La Grosse Radio a pu s’entretenir sur Paris avec Danko Jones, le célèbre rockeur-compositeur canadien. A l’occasion de la sortie de son nouvel album Electric Sounds, le chanteur et nous a longuement parlé de son nouvel opus et notamment de son processus créatif, de ses derniers concerts en France mais aussi et surtout de son autre passion pour le journalisme. Etonnamment discret par rapport à son attitude scénique, l'artiste nous a accordé un échange plein d'humour et d'anecdotes à découvrir dès maintenant.
Bonjour Danko, pourrais-tu pour commencer présenter le prochain album et nous convaincre de l'écouter ?
Je suis juste très satisfait de cet album. C'est déjà notre 11e album studio, Electric Sounds. Il sort le 15 septembre. Je ne suis pas vraiment un bon vendeur pour être honnête, je ne sais vraiment pas comment vendre notre musique et la présenter aux gens. Nous écrivons, enregistrons et sortons 11 chansons à chaque album, ce sont les meilleures chansons que nous avons écrites ces dernières années, et nous ne le sortirions pas si nous n'en étions pas fiers. Jusqu'à présent, il a été très bien reçu par toutes les personnes qui ont écouté l'album, notamment en Allemagne où le single est arrivé premier dans les charts. La sortie de ces albums nous permet de partir en tournée. Tu sais c'est ce que doit faire un groupe maintenant, c'est tourner, car les albums ne se vendent pas, mais ils sont là et servent à permettre au groupe de tourner.
Prévois-tu de jouer l'album en entier, notamment lors de votre date à Paris en décembre prochain ?
Malheureusement ça sera impossible. Cela n'arrive jamais lorsque tu en es à ton onzième album, les durées de set ne s'allongent pas, mais ton répertoire si (rires). Cela signifie que tu ne peux jouer qu'un certain nombre de chansons dans le set, même si ton catalogue s'agrandit. Nous avons près de 200 chansons, mais le temps imparti reste le même. Donc, tu peux faire le calcul pour savoir combien de chansons nous pourrons jouer, c'est mathématique, c'est impossible ! Il y a des chansons du passé qui ont permis à de nombreuses personnes de devenir fans. C'est pour ces chansons que les fans viennent à nos concerts. Aussi il y a des gens qui nous ont vus plusieurs fois et qui veulent peut-être entendre une chanson différente de celles populaires ou des singles. Enfin, il y a le nouvel album que nous devons promouvoir, c'est pourquoi nous devons jouer des chansons du nouvel album. Il faut donc satisfaire ces trois catégories. C'est la réalité lorsque tu en es à ton 11e album, certaines chansons ne seront tout simplement pas jouées.
Parlons un peu plus de l'album à venir. À quoi se réfère "Electric Sounds" ?
Aussi simple que cela puisse paraître ça se réfère aux sons des guitares électriques, tout le monde essaie constamment de lire davantage dans certaines de nos paroles et titres d'albums et de chansons, mais il n'y a vraiment rien de plus (rires).
D'ailleurs il y'a cette thématique des anguilles, sur votre album, tu es fan de cet animal ?
En fait j'ai juste trouvé ça cool, ce n'est pas moi qui réalise les artworks, je suis juste là pour les valider, mais j'ai adoré ce concept. Il fallait un animal qui soit électrique, donc forcément, il est venu l'idée de l'anguille. D'ailleurs c'est un animal extrêmement populaire, et il est même consommé en Scandinavie par exemple !
Il y'a quelques morceaux qui se distinguent un peu plus des autres comme "My Baby" et "What Goes Around"? Ce sont des morceaux très rythmés. Une inspiration du rock n roll des années 70 un peu "Boogie Woogie" ?
Oui, ce sont deux chansons vraiment sympas. En fait, "My Baby" est ma chanson préférée de l'album. Elle ne sera probablement jamais un single, mais c'est ma préférée. C'est souvent le cas, j'aime toujours les chansons qui ne sont jamais les singles. Je ne choisis pas les singles, je n'ai rien à voir là-dedans, mais ouais, j'aime beaucoup ces deux chansons. D'ailleurs je n'aime pas trop cette idée de singles, je préfère qu'on écoute mon album pour ce qu'il est.
Et non, je dirais ces chansons sont plutôt inspirées des Misfits avec un côté plus punk rock.
Une autre chanson que nous avons appréciée est "Stiff Competition". Le riff est à la fois un peu mystérieux et très accrocheur. Quelle est l'histoire derrière cette chanson ?
Quand j'ai écrit ce riff, je pensais plus à un hommage au garage rock. Même si elle a été enregistrée en studio avec beaucoup de guitares, si tu décomposes ce riff, il reste vraiment une chanson de garage rock. C'est pourquoi je l'aime particulièrement. Et oui cela se réfère à une personne qui existe bien, mais je ne te dirai pas qui c'est (rires).
Tu as toujours été une sorte de "showman" sur scène. Certains personnes doivent venir te voir peut être que pour ça, et peut être aussi pour tes blagues ! Es-tu aussi extraverti dans la vie réelle, ou joues-tu un personnage sur scène ?
Je me considère plutôt comme un introverti, mais c'est souvent le cas je pense pour les personnes qui ont l'air très extraverties sur scène. Les gens me disent que je suis simplement moi-même quand je monte sur scène. Je ne subis pas de transformation. Je ne suis pas un acteur. Je suis juste excité de jouer du rock. Et je pense que c'est comme ça que je dois être lorsque je monte sur scène. C'est le lieu qui fait que je suis comme ça et que je me lâche d'une certaine façon.
Pour les blagues, rien n'est prévu à l'avance. Si je dis quelque chose d'humoristique, c'est généralement spontané, et c'est déclenché par le public présent tel ou tel soir. C'est toujours très spontané vraiment sauf si j'introduis simplement une chanson. Sur scène, si je venais avec des répliques préparées, je les jetterais à la poubelle certainement.
Il y a quelques années avant le Covid, tu as tourné avec Volbeat et Baroness. Comment cette collaboration a-t-elle eu lieu ?
Michael Poulsen de Volbeat nous a demandé de partir en tournée avec eux, et c'est ainsi que ça s'est passé. Nous avons découvert plus tard que Baroness serait également de la partie. Les tournées se font souvent ainsi, quelqu'un dit que ce serait une bonne combinaison, et ça se passe comme ça. C'est même souvent le label qui propose ce genre de tournées. On ne se retrouve pas autour d'une table avec plusieurs groupes pour décider de faire une tournée (rires).
L'année dernière, tu as également joué au Hellfest ( l'édition 2022). Comment as-tu trouvé ce festival et le concert en général ?
Dans les coulisses, c'était un peu chaotique car nous avions perdu tous nos bagages en nous rendant là-bas. Je n'avais pas mon matériel, juste nos instruments. Nous n'avions pas notre équipement : ni les micros, ni les pédales, ni rien. Heureusement, le Hellfest est un excellent festival, ils nous ont prêté du matos, des pédales là-bas, il y avait même un stand Ernie Ball avec des cordes de guitare, j'en ai pris deux paquets parce que je n'avais pas de cordes du tout. Nous avons emprunté ce dont nous avions besoin, et nous avons plutôt bien joué même sans notre équipement habituel. C'était vraiment sympa, s'il y'a bien un festival où on peut se permettre de perdre notre équipement c'est celui-là (rires).
Pour parler un peu matériel, tu aimes bien rester sur les mêmes intrus et amplis, il me semble. D'ailleurs tu joues sur une Hagstrom Ultra max blanche depuis pas mal de temps c'est bien cela ?
Absolument, je déteste me soucier du matériel et c'est ce qui est bien avec Hagstrom. J'étais avec Gibson avant. Mais je ne voulais pas me soucier des problèmes matériels avec mes guitares (l'accordage, le son etc), je voulais simplement jouer avec des guitares fiables. Puis, lors de l'enregistrement de Rock Supreme avec Garth Richardson, j'ai un jour essayé une guitare Hagstrom dans un magasin de musique, sans même la brancher. Et j'ai tout de suite senti quelque chose. Cette guitare était incroyable. Plus tard, je l'ai branchée en studio, et cette guitare Hagstrom a fini par être utilisée sur presque tous les solos de guitare de l'album. Notre bassiste m'a suggéré de contacter Hagstrom pour leur dire que j'utilisais leur guitare afin de faire un partenariat. Au début ça m'a un peu stressé car j'étais avec Gibson, et finalement j'ai craqué et je les ai quand même appelé. Ils ont répondu et le gars qui m'a contacté vivait dans la banlieue de Toronto, d'où je viens. Cela a facilité la connexion avec Hagstrom, et depuis, je suis fidèle à cette marque. Je ne changerai pas, les choses se passent bien avec eux, et je ne veux pas me soucier des guitares vraiment.
Pour l'amplification, j'utilise aussi des têtes d'amplis de la marque Orange. J'ai également été avec Hiwatt pendant un certain temps, mais nous avons finalement opté pour Orange. Pour la petite histoire, le meilleur son que j'ai jamais obtenu en jouant de la guitare était avec un ampli Orange. Je l'avais essayé grâce à Ron (Rontrose Heathman, ndlr), le guitariste des Supersuckers, qui est malheureusement décédé en 2020 pendant la période du Covid. Il m'a prêté son équipement de guitare pour une tournée, et c'était incroyable.
Parlons un peu plus de l'album à venir et de ta musique en général. Tes chansons sont essentiellement composées de riffs très efficaces et accrocheurs. Comment définirais-tu un bon riff, qu'est-ce qui en fait un bon ?
C'est difficile à expliquer. Il y a quelque chose qui va rendre mes riffs géniaux, même si c'est indéfinissable. Il y a cette sensation que ça va être lourd, que ça va avoir de l'impact, que ça va secouer. C'est un peu comme une alchimie, c'est indescriptible. Pourquoi ça sonne bien ? Il n'y a pas vraiment de réponse claire et intangible.
Je fais confiance à mon oreille, je suis quelqu'un d'assez sûr de moi (rires). Si j'aime vraiment un riff, je vais généralement en créer une ébauche, une idée de base de la chanson, que je vais envoyer à mon bassiste. S'il l'aime, il la réarrangera correctement et commencera à travailler dessus.
Pour parler plus de toi, tu as également animé des podcasts par le passé. Pourquoi as-tu décidé de le faire, et as-tu l'intention de reprendre cette activité ? Quels sont les épisodes les plus mémorables ?
Pourquoi je l'ai fait ? Parce que c'était amusant, mec, tout simplement ! J'ai commencé en 2011, et ça a duré environ 8 ou 9 ans. Ca a toujours été très régulier, et chaque épisode est mémorable à sa manière. Certains se démarquent, comme Martin Eric Ain de Celtic Frost, car il est malheureusement décédé, mais nous avions eu une super discussion. Les épisodes avec mes amis de Toronto, comme Damian Abraham, qui est également sur l'album, sont toujours intéressants. Celui avec Henry Rollins était mémorable, très mémorable. En fait, je suis fier de tous les épisodes que j'ai faits, et j'ai l'intention de continuer.
Tu as également écrit des articles par le passé comme pour le Hufftington Post, mais tu as arrêté récemment. Pourquoi as-tu décidé d'arrêter d'écrire, et qu'est-ce qui pourrait te pousser à reprendre ?
J'ai arrêté principalement à cause de la pandémie, au début, elle m'a bloqué complètement, tout s'est arrêté, et nous ne travaillions pas du tout. J'étais chez moi, effrayé à l'idée que je ne jouerai plus jamais de musique. Ensuite, des problèmes personnels graves dans ma famille ont pris le dessus, ce qui a justifié de ne pas écrire. C'était étrange, mais rétrospectivement, la pandémie m'a donné le temps de m'occuper de ces problèmes familiaux. Maintenant, les choses s'améliorent. J'ai récemment envoyé un e-mail à mon ancien éditeur en lui disant que j'avais besoin de me sortir de ma zone de confort et que j'étais prêt pour un deuxième livre. Il m'a répondu favorablement, ce qui m'a donné une échéance (il m'a demandé d'écrire un un article de 500 mots pour la semaine). Et j'en ai besoin pour me mettre à travailler. Je vais de l'avant avec l'écriture.
Le journalisme est venu après mon début en temps que musicien. J'étais en tournée, et parfois je m'ennuyais à mourir en-dehors des concerts. J'avais besoin d'une sortie et l'écriture était un excellent moyen de partager mes opinions et mes idées. C'était très cathartique. Lorsque je terminais un article que je trouvais bien écrit, j'étais vraiment satisfait. C'est comme une montée d'adrénaline. J'ai écrit mon premier livre avec des essais que j'avais rédigés pour diverses publications sur une période de 10 ans. Cette fois-ci, je vais tout écrire à partir de zéro, et c'est un défi que je suis prêt à relever. L'expérience d'écrire un livre est à ce titre, je trouve, très intéressante.
Une dernière question qui fait référence à un de tes titres cultes "First Date", est ce que tu embrasses au premier rendez-vous ?
Oui ! Si l'autre personne est d'accord, alors pourquoi pas ? Si elle est partante, alors je suis partant (rires).
1 GUESS WHO’S BACK
2 GOOD TIME
3 ELECTRIC SOUNDS
4 GET HIGH
5 STIFF COMPETITION
6 SHE’S MY BABY
7 EYE FOR AN EYE
8 I LIKE IT
9 LET'S MAKE OUT
10 WHAT GOES AROUND
11 SHAKE YOUR CITY
Electric Sounds nouvel album de Danko Jones, est déjà disponible chez AFM Records.