour Europe 2023, la bande à Tobias Forge a prévu de donner de grandes messes noires dans 8 chapelles de provinces. Nous étions présent à Lyon lundi dernier, impatients d’assister à un désormais connu et reconnu show époustouflant des Suédois, l’un des premier après la sortie de leur nouvel EP Phantomime.
Spiritbox
Pour cette seconde partie de la tournée européenne du Imperatour de Ghost, c’est avec surprise que nous retrouvons Spiritbox en ouverture de bal. Formé autour de Courtney LaPlante et Mike Stringer, couple dans la vie et transfuges du groupe Iwrestledabearonce, le combo canadien a d’abord intégré Bill Crook et Ryan Loerke à la basse et à la batterie pour leurs premiers EPs. Ce sont maintenant Zev Rosenberg et l’ancien bassiste d'As I Lay Dying Josh Gilbert qui ont pris la suite avec en porte étendard Eternal Blue, le premier opus studio du combo. Adeptes depuis leurs débuts d’un metal progressif teinté de post-metalcore et de djent, les natifs de Vancouver ont rapidement gravi les échelons et se sont fait une place parmi les groupes les plus prometteurs de la scène metal actuelle.
Comparé à l’opulence de la scène de Ghost, celle de Spiritbox paraît assez dénudée. Les premiers metalheads entrant dès l’ouverture des portes dans la salle de La Halle Tony Garnier découvrent la batterie de Zev plein centre, légèrement reculée du devant de scène mais aussi un drapé en fond de scène reprenant l’artwork violine du dernier titre fraîchement sorti : « The Void ». Ce dernier, arborant fièrement le logo du combo canadien cache d’ailleurs difficilement l’énorme scène des Suédois.
A 20h30 pétantes Spiritbox entre en scène, Courtney en queue de peloton, devant un pit rempli jusqu’à la console et des tribunes encore parsemées. « Rules of Nines » lance les hostilités avec un gros son bien lourd d’entrée. Tantôt core, tantôt mélodique, ce premier morceau est à l’image de leur univers. Les breakdowns sont surpuissants tout comme les growls et screams de la frontwoman. Malheureusement pour ceux placés en tribune, l’éclairage ne les met pas du tout en valeur, rendant même plus que difficile la visibilité générale des protagonistes.
Heureusement pour la suite, la pénombre laisse place à la pleine lumière et nous pouvons constater la timidité de la fosse lors des nombreuses demandes de jumps de Courtney et Josh et les breakdowns monstrueux de « Hurt You » et « Yellowjacket ». Le bassiste attire toute la compassion et le respect de la salle quand Courtney annonce à l’assemblée que ce dernier s’est blessé au pied la veille à Rouen. Nous comprenons donc pourquoi il est si statique comparé à Mike et Courtney qui naviguent de part et d’autre de la scène, n’hésitant pas à monter sur les plateformes latérales. « Excités d’ouvrir pour Ghost », le combo canadien enchaîne avec « Rotoscope » et le très mélodique « The Void » sous les halos de lumière violets reprenant le thème de ce single.
Demandant à la fosse si elle « aime les breakdowns », Courtney growl et scream tout le long de la très metalcore « Holly Roller » qui suit le hit du combo, la très mélodique mais brutale à la fois « Circle With Me ». « Hysteria » avec son ultime assaut final mené par Mike et Josh vient clôturer le set très convaincant de Spiritbox. Ouvrir pour un monument du metal comme Ghost avec un style musical diamétralement opposé n’est pas tâche facile mais les natifs de Vancouver ont réussi à faire bouger les premiers rangs du pit, avant la grand-messe tant attendue par tous !
Tracklist
Rules of Nines
Hurt You
Yellowjacket
Rotoscope
The Void
Secret Garden
Circle With Me
Holly Roller
Hysteria
Ghost
Le set des Canadiens est à peine terminé qu’une véritable fourmilière de techniciens s’active afin de faire place à la scène monumentale de Ghost. Dès que le matériel et le backdrop de Spiritbox sont évacués, un immense rideau blanc vient cacher la vue, bien que les plus curieux d’entre nous puissent discrètement voir par les côtés une partie de ce qui se passe derrière. Le pit est plein à craquer, les tribunes latérales sont bien remplies aussi, tandis que la tribune du fond, la dernière à se remplir à l’accoutumée, est au trois quarts occupée.
Les us et coutumes des tournées précédentes ont la dent dure avec le combo suédois. Avant que le voile ne tombe dans l’hystérie générale de la salle, la magnifique piste instrumentale au piano « Klara stjärnor » de Jan Johanson et le vibrant « Misere mei, Deus » composé par Gregorio Allegri pour les Choeurs de la Chapelle Sixtine du Vatican retentissent tour à tour sous les poutres industrielles de La Halle Tony Garnier, digne d’une véritable cathédrale ce soir !
« Imperium », l’instrumentale première piste d’Impera résonne en guise de top départ. L’immense voile blanc chute enfin en même temps que Papa Emeritus IV arrive sur scène entonnant avec le public « Kaisarion ». Nous découvrons enfin ce lieu de dévotion qui est tout simplement sublime. Le fond de scène est décoré des plus belles colonnes, voûtes et ogives gothiques tendancieusement sataniques. De magnifiques vitraux représentent chacun des feus Papa Emeritus (premier, second et troisième du nom). Enfin, juché sur un amas de marches en quinconce semblable aux bûchés moyenâgeux se trouve en surplomb de tous la batterie. Il n’y a pas à dire, rien que niveau scénique, Ghost nous en met plein la vue.
Côté musical et spectacle on est servi. Nous avons le droit à un véritable show, et très peu d’instants de répit nous sont accordés. Le frontman passe par toutes les tenues, plus mythiques les unes que les autres. Pour « Cirice » il porte une veste aux ailes de chauve-souris. Après la traditionnelle bataille instrumentale de Ghouls à la guitare et à la basse, c’est devant une véritable forêt de smartphones que le frontman apparaît en pallium et tiare papale scintillants pour nous interpréter « Call Me Little Sunshine ». Enfin, pour « Year Zero », c’est avec une barrette cardinalice sur la tête qu’il apparaît sous les canons de fumée omniprésents tout le long du set.
Le côté pyrotechnique n’est pas en reste. On passe de l’explosion sourde à la fin de « Faith » aux feux d’artifices de « Mummy Dust » et « Square Hammer » en passant par les lances flammes sur le dernier refrain de « Year Zero », les canons à confettis sur « Dance Macabre » et la pluie d’étincelles lors de la der des der.
Les Ghouls et Ghoulettes restent très actifs durant tout le set. Les guitaristes et le bassiste motivent les troupes en passant de part et d’autre de la scène sur les plateformes latérales. Papa Nihil prend place dans un cercueil tracté par un diable et se fait réanimer au défibrillateur par un roadie avant de jouer du saxophone sur le maintenant classique « Miasma ». La ghoulette aux claviers y va de son solo de keytar en face du premier rang pour « Mummy Dust », tandis que les autres choristes apportent une belle touche de mélodie grâce à leur accords au piano et leurs chœurs sur « Spillways », « Cirice » et « Respite on the Spitalfields ».
En résulte une communion totale avec le public qui reprend en chœur autant les grands classiques comme « He Is », « Cirice » ou encore « Rats » que le dernier en date « Jesus He Knows Me », cover du titre entré dans la postérité de Genesis et issue du dernier né Phantomime.
Seule la basse bourdonnante entre certaines pistes et légèrement au dessus du chant de Tobias notamment lors de « Con Clavi Con Dio », ainsi que les forêts de téléphones apparues à des moments-clés du set sont venus quelque peu gâcher - de façon très relative - la soirée. C’est après un ultime salut théâtral de Papa Emeritus et toute sa bande de Ghouls et Ghoulettes que nous quittons la salle de La Halle Tony Garnier qui nous aura autant ravi les yeux que les oreilles pour cette belle soirée de communion !
Tracklist
Kaisarion
Rats
Faith
Spillways
Cirice
Hunter’s Moon
Jesus He Knows Me
Ritual
Call Me Little Sunshine
Con Clavi Con Dio
Watcher in the Sky
Year Zero
He Is
Miasma
Mary on a Cross
Mummy Dust
Respite on the Spitalfields
Kiss the Go-Goat
Dance Macabre
Square Hammer
Photo : Florentine Pautet. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe