Ces dernières années, le nom de Blood Incantation est souvent revenu dans les discussions portant sur l'avenir du death metal. En effet, avec Hidden History of the Human Race (2019), les Américains ont fait éclater leur talent au grand jour à travers un mélange savamment dosé du death old schood de Morbid Angel et de rock progressif / psychédélique que n'auraient pas renié des artistes tels que Goblin, Steven Wilson voire Pink Floyd. Luminescent Bridge, le nouvel EP du quartette poursuit dans cette veine pour un résultat à la hauteur de nos espérances.
Seulement deux titres composent cette nouvelle galette. Pourtant, Luminescent Bridge s'étend sur près de 18 minutes. « Obliquity of the Ecliptic » démarre tambour battant (après une courte introduction ambiante), avec un riffing évoquant Morbid Angel (évidemment) mais aussi Opeth ou le Gorguts de Considered Dead. Le growl de Paul Riedl, légèrement sous-mixé, pose une ambiance à la fois lugubre et cosmique et prend littéralement aux tripes. La formation de Denver attend un peu plus de trois minutes trente pour nous proposer la seconde facette de son art, portée vers les ambiances où de discrets synthétiseurs font leur apparition. Morris Kolontyrsky (guitare) nous gratifie d'un long solo de guitare à pleurer, à la mélancolie à peine déguisée. De quoi montrer que Blood Incantation est une fois de plus culotté, osant des mélanges avec la plus grande des facilités et surtout proposant une œuvre toute personnelle.
« Luminescent Bridge », le second titre de l'EP, délaisse quant à lui totalement l'aspect death metal du groupe, à travers une longue plage ambiante de près de dix minutes à la manière de l'EP Timewave Zero sorti l'an passé. Ce titre, loin de susciter l'ennui (bien au contraire), nous offre un aller simple vers les étoiles, à l'image de l'artwork. Si les deux compositions de ce nouvel EP ont l'air ainsi diamétralement opposés, c'est leur juxtaposition qui constitue la grande réussite de cette nouvelle sortie. Tant est si bien que dans l'hypothèse où ces derniers seraient un jour réunis au sein d'un album longue durée, on ne peut que souhaiter que l'enchaînement entre les deux titres soit conservé.
18 minutes de cet acabit, c'est bien évidemment trop court, mais Blood Incantation réussit son pari de susciter l’enthousiasme près de quatre ans après son précédent album, avec une œuvre à la personnalité bien trempée. On ne peut littéralement rien reprocher à ces deux titres, si ce n'est la courte durée de la galette, mais il y a fort à parier que les Américains nous reviendront prochainement avec un nouvel album qui corrigera cet écueil.
Note : 4,5 / 5
Tracklist :
Obliquity of the Ecliptic (8:53)
Luminescent Bridge (9:39)
Déjà disponible chez Century Media